Au micro de Clubic, Amaury Gailliez, directeur Business & Opérations Batteries chez Mobilize, nous explique tout le potentiel des batteries et leur seconde vie, au sein des véhicules de la nouvelle entité du groupe Renault.
Dans la première partie de ce reportage consacré à Mobilize, la quatrième marque de Renault, vous avez pu faire connaissance avec cette nouvelle entité et l’intention du constructeur de proposer au public une offre qui soit la plus accessible possible. Cette deuxième partie est cette fois consacrée à la seconde vie des batteries des véhicules Mobilize, principe fondamental de la nouvelle structure. L’idée est qu’une batterie supposée en « fin de vie » regorge encore en réalité de ressources, et surtout d’énergie. Le directeur des opérations recharge et batterie de la marque, Amaury Gailliez, nous explique tout cela. Clubic l’a rencontré à Paris, sur le salon VivaTech.
Retrouvez la première partie de notre dossier sur Mobilize :
L’interview d’Amaury Gailliez, le monsieur batterie de Mobilize
Clubic : Amaury, on vous laisse vous présenter et nous expliquer quel est votre rôle dans cette nouvelle entité du groupe Renault, Mobilize ?
Amaury Gailliez : Je suis directeur du business et des opérations de la batterie dans cette nouvelle entité Mobilize. J'ai en charge le cycle de vie de la batterie, du moment où la batterie rentre dans un véhicule jusqu'au recyclage, en passant par les opérations de seconde vie.
Vous parlez justement de "seconde vie" des batteries. Que pouvez-vous nous dire là-dessus et sur l'importance que ça a sur l'activité de Mobilize ?
D'abord, la batterie va suivre un cycle, en vivant sa première vie dans un véhicule qui a une moyenne de vie de 15 à 18 ans. Une fois que le véhicule aura fini sa vie, la batterie, elle, a encore beaucoup d'énergie. On estime qu'elle a encore 70% d'énergie à l'intérieur. La batterie de 50 kWh d'une Zoé conservera donc, à la fin de sa vie, encore 35 kWh. 35 kWh, c'est plus que la consommation moyenne journalière d'une famille.
"Une fois qu'un véhicule a fini sa vie, sa batterie, elle, a encore beaucoup d'énergie"
Il est évident que cette batterie, on ne peut pas l'envoyer directement au recyclage. Nous avons donc imaginé lui donner une seconde vie en travaillant sur différentes applications pour lui offrir cette seconde vie. Et celle-ci peut aller de 3 à 10 ans supplémentaires, voire peut-être au-delà. Finalement, on diminue l'empreinte carbone du véhicule total et de la batterie également.
Quelles sont les différentes étapes que va traverser la batterie pour pouvoir vivre cette seconde vie ?
Du moment qu'une batterie est disponible, d'abord, on la collecte. Il y a de multiples points de collecte, matérialisés par notre réseau de distribution, nos concessionnaires. Une fois que la batterie est collectée, on la teste et on lui donne un certificat. Soit on l'oriente vers une application où l'on va utiliser le pack complet de la batterie, soit on la démonte et on utilise les modules qui sont à l'intérieur, pour fournir de l'énergie à des systèmes beaucoup plus petits.
Un partenariat a été noué avec une start-up allemande, Betteries, sur cette fameuse seconde vie des batteries. Comment cette association fonctionne-t-elle ?
Aujourd'hui, Betteries a développé un générateur électrique qui est équivalent à un groupe électrogène. Sauf qu'un groupe électrogène pollue et fait du bruit. Il y de plus en plus de restrictions par rapport à ce genre d'outil, et même les clients ne veulent plus utiliser. Betteries a mis en place un générateur qui utilise les modules de nos batteries. Ils ont développé tout le produit. Mobilize, de son côté, fournit les batteries. Et le partenariat va aller encore plus loin, puisque nous sommes en train de mettre en place une ligne de montage dans notre usine de Flins. Nous allons fabriquer tout le système, et eux le vendront. Mais il est certain qu'un jour ou l'autre, nous finirons par le distribuer avec eux.
"Sur le stockage batterie, on peut empiler jusqu'à 4 packs et ainsi multiplier la capacité par 4"
Ces batteries embarquent un système de stockage d'énergie mobile qui se dit être "modulaire et multiusage." Cela consiste en quoi, concrètement ?
Sur l'aspect modulaire, nous avons une sorte de chariot, avec un pack. Le pack fait 2,3 kWh. Si vous voulez plus d'énergie parce que vous êtes sur un chantier et que vous allez brancher des appareils qui sont de gros consommateurs d'électricité, on va pouvoir empiler jusqu'à 4 packs. On va se retrouver avec une capacité de 9,2 kWh. On multiplie ainsi par 4 la capacité.
Concernant le côté multiusage, on peut l'utiliser aussi bien sur des chantiers de construction que le brancher pour alimenter de petits bateaux ou des tricycles. Et sur l'autonomie, tout dépendra de l'usage. On peut aller de la demi-journée à plusieurs jours. Mais l'avantage reste que la recharge est assez rapide.
Mobilize nous indique que les batteries sont zéro émission...
Les batteries sont silencieuses, ne polluent pas, et il y a aussi l'aspect éco-circulaire, puisqu'on vient réutiliser et prolonger la vie d'une batterie qui a déjà été utilisée pendant 15 à 18 ans.
Une dernière question un peu prospective Amaury. Maintenant que Mobilize est lancée, quel est le programme des prochains mois de votre côté ?
Renault a été le premier constructeur à sortir des véhicules électriques. Nous sommes les premiers à avoir eu des batteries, et les premiers à livrer des solutions à base de batteries deuxième vie. On ambitionne de faire connaître ces batteries et le fait qu'elles peuvent être performantes. Il faudra que l'on aide à insérer tout cela dans les mentalités, ce qui sera beaucoup de boulot. Il faudra aussi faire certifier nos produits, avant de les mettre sur les marchés. Ce sera une formalité, mais ça prend du temps et cela reste obligatoire.