En prenant en compte le cycle global et l'entretien des services de trottinettes électriques, leur pollution est légèrement moindre qu'une voiture, mais bien pire que le bus, le train ou le métro.
Les trottinettes électriques n'existaient quasiment pas il y a quelques années à Paris. Elles sont désormais à tous les coins de rue, et cela se constate dans de nombreuses grandes villes européennes et américaines. Cependant, elles n'auraient rien de vertueux du point de vue environnemental et seraient même sur la liste noire des modes de transport.
La trottinette 42 fois pire que le métro !
C'est le bilan de l'étude concoctée par Joseph Hollingsworth, Brenna Copeland et Jeremiah X. Johnson. Publiée sur IOP Science, elle estime les émissions de CO2 à 125,5 g/km (202 g/mile dans la publication originale) pour une trottinette électrique. Précisons que cela est calculé dans le cadre d'un libre-service type Lime, Bird ou Dott, et non d'un achat personnel. Les matériaux nécessaires et la production ne représenteraient que la moitié de la pollution, contre 43 % pour la collecte et redistribution des machines.Attention cependant, les données sont basées sur une production en Chine et une utilisation via le service Bird aux États-Unis. Aussi, l'électricité ne représente que 4,7 % des émissions. Donc même avec un mix énergétique français (comparé à celui de Caroline du Nord incluant 52 % de gaz et charbon), le constat serait similaire.
La trottinette est ainsi l'un des modes de transport les plus polluants. Par comparaison, un trajet d'un kilomètre avec une voiture neuve, achetée en 2019, émet en moyenne 132 gCO2/km, selon la CCFA (243 gCO2/km pour une voiture moyenne en circulation) soit un cycle global d'environ 160 g/km. C'est pire en comparaison des transports en commun. Un bus diesel francilien revendique 93,5 gCO2/km par passager selon la SNCF, un TER 29 g/km, un Transilien 5,4 g/km, un métro ou un tramway environ 3 g/km.
Une empreinte améliorable
L'étude est toutefois optimiste. Elle préconise trois solutions afin de réduire l'impact carbone des trottinettes. L'utilisation de voitures électriques, d'une part, pourrait baisser le taux à 110 g/km, tandis que « limiter la collecte aux trottinettes à batterie déchargée » améliorerait les chiffres à 102 gCO2/km. En combinant optimisation de la collecte, redistribution et durée de vie supérieure à deux ans, le rapport indique de possibles émissions de 88 gCO2/km.Malgré ces efforts, ce mode de transport en vogue resterait néfaste par rapport aux autres transports en communs. Remplacer la voiture par une trottinette en libre-service serait la seule option véritablement légitime, mais dérisoire vis-à-vis du métro, voire du vélo (même à assistance électrique, autour de 25 gCO2/km) ou de la marche.
Aux USA, les grandes villes créent une alliance pour réguler les trottinettes électriques
Enfin, nous ne parlons ici que de CO2. Ne sont pas comparées les autres pollutions, dont celles spécifiques à l'automobile (particules fines, NOx, etc.) ou aux trottinettes (terres rares, acidification des sols...).
Source : IOP Science