Au terme de son appel d'offres, la cité phocéenne a décidé de retenir trois opérateurs, qui se partageront le marché en se heurtant à des limites et en respectant des engagements, pour transformer le petit engin roulant en alternative fiable dans le temps.
À Marseille, la trottinette électrique en libre-service s'apprête à faire sa mue. Après avoir séduit plus de 403 000 utilisateurs, enregistré 3,716 millions de kilomètres parcourus et comptabilisé près de 2 millions de trajets, le moyen de locomotion individuel à la mode va entrer dans l'ère de la consolidation. La cité phocéenne a livré, jeudi, les résultats d'un appel d'offres qui a fait trois heureux : la compagnie californienne Bird, l'Allemande Circ (anciennement Flash) et la Suédoise Voi. Elles seront les seules à détenir l'autorisation d'exercer leur activité dans la ville, Lime n'ayant pas convaincu la municipalité.
Lime, premier opérateur arrivé en ville, écarté après l'appel d'offres
À l'instar de Paris, où l'appel d'offres n'est lancé que ce mois-ci, Marseille a aussi décidé de réduire le marché des trottinettes électriques en free-floating à trois acteurs, qui étaient en concurrence avec huit autres sociétés. Les participants devaient se départager autour de deux critères majeurs : le critère financier, comptant pour 30 % de la note, et le critère technique, comptant pour 70 % de la note.Trottinettes électriques : Paris va consolider le secteur et limiter le nombre d'engins à 15 000
Comme nous l'indique l'adjoint à la mairie de Marseille chargé de la circulation et du stationnement, Jean-Luc Ricca, joint au téléphone jeudi après-midi, l'appel d'offres « devait se faire » et était destiné à « favoriser la libre concurrence tout en fixant des critères sélectifs notamment en termes de qualité de service, de respect de l'espace public et de règles de sécurité très strictes ».
« Les propositions sont allées de 0,5 % à 10 % du chiffre d'affaires annuel »
À ce petit jeu-là, ce sont donc les sociétés Bird, Circ et Voi qui ont été les plus convaincantes, laissant sur le carreau le géant Lime, premier exploitant débarqué à Marseille en début d'année, qui avait embauché une cinquantaine de personnes pour assurer son activité.
2 000 trottinettes par exploitant, pour une durée maximale de trois ans
Les trois exploitants pourront chacun se constituer un parc pouvant atteindre 2 000 trottinettes, soit un maximum de 6 000 trottinettes pour la ville. « Nous en recensons 4 697 réparties sur le territoire marseillais », témoigne l'adjoint au maire, qui tempère en nous précisant que « rien n'oblige les opérateurs à atteindre les 2 000 si la demande n'est pas si importante que cela ».Bird, Circ et Voi ont obtenu une licence valable un an, renouvelable deux fois, pour une exploitation pouvant atteindre trois ans. Mais « rien n'empêchera le prochain maire de défaire tout cela », prévient l'élu, lorsque nous faisons allusion aux élections municipales de mars prochain.
Une redevance assortie d'un pourcentage sur le chiffre d'affaires pour la mairie
L'appel à projets était destiné à consolider un marché éparpillé, tentant ainsi de mettre fin à une certaine anarchie que les Marseillais (et cela vaut pour les autres villes) n'apprécient pas. Mais il est aussi un moyen de faire rentrer un peu plus d'argent dans les caisses de la ville.« Rien n'empêchera le prochain maire de défaire tout cela »
Une chose ne change pas : la redevance d'occupation du domaine public. Pour les exploitants de trottinettes, celle-ci s'élèvera, comme aujourd'hui, à 1,80 euro le mètre carré. « Le tarif est le même que celui appliqué aux sociétés d'autopartage, comme Citiz », confirme Jean-Luc Ricca. « Nous considérons que sur 1 mètre carré, on peut mettre deux trottinettes. Donc les sociétés nous reversent 90 centimes d'euro par trottinette et par mois ». Sortez votre calculatrice.
Les trottinettes électriques peuvent contribuer à l'objectif de neutralité carbone, à certaines conditions
Outre cette redevance, maintenue, une part variable sur le chiffre d'affaires hors taxes fut inséré dans l'appel d'offres. « On a laissé le choix aux opérateurs de proposer leur propre pourcentage », précise Jean-Luc Ricca, reconnaissant qu' « il est évident que les sociétés qui proposaient le pourcentage le plus élevé ont eu les meilleures notes ».
Pour les huit acteurs qui ont répondu intégralement à l'appel d'offres, les propositions sont allées de 0,5 % à... 10 % du chiffre d'affaires annuel. Un gouffre.
Marseille espère désormais apaiser les tensions entre piétons et étudie une potentielle verbalisation pour les utilisateurs
Dans une démarche de réglementation, la mairie de Marseille a pris un arrêté municipal, le 1er août 2019, par lequel elle pousse les trottinettes à rouler sur les trottoirs. L'adjoint au maire, Jean-Luc Ricca, compte proposer aux trois sociétés retenues « d'organiser des sessions de formation et des journées de sensibilisation pour que les usagers conduisent mieux et respectent davantage les règles ».« Que les gens qui ne respectent rien ni personne puissent être sanctionnés »
« Nous allons organiser des réunions avec la Police nationale, la Police municipale et les agents de surveillance des voies publiques de la ville de Marseille afin que les gens qui ne respectent rien ni personne puissent être sanctionnés », confie Jean-Luc Ricca qui, bien que réticent au départ, voit dans les trottinettes électriques un moyen de remédier aux nuisances commises à long terme.
Notons que les exploitants non retenus par la ville de Marseille ont désormais jusqu'au 20 octobre pour plier bagage.