On a testé KLEMENT, le surprenant concept mi-vélo mi-cyclo de Skoda

Jérôme Cartegini
Publié le 17 juillet 2019 à 09h12
Skoda KLEMENT
Crédit photo : Skoda

Présenté lors du dernier salon automobile de Genève, le Skoda KLEMENT est un concept de vélo électrique totalement inclassable. En guise de pédales, cette monture futuriste dispose de deux cale-pieds à inclinaison contrôlée faisant office d'accélérateur et de freins. Avec ce véhicule alternatif destiné à circuler en zone urbaine, la marque revisite le concept des vélos à assistance électrique.

Pour savoir s'il tient toutes ses promesses, Skoda nous a conviés à Prague pour claquer un chrono dans les allées du Stromovka Park. En selle !

Intro : un peu d'histoire sur Skoda

Pour qui n'est pas familier avec la longue histoire de Skoda, il faut savoir que le constructeur tchèque n'est pas un nouveau venu dans le monde du cyclisme. Créé en 1895 sous le nom de Laurin & Klement, le groupe a débuté son activité par la production de cycles, puis de motos, et enfin d'automobiles en 1919.

Tombé sous le giron de Volkswagen en 1991, Skoda continue de fabriquer et commercialiser une large gamme de vélos de routes, de VTT et de VAE (vélos à assistance électrique). Baptisé KLEMENT en hommage au cofondateur de la marque Václav Klement et aux débuts de Skoda dans la fabrication de vélos il y a 124 ans, ce deux-roues est un modèle particulièrement novateur de VLEU (véhicule léger électrique unipersonnel).

Skoda KLEMENT
Crédit photo : Skoda

À mi-chemin entre un vélo et une mobylette, il incarne la vision de la micro-mobilité urbaine individuelle de demain de la marque. L'essor incroyable des nouveaux types de véhicules électriques tels que les hoverboard, les monoroues ou les trottinettes n'a pas échappé au constructeur, qui planche sur différentes solutions pouvant à terme compléter ses modèles à quatre roues - l'objectif étant de trouver des solutions pour faire face aux problèmes croissants de la circulation automobile dans les centres-villes, en permettant à ses clients de parcourir les derniers mètres avec un véhicule alternatif logé dans le sous-coffre, par exemple.



Skoda KLEMENT
Jérôme Cartegini pour Clubic

KLEMENT : un vélo 3.0

Avec KLEMENT, Skoda cible essentiellement les jeunes sensibles à l'environnement qui recherchent une solution alternative à la voiture pour les déplacements quotidiens en zone urbaine. Plus d'un siècle après avoir introduit ses premières bicyclettes sur le marché, le constructeur montre qu'il en a encore sous le pied en créant le premier modèle de VAE... à pédales fixes !

Doté d'un imposant cadre en aluminium et de suspensions montées sur des bras oscillants unilatéraux, il affiche un look futuriste. Exit donc le pédalier, place à deux pédales fixes à incliner vers l'avant pour avancer ou vers l'arrière pour freiner. Inspiré des hoverboard, ce système repose sur une petite motorisation de 4 kW dissimulée dans le moyeu arrière et alimentée par deux batteries lithium-ion (52 cellules) amovibles d'une capacité de 1 250 Wh. L'engin intègre également un système de frein à disque hydraulique avec ABS sur la roue avant associé à un système de récupération d'énergie de freinage sur la roue arrière.

Skoda KLEMENT
Crédit photo : Skoda

Le reste de ses équipements se compose d'un système d'éclairage à LED comprenant un phare, un feu-stop, des indicateurs (placés à l'extrémité des poignées et sur le pourtour des pédales), ainsi qu'un support avec chargeur à induction pour smartphone sur la barre transversale. Grâce à une liaison Bluetooth et une application dédiée, le smartphone fait office de système de verrouillage et de tableau de bord embarqué capable d'afficher les informations relatives à la charge des deux batteries, l'autonomie restante, la vitesse, etc. Rendez-vous est pris dans l'immense parc de Stromovka pour découvrir les capacités de ce concept étonnant.

À l'utilisation : comme un hoverboard

Bien qu'il ressemble à un vélo, KLEMENT n'en est pas vraiment un. Comme tous ceux qui ont pu enfourcher cette drôle de monture pour la première fois, nous pensions qu'elle serait difficile à prendre en main. Les premiers mètres avec KLEMENT sont en effet assez perturbants, car il faut un peu de temps pour trouver son équilibre dans une position inhabituelle, sur un vélo avec les deux pieds posés à plat sur une surface fixe. Mais comme la plupart des apprentis pilotes du jour, il ne nous a fallu que quelques dizaines de secondes pour maîtriser l'engin et rouler à bloc. Le mode de conduite est exactement le même que celui des hoverboard.

Les mouvements consistant à incliner les pieds vers l'avant pour accélérer, ou vers l'arrière pour décélérer se font intuitivement au bout de quelques dizaines de mètres. Propulsion électrique oblige, le vélo offre des accélérations impressionnantes grâce un couple immédiatement disponible. Grosso modo, il faut une dizaine de secondes pour pousser l'engin jusqu'à sa vitesse maximale bridée à 45 km/h, conformément à la législation européenne.

Skoda KLEMENT
Crédit photo : Skoda

Une expérience de conduite inédite

Au-delà de 40 km/h, l'engin devient toutefois nettement moins stable et beaucoup plus difficile à piloter. À vitesse modérée (entre 15 et 35 km/h), le vélo est bien équilibré et assure dans l'ensemble une bonne tenue de route.

Les choses se compliquent à partir du moment où l'on dépasse cette vitesse, et en particulier lorsqu'il faut aborder des tournants ou rouler sur un chemin ou un sentier non goudronné. La position statique des jambes avec les pieds posés à plat ne permet pas de manier le KLEMENT avec agilité en faisant par exemple contrepoids avec son corps dans les tournants, ou en se mettant en danseuse sur les chemins cahoteux pour amortir les chocs.

À condition de ne pas sortir des sentiers battus ni de vouloir battre des records de vitesse, ce modèle offre néanmoins une expérience de conduite plutôt fun grâce notamment à son système de freinage avec ABS.

Skoda KLEMENT
Crédit photo : Skoda

Quelle que soit la vitesse, ce dernier répond au doigt et à l'œil avec une souplesse et une efficacité remarquable sur un vélo. Dans des conditions de roulage idéales (sur surface plane), cette assistance rend non seulement le vélo sécurisant et malléable à souhait, mais il permet de récupérer de l'énergie et prolonger significativement l'autonomie annoncée de 62 km.

Après un peu plus d'une heure de virée à bord du KLEMENT et une bonne vingtaine de kilomètres avalés, le compteur qui affichait 48 km d'autonomie au départ était descendu à seulement 42 km à l'arrivée, soit un gain d'environ 14 km par récupération d'énergie.

Même si ce test ne reflète pas tout à fait des conditions de roulage normales, car nous avons mis les freins à rudes épreuves tout au long du parcours, il a le mérite de montrer que ce système fonctionne et permet de recharger les batteries. Celles-ci peuvent en outre être facilement retirées pour être rechargées complètement sur une prise de courant classique. Pour le moment, le constructeur n'a pas indiqué le temps de charge nécessaire.

À savoir :
Capable de grimper jusqu'à une vitesse maximale de 45 km/h, KLEMENT fait partie de la catégorie des VAE nécessitant, comme les scooters de moins de 50 cc, une carte grise, une assurance et un permis de conduire ou un brevet de sécurité routière (BSR).

Skoda KLEMENT
Crédit photo : Skoda

Confort sommaire et équipements de pointe

Bien que très simple et agréable à conduire, ce concept destiné à devenir une version de série n'est pas vraiment un modèle de confort. Non seulement la hauteur du guidon ne peut pas être réglée en hauteur, mais il intègre des suspensions un peu trop fermes et surtout une minuscule selle de vélo pouvant vite devenir très inconfortable. Il suffit d'imaginer conduire un scooter avec ce type de selle pour comprendre le problème. Le constructeur a toutefois tenu à nous rassurer sur ces sujets en nous expliquant que la version de série pourrait être proposée avec des équipements très différents.

Le vélo devra également subir une cure d'amincissement pour passer d'un poids d'environ 30 kg actuellement à un poids cible de 25 kg pour la version de série. Rien n'est figé, car il s'agit avant tout d'un concept. L'équipe nous a même confié réfléchir à une version qui intégrerait les freins et l'accélérateur sur le guidon.

Skoda KLEMENT
Crédit photo : Skoda

En dehors de quelques détails fâcheux, le KLEMENT a encore d'autres arguments intéressants à faire valoir. À commencer par le support pour smartphone fixé sur la barre transversale.

Bien que le constructeur ne donne aucun détail technique sur ce système, l'idée est assez ingénieuse. Il suffit en effet de placer le terminal sur le dock pour le transformer en tableau de bord connecté. Une fois installée, l'application dédiée baptisée sobrement KLEMENT Connect affiche en permanence l'autonomie des deux batteries, ainsi que la vitesse de croisière.

Côté fonctionnalités, l'application permet uniquement, pour le moment, d'allumer/éteindre les phares et verrouiller/déverrouiller le vélo. L'équipe de Skoda prévoit à terme d'enrichir l'application avec les mêmes fonctions de connectivité que l'on trouve dans ses modèles de voitures telles que Coming Home, l'appel d'urgence à déclenchement automatique, ou encore le diagnostic et la maintenance à distance.

Skoda KLEMENT
Crédit photo : Skoda

En conclusion : faut-il craquer pour le Skoda KLEMENT ?

Même si ce concept est loin d'être parfait, il propose de réelles innovations pour l'avenir, si prometteur, de la micro-mobilité électrique. L'équipe de Skoda donne en outre une jolie leçon de design avec ce modèle futuriste aux lignes racées.

Reste à savoir à quel prix sera commercialisée une telle version de série. Sur ce sujet, l'équipe de Skoda s'est contentée de nous dire que le KLEMENT serait vendu au prix d'un VAE. Sachant qu'il peut y avoir plusieurs milliers d'euros d'écart de prix entre les modèles de VAE, le mystère reste entier...
Jérôme Cartegini
Par Jérôme Cartegini

Journaliste depuis vingt ans, je ne me lasse pas d’explorer la planète techno à la recherche des dernières innovations. De Paris, à Vegas, en passant par Londres, Taipei, Tokyo, Los Angeles, San Francisco et quelques bourgades bien moins célèbres, la chasse aux infos m’a amené aux quatre coins du monde et la route promet d’être encore longue et fascinante. Cyberguerre, robotique, intelligence artificielle, blockchain, véhicules autonomes, informatique quantique, ou transhumanisme, la révolution ne fait que commencer…

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Popoulo

Klement, c’est le gars sur le vélo ? Enfin, vélo, façon de parler. Tout cet engouement pour ce genre de mobilité me fait penser à Wall-E.

De plus, tous sont consommateurs d’énergie. C’est un peu illogique à une époque ou on nous les brise avec ce qu’ils appellent “écologie”. Certains diront “oui mais ça pollue pas blablabla”. C’est certainement le cas oui, sur le moment. Mais à grande échelle comment ça va se passer entre les voitures électriques et tous ces autres moyens de déplacement ?

On est pas foutu de conserver des espèces animales ni prendre soin de ce que l’on possède déjà (mers, forêts etc…) et on table sur quelque chose dont on ne connait pas vraiment l’impact, à plus ou moins long terme.

LeGrosWinnie

Comme d’hab avec les politiciens, on connait pas le résultat ? Bah on va tester et une fois trop tard on cherchera une solution à un problème qu’on a nous-même créé…

Niveau de logique/bon sens ? -100

twist_oliver

ça innove dans le domaine et c’est passionnant !

vbond007

Tes remarques ne sont pas fausses, mais pas totalement logiques non plus.
Car que faut-il faire alors? Conserver notre moyen principal de transport qu’est la voiture thermique?
Je pense qu’un Klement reste mieux qu’une voiture.
Et même si quelqu’un a une voiture electrique + un autre moyen de transport personnel type Klement ou trottinette électrique, et qu’il utilise principalement ce dernier pour se déplacer, et prend la voiture uniquement à plusieurs ou pour les longs trajets, ça reste mieux que de toujours prendre une voiture thermique pour tous les déplacements!
Non?

Popoulo

Mais la chose de sûre, c’est que ça va rapporter du pognon.

Bezenman78

L’idée est intéressante, mais il serait plus judicieux de déporter les commandes d’accélérateur / frein sur le guidon - ce qui est envisagé par le constructeur - et de conserver des pédales classiques, afin d’augmenter encore l’autonomie, tout en pouvant rouler sans assistance. Reste le poids élevé…

Popoulo

Le transport en commun tout simplement, revu - revisité. Se servir des infrastructures existante (routes etc.) pour mettre des trams par exemple (sans caténaires pour conserver un côté esthétique sympa) ou système équivalent dans tous les milieux urbains, résoudrait tous ces problèmes. Effectivement, et comme je l’ai laissé entendre, un Klement restera mieux qu’une voiture thermique aux premiers abords. Car c’est pas avec des éoliennes ni panneaux solaires que les futures flottes de millions de véhicules électriques, quel qu’ils soient, pourront être alimentées. Le nucléaire a encore de beaux jours devant lui. J’ai rien contre. C’est le meilleur moyen de produire un max d’énergie. Faut juste pas qu’il y ait une coucouille dans le ventilo.

fawaz

Un bon kit électrique chinois installé sur un velo d’occasion. Pas besoin de carte grise, ça monte à 50 sans pédaler (ne pas le faire devant les flics bien sûr) et c’est plus ecolo qu’un engin thermique. C’est bien mieux que ce “velo” qui doit coûter une blinde avec une ergonomie proche du zéro absolu !

Vanilla

C’est interdit de rouler à 50km sur un vélo devant les flics ? Les cyclistes du Tour de France vont avoir des problèmes alors… eux qui vont allègrement à 80km/h…

patrickbeau

Le tour de France est une compétition sur route fermée, tout comme le rallye. Le code de la route ne s’applique donc plus.

La limite de vitesse légale d’un vélo, c’est 25km/h. Que ça plaise ou non c’est ainsi. Trafiquer un vélo pour qu’il dépasse cette vitesse n’a rien de légal et je souhaite bien du plaisir au conducteur lors d’un accident, qu’il soit fautif ou non. Parce qu’il en aura, des emmerdes, en cas de mort ou pire de blessé.

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