Présenté lors du dernier salon automobile de Genève, le Skoda KLEMENT est un concept de vélo électrique totalement inclassable. En guise de pédales, cette monture futuriste dispose de deux cale-pieds à inclinaison contrôlée faisant office d'accélérateur et de freins. Avec ce véhicule alternatif destiné à circuler en zone urbaine, la marque revisite le concept des vélos à assistance électrique.
Pour savoir s'il tient toutes ses promesses, Skoda nous a conviés à Prague pour claquer un chrono dans les allées du Stromovka Park. En selle !
Intro : un peu d'histoire sur Skoda
Pour qui n'est pas familier avec la longue histoire de Skoda, il faut savoir que le constructeur tchèque n'est pas un nouveau venu dans le monde du cyclisme. Créé en 1895 sous le nom de Laurin & Klement, le groupe a débuté son activité par la production de cycles, puis de motos, et enfin d'automobiles en 1919.Tombé sous le giron de Volkswagen en 1991, Skoda continue de fabriquer et commercialiser une large gamme de vélos de routes, de VTT et de VAE (vélos à assistance électrique). Baptisé KLEMENT en hommage au cofondateur de la marque Václav Klement et aux débuts de Skoda dans la fabrication de vélos il y a 124 ans, ce deux-roues est un modèle particulièrement novateur de VLEU (véhicule léger électrique unipersonnel).
À mi-chemin entre un vélo et une mobylette, il incarne la vision de la micro-mobilité urbaine individuelle de demain de la marque. L'essor incroyable des nouveaux types de véhicules électriques tels que les hoverboard, les monoroues ou les trottinettes n'a pas échappé au constructeur, qui planche sur différentes solutions pouvant à terme compléter ses modèles à quatre roues - l'objectif étant de trouver des solutions pour faire face aux problèmes croissants de la circulation automobile dans les centres-villes, en permettant à ses clients de parcourir les derniers mètres avec un véhicule alternatif logé dans le sous-coffre, par exemple.
KLEMENT : un vélo 3.0
Avec KLEMENT, Skoda cible essentiellement les jeunes sensibles à l'environnement qui recherchent une solution alternative à la voiture pour les déplacements quotidiens en zone urbaine. Plus d'un siècle après avoir introduit ses premières bicyclettes sur le marché, le constructeur montre qu'il en a encore sous le pied en créant le premier modèle de VAE... à pédales fixes !Doté d'un imposant cadre en aluminium et de suspensions montées sur des bras oscillants unilatéraux, il affiche un look futuriste. Exit donc le pédalier, place à deux pédales fixes à incliner vers l'avant pour avancer ou vers l'arrière pour freiner. Inspiré des hoverboard, ce système repose sur une petite motorisation de 4 kW dissimulée dans le moyeu arrière et alimentée par deux batteries lithium-ion (52 cellules) amovibles d'une capacité de 1 250 Wh. L'engin intègre également un système de frein à disque hydraulique avec ABS sur la roue avant associé à un système de récupération d'énergie de freinage sur la roue arrière.
Le reste de ses équipements se compose d'un système d'éclairage à LED comprenant un phare, un feu-stop, des indicateurs (placés à l'extrémité des poignées et sur le pourtour des pédales), ainsi qu'un support avec chargeur à induction pour smartphone sur la barre transversale. Grâce à une liaison Bluetooth et une application dédiée, le smartphone fait office de système de verrouillage et de tableau de bord embarqué capable d'afficher les informations relatives à la charge des deux batteries, l'autonomie restante, la vitesse, etc. Rendez-vous est pris dans l'immense parc de Stromovka pour découvrir les capacités de ce concept étonnant.
À l'utilisation : comme un hoverboard
Bien qu'il ressemble à un vélo, KLEMENT n'en est pas vraiment un. Comme tous ceux qui ont pu enfourcher cette drôle de monture pour la première fois, nous pensions qu'elle serait difficile à prendre en main. Les premiers mètres avec KLEMENT sont en effet assez perturbants, car il faut un peu de temps pour trouver son équilibre dans une position inhabituelle, sur un vélo avec les deux pieds posés à plat sur une surface fixe. Mais comme la plupart des apprentis pilotes du jour, il ne nous a fallu que quelques dizaines de secondes pour maîtriser l'engin et rouler à bloc. Le mode de conduite est exactement le même que celui des hoverboard.Les mouvements consistant à incliner les pieds vers l'avant pour accélérer, ou vers l'arrière pour décélérer se font intuitivement au bout de quelques dizaines de mètres. Propulsion électrique oblige, le vélo offre des accélérations impressionnantes grâce un couple immédiatement disponible. Grosso modo, il faut une dizaine de secondes pour pousser l'engin jusqu'à sa vitesse maximale bridée à 45 km/h, conformément à la législation européenne.
Une expérience de conduite inédite
Au-delà de 40 km/h, l'engin devient toutefois nettement moins stable et beaucoup plus difficile à piloter. À vitesse modérée (entre 15 et 35 km/h), le vélo est bien équilibré et assure dans l'ensemble une bonne tenue de route.Les choses se compliquent à partir du moment où l'on dépasse cette vitesse, et en particulier lorsqu'il faut aborder des tournants ou rouler sur un chemin ou un sentier non goudronné. La position statique des jambes avec les pieds posés à plat ne permet pas de manier le KLEMENT avec agilité en faisant par exemple contrepoids avec son corps dans les tournants, ou en se mettant en danseuse sur les chemins cahoteux pour amortir les chocs.
À condition de ne pas sortir des sentiers battus ni de vouloir battre des records de vitesse, ce modèle offre néanmoins une expérience de conduite plutôt fun grâce notamment à son système de freinage avec ABS.
Quelle que soit la vitesse, ce dernier répond au doigt et à l'œil avec une souplesse et une efficacité remarquable sur un vélo. Dans des conditions de roulage idéales (sur surface plane), cette assistance rend non seulement le vélo sécurisant et malléable à souhait, mais il permet de récupérer de l'énergie et prolonger significativement l'autonomie annoncée de 62 km.
Après un peu plus d'une heure de virée à bord du KLEMENT et une bonne vingtaine de kilomètres avalés, le compteur qui affichait 48 km d'autonomie au départ était descendu à seulement 42 km à l'arrivée, soit un gain d'environ 14 km par récupération d'énergie.
Même si ce test ne reflète pas tout à fait des conditions de roulage normales, car nous avons mis les freins à rudes épreuves tout au long du parcours, il a le mérite de montrer que ce système fonctionne et permet de recharger les batteries. Celles-ci peuvent en outre être facilement retirées pour être rechargées complètement sur une prise de courant classique. Pour le moment, le constructeur n'a pas indiqué le temps de charge nécessaire.
Capable de grimper jusqu'à une vitesse maximale de 45 km/h, KLEMENT fait partie de la catégorie des VAE nécessitant, comme les scooters de moins de 50 cc, une carte grise, une assurance et un permis de conduire ou un brevet de sécurité routière (BSR).
Confort sommaire et équipements de pointe
Bien que très simple et agréable à conduire, ce concept destiné à devenir une version de série n'est pas vraiment un modèle de confort. Non seulement la hauteur du guidon ne peut pas être réglée en hauteur, mais il intègre des suspensions un peu trop fermes et surtout une minuscule selle de vélo pouvant vite devenir très inconfortable. Il suffit d'imaginer conduire un scooter avec ce type de selle pour comprendre le problème. Le constructeur a toutefois tenu à nous rassurer sur ces sujets en nous expliquant que la version de série pourrait être proposée avec des équipements très différents.Le vélo devra également subir une cure d'amincissement pour passer d'un poids d'environ 30 kg actuellement à un poids cible de 25 kg pour la version de série. Rien n'est figé, car il s'agit avant tout d'un concept. L'équipe nous a même confié réfléchir à une version qui intégrerait les freins et l'accélérateur sur le guidon.
En dehors de quelques détails fâcheux, le KLEMENT a encore d'autres arguments intéressants à faire valoir. À commencer par le support pour smartphone fixé sur la barre transversale.
Bien que le constructeur ne donne aucun détail technique sur ce système, l'idée est assez ingénieuse. Il suffit en effet de placer le terminal sur le dock pour le transformer en tableau de bord connecté. Une fois installée, l'application dédiée baptisée sobrement KLEMENT Connect affiche en permanence l'autonomie des deux batteries, ainsi que la vitesse de croisière.
Côté fonctionnalités, l'application permet uniquement, pour le moment, d'allumer/éteindre les phares et verrouiller/déverrouiller le vélo. L'équipe de Skoda prévoit à terme d'enrichir l'application avec les mêmes fonctions de connectivité que l'on trouve dans ses modèles de voitures telles que Coming Home, l'appel d'urgence à déclenchement automatique, ou encore le diagnostic et la maintenance à distance.
En conclusion : faut-il craquer pour le Skoda KLEMENT ?
Même si ce concept est loin d'être parfait, il propose de réelles innovations pour l'avenir, si prometteur, de la micro-mobilité électrique. L'équipe de Skoda donne en outre une jolie leçon de design avec ce modèle futuriste aux lignes racées.Reste à savoir à quel prix sera commercialisée une telle version de série. Sur ce sujet, l'équipe de Skoda s'est contentée de nous dire que le KLEMENT serait vendu au prix d'un VAE. Sachant qu'il peut y avoir plusieurs milliers d'euros d'écart de prix entre les modèles de VAE, le mystère reste entier...