Le week-end s’annonce turbulent, à la lueur du coup de communication entamé hier par Epic Games. En refusant de se conformer aux conditions d’utilisation d’Apple et de Google en court-circuitant les méthodes de paiement habituelles, l’éditeur s’est vu bannir de l’App Store et du Google Play Store dans la nuit. Une posture de défi soutenue par le géant du streaming musical, Spotify, et par Match Group.
Spotify n’en est pas à son premier coup de gueule à l’encontre de la firme à la Pomme. On s’attend également à voir Netflix prendre position très rapidement sur un sujet qui l’a déjà fait revoir en profondeur son parcours d’abonnement.
Choisir son camp
Les prochains jours seront assurément rythmés par le défilé des déclarations d’entreprises se rangeant dans un camp ou dans l’autre. Au lendemain de la décision de bannir Fortnite des magasins d’applications, le Suédois Spotify a choisi le sien : Epic.
« Nous applaudissons la décision d’Epic Games de tenir tête à Apple et de mettre en lumière ses abus de position dominante, déclare Spotify (cité par Peter Kafka, journaliste pour Vox.com). Les pratiques déloyales d’Apple ont désavantagé la concurrence et privé les consommateurs depuis trop longtemps. Les enjeux pour les consommateurs et pour les développeurs, gros ou petits, ne pourraient être plus importants. S’assurer qu’iOS fonctionne de façon juste est une tâche urgente aux implications profondes ».
Un rang dans lequel se range également Match Group, éditeur des applications de rencontre Tinder ou OkCupid. « Nous supportons pleinement les efforts d’Epic Games pour montrer comment Apple use de sa position dominante et de politiques injustes pour blesser les consommateurs, les développeurs et les entrepreneurs », proclame un porte-parole, toujours cité par Peter Kafka.
La « taxe Apple » dans le viseur
Spotify a un passif avec Apple. L’an dernier, le géant du streaming avait même porté plainte contre Apple pour abus de position dominante évoquant des motifs similaires à ceux d’Epic.
Dans le détail, Spotify reprochait à la Pomme non pas la fameuse taxe de 30 % prélevée sur tous les achats in-app, mais bien l’inégalité dans le traitement des applications qui y sont soumises. Uber ou Deliveroo, par exemple, échappent à cette commission.
Problème : la « taxe Apple » représente une part non négligeable du chiffre d’affaires de l’entreprise. D’après le cabinet d’analyses SensorTower, 1,2 milliard de dollars ont été dépensés sur Fortnite iOS depuis mars 2018. Ce qui représente le joli pactole de 360 millions de dollars pour Apple, et 840 millions pour Epic. Les deux entreprises ont donc beaucoup à perdre si elles n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente. Mais si le défi lancé par Epic venait à faire des émules, la Pomme n’aurait d’autre choix que de revoir drastiquement son modèle économique pour ne pas perdre, en plus, le soutien de ses clients.
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