Le retour des Américains sur la Lune est toujours officiellement prévu pour 2024, même si tout porte à croire que l’évènement sera décalé de quelques années. Cependant, une récente étude publiée dans le journal Solar Physics suggère qu’un décalage des missions pourrait exposer les astronautes à un risque plus élevé de tempêtes solaires extrêmes.
Quelle que soit la date de la mission, les éruptions solaires restent un risque inhérent à tout voyage spatial.
Le rythme des éruptions solaires scruté à la loupe
La surface infernale du Soleil est très loin d’être uniforme. Notre étoile connait régulièrement des éruptions solaires, ou tempêtes solaires. Provoquées par une accumulation d’énergie magnétique, ces tempêtes entraînent généralement une libération phénoménale de radiations et de matière ionisée. Cela se traduit le plus souvent par un flash lumineux, mais peut conduire à l’éjection de filaments de matière. Le rythme de ces tempêtes détermine le cycle solaire, une période d’environ 11 ans où notre astre passe d’une phase calme à une phase active.
Dans les cas les plus extrêmes, on observe d’impressionnantes éjections de masse coronale. Ces bulles de plasma peuvent faire plusieurs fois la taille du Soleil. En « éclatant », elles projettent leurs particules à très grande vitesse. La distance Terre-Soleil peut alors être franchie en trois jours, provoquant à l’arrivée de redoutables orages magnétiques. Si la Terre est généralement à l'abri de ces effets grâce à son propre champ magnétique, qui protège partiellement le personnel de l’ISS également, ce ne sera pas le cas des astronautes envoyés vers la Lune. Un trajet qui dure, justement, environ trois jours, sans possibilité de demi-tour.
Activité lors des cycles impairs : un risque pour Artemis ?
D’après la récente publication de Solar Physics, il existerait des variations du rythme des éruptions solaires entre les cycles solaires pairs et les cycles impairs. Après avoir étudié 150 ans de données, les chercheurs de l’Université de Reading, au Royaume-Uni, semblent avoir démontré que durant les cycles pairs les tempêtes solaires sont plus nombreuses en début de cycle. Durant les cycles impairs, le nombre de tempêtes augmente en seconde partie de cycle. La cause exacte de ce phénomène reste encore à identifier, mais l’équipe de recherche indique qu’il ne s’agirait pas d’un simple hasard.
Problème pour la NASA : le soleil est entré dans son 25e cycle fin 2019, ce qui devrait durer tout au long de la décennie 2020. Or, en reportant la première mission habitée Artemis après 2025, on augmenterait statistiquement le risque d’exposition à des tempêtes solaires. Si aucune mission Apollo n’a connu un tel phénomène, on se rappelle que la sonde japonaise Hayabusa avait été gravement endommagée par une éruption solaire, manquant de faire totalement échouer la mission.
Il convient cependant de relativiser la découverte et son éventuel impact sur Artemis. Même s’il existe bien une corrélation statistique entre les cycles pairs/impairs et l’activité des éruptions entre début et fin de cycle solaire, cette dernière est assez minime pour ne pas avoir été détectée tout au long des missions Apollo. Le risque de tempête solaire a toujours été réel. Reste à voir dans quelle mesure il sera effectivement plus important après 2025.
Source : Cnet