© NASA
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Les États-Unis se fixent toujours l'objectif d'envoyer quatre personnes sur la Lune, au mieux d'ici quatre ans. Un projet pharaonique au budget babylonien pour peut-être revivre les belles heures d'Apollo 11.

En décembre 2017, Donald Trump appelait à un retour d'astronautes américains sur la Lune et même au-delà, avec Mars dans le viseur. Depuis, on sait que la NASA travaille à un alunissage pour 2024, si tout va bien. Dans le cadre du programme baptisé Artemis, une équipe de quatre astronautes, dont une femme, embarquerait alors à bord du vaisseau Orion. Mais avant cela, le projet devra obtenir l'aval du Congrès, qui doit accepter son financement, et passer par deux premiers vols.

Une femme astronaute sur la Lune ? Une première très attendue

Faisons fi des conditions inhérentes au programme Artemis, nous en reparlerons un peu plus loin dans cette lecture, et considérons que l'Homme va bien retourner sur la Lune. Lundi, la NASA a communiqué et confirmé qu'elle entendait bien envoyer un équipage sur le satellite de la Terre d'ici quatre ans, en 2024.

Dans son grand plan de présentation du programme Artemis, la NASA rappelle que quatre personnes embarqueront à bord de la capsule Orion en direction de la Lune. Seules deux d'entre elles auront la chance de marcher à sa surface : un homme et, c'est une première, une femme. C'était un souhait du vice-président américain Mike Pence, qui appelait de ses vœux l'envoi d'une représentante de la gent féminine sur la Lune.

L'équipage ne se posera pas à l'équateur de l'astre comme ce fut le cas pour les anciennes missions Apollo. Cette fois, l'alunissage se fera au pôle Sud de la Lune, « où la NASA et ses partenaires développeront un camp de base Artemis pour soutenir des expéditions plus longues sur la surface lunaire », indique l'agence gouvernementale. On y trouverait aussi de la glace d'eau. Dans le détail, la NASA imagine, à terme, doter la Lune d'un véhicule de terrain adapté (peut être un rover non pressurisé) ou encore d'un module d'habitation. Car au-delà de ce « simple » alunissage, les États-Unis entendent se préparer à une première mission humaine sur Mars. Les États-Unis et la NASA misent gros avec Artemis. Face au développement de programmes spatiaux dans d'autres régions du monde, les USA veulent « maintenir et renforcer » leur leadership.

La mission Artémis veut prendre ses aises sur la Lune (© NASA)
La mission Artémis veut prendre ses aises sur la Lune (© NASA)

En 2024, le monde fêtera les 55 ans du succès d'Apollo 11

Artemis III, comme son nom l'indique, sera la troisième (et dernière) phase du programme du même nom. La mission « sera le point culminant des tests rigoureux et de plus de deux millions de kilomètres accumulés dans l’espace sur les systèmes de transport dans l’espace lointain de la NASA avec Artemis I et II », explique la NASA.

La mission Artemis I, justement, sera non habitée, mais avec la capsule Orion, déjà terminée, propulsée par le lanceur lourd SLS, qui pourrait être au point d'ici la fin de l'année. Le vol est prévu pour novembre 2021. On imagine que d'ici là, la NASA aura mis au point ce lancement intégré. Artemis II franchira une nouvelle étape avec l'envoi d'astronautes, en 2023. Ceux-ci ne feront que tourner autour du satellite, et n'atterriront pas. La partie en pilotage manuel des astronautes sera déterminante pour la suite du programme, puisqu'elle permettra d'en savoir plus sur les capacités et la vélocité de la capsule Orion.

Pour voir des astronautes s'envoler vers la Lune et fouler son sol, il faudra donc attendre Artemis III et 2024. Pour se rappeler au bon souvenir d'Apollo 11, en 1969. Après 55 ans d'attente. Un séjour d'une semaine sur place est évoqué par l'agence américaine. Il permettra de multiplier les sorties extravéhiculaires et de mener diverses expériences, outre le prélèvement de nombreux échantillons.

La future passerelle, à gauche, et la capsule Orion, à droite (© NASA)

Choix du véhicule d'alunissage, passerelle, budget… des questions en suspens

Plusieurs questions restent en suspens autour du programme Artemis. Concernant le véhicule d'alunissage (il serait un petit peu compliqué de faire sans), l'agence américaine a aujourd'hui le choix entre trois projets : celui de Dynetics, qui vient de créer une maquette d'alunisseur à grande échelle ; de Space X, qui compte sur son silo à grains Starship ; et de Blue Origin, première société à avoir dégainé sa maquette grandeur nature, en août dernier.

La NASA devrait mener un examen préliminaire des différents projets début 2021 pour déterminer les conceptions les plus matures susceptibles d'être associées à Artemis III (la phase du programme qui consiste à faire marcher une femme et un homme sur la Lune). Et ainsi faire sa première sélection.

Quid de la « Gateway », cette passerelle censée devenir d'ici quelques années une station lunaire internationale permettant de faciliter les séjours sur la Lune et de simuler les conditions d'une expédition vers Mars ? Plusieurs lancements sont prévus d'ici 2024 pour entamer sa construction, mais rien n'indique qu'elle sera prête à temps.

La mauvaise nouvelle, c'est qu'il n'est pas totalement certain que ce programme puisse voir le jour. La NASA estime le coût de l'opération à 28 milliards de dollars sur les cinq prochaines années, dont 16 milliards rien que pour le seul alunisseur. Alors que le Congrès est appelé à voter la première partie de cette somme (3,2 milliards de dollars) avant la fin de l'année, les élections présidentielles pourraient bousculer les choses. Le Congrès pourrait ainsi refuser ce financement. Et même si Donald Trump et Joe Biden ont affirmé vouloir poursuivre le programme Artemis, le spectre de l'annulation du programme Constellation en 2010 sur demande de Barack Obama, qui avait pourtant coûté des milliards de dollars aux Américains, reste dans les mémoires. Artemis est ainsi née sur les cendres de Constellation.

Vue d'artiste des activités scientifiques menées par les membres d'Artemis (© NASA)

Source : NASA