La capsule Starliner qui a volé pour son premier essai en orbite au mois de décembre 2019. Crédits Boeing
La capsule Starliner qui a volé pour son premier essai en orbite au mois de décembre 2019. Crédits Boeing

Après le voyage inaugural raté de la capsule Starliner à destination de la station spatiale internationale en décembre dernier, deux audits ont été commandés à la fin de l'hiver. Ils ont rendus 80 recommandations.

Il faudra refaire la mission… Et on ne sait pas quand.

Starliner, toujours au sol

C'est un dossier embarrassant, surtout lorsque le véhicule concurrent du Starliner est actuellement amarré à la station spatiale internationale (ISS) après y avoir emmené deux astronautes fin mai. La capsule de Boeing, qui a coûté plus cher au contribuable américain que sa rivale Crew Dragon (SpaceX) est clouée au sol depuis son vol raté de décembre dernier. Une aventure qui s'était bien terminée, mais qui n'avait pu prouver les capacités de Starliner : par suite d'une erreur d'horloge interne, la capsule a utilisé trop de carburant de manœuvre sur la mauvaise orbite.

D'autres ennuis ont été détectés à l'occasion de cette mission OFT-1 (Orbital Flight Test), notamment des coupures de communication avec le sol, et une erreur qui aurait pu générer une collision entre la capsule et son module de service peu après son largage.

En plus de corrections nécessaires (et donc d'une longue période sans décollage), Boeing et la NASA ont dû se soumettre à deux enquêtes : la première a été menée par l'OIG (bureau des audits) de la NASA, l'autre par un consortium d'équipes des deux entités. Il s'agissait d'un ratissage complet du projet : documentation, résultats des tests, contrats avec les sous-traitants… Et il en est ressorti un ensemble de 80 « recommandations » pour Boeing, corrections ou procédés à mettre en place avec l'agence américaine pour assainir le programme.

Ces recommandations sont réparties en cinq catégories : « Tests et simulation » (21 recommandations), « Cahier des charges » (10 recommandations), « Améliorations des procédés et opérations » (35 recommandations), « Logiciel » (7 recommandations) et « Apprentissage et modification des matériels » (7 recommandations).

Si les points précis n'ont pas été révélés au public, ils incluent notamment plus de surveillance du matériel, plus de tests et de données, et davantage de communication entre équipes mais aussi entre Boeing et la NASA, etc.

Le retour d'une capsule Starliner sur le pas de tir est incertain pour 2019. Crédits ULA
Le retour d'une capsule Starliner sur le pas de tir est incertain pour 2019. Crédits ULA

Les nouvelles méthodes prennent du temps

Lors d'une conférence de presse tenue ce 7 juillet, la NASA a insisté sur la bonne conduite de Boeing, qui a engagé plus de moyens et a commencé à appliquer ces nouvelles lignes de conduite dès le moment où elles ont été émises.

L'agence et l'industriel opéreraient de meilleurs procédés que jamais, travaillant main dans la main. La NASA elle-même ne considère pas qu'elle est exempte de toute erreur dans ce dossier, concédant que des liens de confiance avec Boeing depuis des décennies avaient pu mener à une certaine complaisance… Contrairement à SpaceX ?

« Quand un fournisseur a une méthode différente des autres, il est normal de passer plus de temps avec lui, de bien comprendre cette nouvelle approche, cette philosophie. Nous aurions peut-être du passer autant de temps avec les tenants d'une approche plus traditionnelle », a expliqué Steve Stich, le nouveau responsable du programme Commercial Crew.

À quand le prochain décollage ?

Boeing, qui a pris à sa charge la responsabilité financière d'un nouvel essai non habité à destination de l'ISS (OFT-2, 410 millions de dollars), doit donc prouver que les erreurs ont été résolues, sur le matériel comme sur les méthodes.

Logiquement, cela devrait prendre du temps, d'autant que les équipes travaillent en parallèle avec la capsule récupérée du vol OFT-1 pour la transformer et en faire le premier exemplaire réutilisé… Et habité. Ni la NASA ni l'industriel n'ont donné de date pour le prochain décollage, qui était jusqu'ici informellement attendu au mois de novembre. La confirmation n'est pas venue, et l'on peut même déduire au ton utilisé et à quelques insinuations dans le discours que la mission OFT-2 pourrait « glisser » vers la fin de l'année… Voire en 2021.

Et même si à cette date, SpaceX aura peut-être déjà transporté six astronautes sur la station, la NASA a tenu à rassurer Boeing : personne ne remet aujourd'hui en cause le programme Starliner, que l'agence considère comme indispensable.

Source : Space News