© DuckDuckGo
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À quelques mois de l'entrée en vigueur du Digital Markets Act (DMA), les moteurs de recherche concurrents des géants plaident pour des « choice screens équitables » notamment sur les smartphones.

En 2023, entrera en application le très attendu Digital Markets Act, qui fera office de législation sur les marchés numériques au sein de l'Union européenne, dans le but de rendre le secteur numérique à la fois plus équitable et plus compétitif. Parmi les points majeurs du DMA, on retrouve la fin de la pratique qui consiste à imposer, par défaut, tel ou tel navigateur web ou moteur de recherche, le principe étant que l'utilisateur final doit avoir le choix. Qwant, DuckDuckGo et Ecosia viennent de publier une lettre publique dans laquelle ils alertent le législateur européen sur la bonne application du texte.

Des recommandations supplémentaires, face à un texte que les géants pourraient avoir du mal à appliquer pleinement

La lettre propose une liste de recommandations destinées à une mise en place efficace du DMA, qui doit entrer en vigueur au début de l'année 2023. « La mise en place de ces recommandations permettra (aux internautes) de faire le choix de leur navigateur et de leur moteur de recherche dès leur première recherche », explique la patronne de Qwant Corinne Lejbowicz, « et leur donnera l'opportunité d'en changer facilement et régulièrement », ajoute-t-elle, avec la volonté d'aller encore plus loin, en proposant que cette liberté de choix puisse s'appliquer à l'ensemble des services du Web.

Si le DMA prévoit de rendre obligatoires les outils qui offriront aux utilisateurs finaux une vraie liberté de choix, les « petits » concurrents des géants du numérique estiment que l'efficacité réelle des mandats de l'UE et les efforts réglementaires connexes sur toute la planète dépendront en réalité de la manière (pour ne pas dire, de la volonté) des contrôleurs d'accès de mettre en œuvre ces changements.

Rappelons que les contrôleurs d'accès sont les plateformes qui devront respecter, sous peine de sanction, les obligations fixées par le Digital Markets Act. Les mastodontes Google, Microsoft et Apple, puisque nous parlons des navigateurs et des moteurs de recherche, sont évidemment concernés.

Une liste de principes pour déployer des menus de préférence équitables et des mécanismes de changement transparents

Qwant, DuckDuckGo et Ecosia suggèrent aux régulateurs européens de faire respecter dix principes essentiels pour des choice screens équitables sur les smartphones, ainsi que des mécanismes efficaces pour basculer d'un navigateur à un autre, d'un moteur de recherche à un autre.

Les dix principes évoqués :

  • La gratuité dans le changement de menu de préférence ou autre mécanisme.
  • Disponible en tant que paramètre principal : les menus de préférence doivent être disponibles dès qu'un utilisateur veut changer. Ainsi, on ne limiterait pas cette possibilité au seul moment de l'initialisation de l'appareil.
  • Présentés régulièrement aux utilisateurs : ici, les menus de préférence seraient régulièrement présentés aux utilisateurs, par exemple lors de chaque mise à jour du système d'exploitation. Là aussi, Qwant, DuckDuckGo et Ecosia suggèrent d'aller au-delà du seul choix offert lors de l'initialisation de l'appareil.
  • Efficace à travers les points d'accès contrôlés par les contrôleurs d'accès : le choix fait par l'utilisateur doit s'appliquer à tous les points d'accès contrôlés par le « gatekeeper ». Par exemple, « pour un menu de préférence de moteur de recherche sur un smartphone, l’utilisateur devrait pouvoir choisir tous les points d'entrée de recherche prédéfinis, en une seule fois, comme le widget de recherche sur l'écran d'accueil, les widgets de recherche auxiliaires, le navigateur par défaut, l'assistant par défaut, etc. », nous explique-t-on.
  • Aucune préférence technique accordée à une application : le contrôleur d'accès ne peut s'accorder ni accorder à un moteur de recherche un statut « système » qui empêcherait toute désinstallation. Et lors de la suppression d'un navigateur ou moteur de recherche par défaut, le menu de préférence doit pouvoir s'afficher.
  • Permettre le basculement par défaut en une seule fois de toutes les applications et site web d'autres fournisseurs : le tout en un clic, via une application ou site web concurrent. De même, si l'application fournit les deux services (à la fois moteur de recherche et navigateur), l'utilisateur doit pouvoir modifier les paramètres par défaut pour les deux.
  • Des tests utilisateurs transparents pour un design centré sur l'utilisateur : les concurrents devraient avoir la possibilité de tester les designs, afin de faciliter le choix clair des utilisateurs et d'éviter les tentatives déloyales d'orienter leurs différents choix.
  • Critères d'éligibilité fonctionnels : disposer à la fois d'un moteur de recherche et d'un navigateur ne doit pas empêcher un acteur du numérique d'apparaître sur les menus de préférence de navigateur.
  • Choix attendus par l'utilisateur : dans la liste des options sur les menus de préférence, les choix les plus populaires doivent être affichés de manière aléatoire.
  • Des tableaux de bord transparents pour les participants : « les données sur l'efficacité des menus de préférence devraient être mises à la disposition des participants sur une base quotidienne via un tableau de bord en libre-service où les entreprises peuvent voir combien d'impressions (= vues) et de sélections ont eu lieu, et plus encore ».