À première vue, Chrome sort d’office gagnant du combat qui l’oppose à Edge, puisqu’il cumule à lui seul près de 65 % de parts de marché. Mais si les deux navigateurs Web ne jouent pas dans la même catégorie, l’intelligence artificielle a redistribué les cartes. Qui l’emportera en 2024 ?
Il est loin le temps où le navigateur de Microsoft caracolait en tête du classement des navigateurs les plus utilisés. Propulsé dès son lancement en 2008, l’ouragan Chrome a balayé la concurrence sur son passage. Après plus d’une décennie de lutte acharnée contre son rival, Microsoft a su prendre à temps le virage de l’IA pour moderniser Edge grâce au chatbot Copilot qui s’est récemment offert une refonte complète. Mais Google n’a pas l’intention de se laisser dépasser, comme en témoigne le déploiement de Gemini suivi par Gemma 2B et 7B, des modèles LLM open source ultra performants.
La quête d'outils IA toujours plus perfectibles pourrait toutefois éloigner Chrome et Edge de leurs objectifs originels. Beaucoup d’utilisateurs sont pour l’instant plus attentifs aux fonctionnalités de base des navigateurs, comme l’ergonomie, la vitesse, les performances globales et l’interopérabilité entre les services.
La rédaction a justement passé au crible tous ces critères pour vous aider à trancher entre Chrome et Edge. Découvrez lequel de ces deux navigateurs se démarque en 2024.
- Intégration imminente de l'IA ChatGPT et DALL-E
- Compatibilité avec les extensions Chrome
- Espaces de travail appréciables en travail collaboratif
- Très bonnes performances
- Simple et agréable à utiliser
- Un navigateur bien sécurisé
À l’inverse, IE est embourbé dans un code archaïque, cumules les failles et les instabilités. Au terme d’une lente agonie, Microsoft annonce le remplacement d’IE par Edge. Malgré la refonte du navigateur (moteurs EdgeHTML + JS Chakra) et son intégration au noyau Windows, les vulnérabilités fleurissent, Microsoft tarde à les corriger, les critiques pleuvent. En 2018, l’entreprise se résout à poursuivre le développement d’Edge sur Chromium. Une décision salvatrice.
Microsoft Edge vs Google Chrome - La philosophie
Quinze ans après son lancement, Google Chrome domine très largement le secteur de la navigation en ligne (plus de 65% de pdm dans le monde, toutes plateformes confondues). Respectueux des standards du web, modèle pour la concurrence à travers le projet open source Chromium, instigateur des cycles de mises à jour rapides garants de la sécurité du logiciel, le navigateur de Google, distribué gratuitement sous licence propriétaire, fait aujourd’hui partie d’un vaste écosystème de services (Google Search, Gmail, Drive, YouTube) articulés de manière à fluidifier et augmenter l’expérience des internautes, sur desktop (Windows, macOS, Linux) comme sur mobile (Android, iOS).
Également gratuit et distribué sous licence propriétaire, Microsoft Edge délègue le développement et la maintenance de sa structure aux équipes rodées de Google. Un parti pris inimaginable dix ans plus tôt qui permet à Microsoft de se recentrer sur ses objectifs de toujours : faire de son navigateur web une composante essentielle de son propre écosystème. Aujourd’hui, Edge est intégré au noyau Windows et fait le lien entre les applications desktop préinstallées (recherche, widgets, Office, mail, calendrier) et les services web édités par l’entreprise (Bing, OneDrive, Microsoft 365, Outlook). Edge est aussi disponible sur macOS, Linux, Android et iOS ; Microsoft aurait eu tort de s’en priver.
Microsoft Edge vs Google Chrome - Les fonctionnalités principales
Parce qu’il repose Chromium, Microsoft Edge partage avec Google Chrome des fonctionnalités structurelles comme l’Omnibox, la gestion avancée des onglets (glisser, déposer, déplacer vers une autre fenêtre, grouper), la navigation privée (Incognito chez Chrome, InPrivate chez Edge) ou le gestionnaire de mots de passe intégré au navigateur.
Par là même, Google Chrome dicte le déploiement de fonctions communes que Microsoft personnalise pour Edge. On pense au compte utilisateur, simple outil de synchronisation des paramètres, sessions et données de navigation chez Chrome, dispositif complet d’uniformisation de l’UX Microsoft chez Edge.
Objectif : étendre le bureau Windows au web et gommer les frontières entre environnements web et local. En témoignent les services MS épinglés à la barre latérale du navigateur web, la synchronisation OneDrive des fichiers stockés sur le disque dur ou l’option d’enregistrement automatique dans le cloud (Office 365 / Microsoft 365) des contenus Office.
Même constat pour la prise en charge des extensions web, alors qu’Edge est à la fois compatible avec les plugins publiés dans le Chrome Web Store et les add-ons disponibles sur la plateforme – superflue – Microsoft Edge Add-ons.
On l’aura compris, en tant que modèle pour une concurrence basée sur Chromium, Google Chrome embarque assez peu de fonctionnalités exclusives. Dans la majorité des cas, il les introduit et les autres suivent. Ce qui laisse à Edge le temps et l’argent pour s’enrichir d’outils qu’on ne trouve que chez lui comme le mode Enfants, en cours de déploiement, qui restreint par défaut l’accès à des contenus adaptés aux 5-9 ans et 9-12 ans (actualités, résultats de recherche, vidéos) et permet aux parents de personnaliser des listes de sites web autorisés.
On peut également mentionner les Collections, module de sauvegarde de contenus web (pages, images, liens) dans le navigateur Edge, similaire aux Pinboards d’Opera.
Enfin, Microsoft Edge prend le pas sur Google Chrome concernant la diversité d’outils disponibles dans le menu des paramètres du navigateur (capture, sélection web, lecture à haute voix, performances) et d’entrées dans le menu contextuel (traduire la sélection, ouvrir la sélection dans le lecteur immersif, partager).
Microsoft Edge vs Google Chrome - Les performances
Il existe, chez les utilisateurs de Windows, un consensus au sujet de la supériorité de Microsoft Edge sur Google Chrome quant à la rapidité du navigateur et de la navigation. Les benchmarks réalisés sur un PC fibré (Asus VivoBook, AMD Ryzen 7 3700U, 8 Go de RAM, HDD 500 Go, Windows 11) donnent effectivement un léger avantage de performances au navigateur de Microsoft.
En revanche, les mêmes tests menés sur un Mac (MacBook Pro, Apple M1 Pro, 16 Go de RAM, mémoire Flash 1 To, macOS 12.6) affichent de meilleures performances chez Google Chrome, au regard, notamment, de l’utilisation des applications web et des interactions utilisateur.
Une différence d’efficacité que les liens étroits entre Edge et Windows (Microsoft, modèle de développement vertical, intégration d’Edge au noyau Windows) suffisent à expliquer : Edge est un navigateur spécifiquement optimisé pour Windows.
Les vérifications concernant l’utilisation des ressources par les deux navigateurs confirment, par là même, la prévalence de Microsoft Edge sur Google Chrome au sein des environnements Windows. Dans des conditions d’utilisation identiques, le navigateur de Microsoft se montre plus économe en nombre de processus, utilisation du processeur et sollicitation de la RAM.
Sur macOS, en revanche, Google Chrome nécessite davantage de mémoire quand Microsoft Edge exécute plus de processus. L’utilisation des processeurs (CPU et GPU) est équivalente dans la durée.
Microsoft Edge vs Google Chrome - La sécurité
Une base commune, deux navigateurs, deux modèles économiques distincts. Alors que Google tire plus de 80% de son chiffre d’affaires des revenus publicitaires (navigateur Chrome + moteur de recherche Google Search + régies Ads et Adsense, 209,5 milliards de dollars sur un chiffre d’affaires total de 256,7 milliards de dollars en 2021), Microsoft génère environ 94% de son CA à partir de la commercialisation de licences, services et autres produits matériels. Les 6% restants découlent de la publicité (navigateur Edge + moteur de recherche Bing + régie Microsoft Advertising, 11,59 milliards de dollars sur un CA total de 198,27 milliards de dollars en 2022).
On rappelle que Microsoft comme Google multiplient applications et plateformes web sur lesquelles les internautes s’identifient à l’aide de leur compte utilisateur, précieux rouage facilitant la collecte et le traitement de données personnelles (identification et navigation) croisées.
À défaut de respecter la vie privée de leurs utilisateurs, Google Chrome et Microsoft Edge intègrent, par l’intermédiaire de Chromium, des paramètres dédiés au renforcement de la sécurité des données personnelles en ligne. On pense au bloqueur de cookies tiers, à la protection contre le suivi, au bouclier contre les téléchargements, sites et extensions dangereux, ou encore au module de surveillance des mots de passe stockés dans le gestionnaire intégré au navigateur web.
En plus de ces outils communs, Google Chrome dispose d’une fonction de contrôle de sécurité établissant, en un clic, un bilan de santé général du navigateur web et du système (mises à jour, mots de passe compromis, extensions frauduleuses, logiciels malveillants installés sur l’ordinateur).
De son côté, Microsoft Edge fait appel à la technologie SmartScreen, pendant web de Windows Defender, pour détecter les pages web suspectes et lutter contre les tentatives de phishing. On souligne par ailleurs sa volonté de faciliter la configuration des outils anti-suivi, dispersés un peu partout chez Google Chrome, avec un module de prévention simplifié (profils de protection basique, normal, strict), informatif (liste et nombre des dispositifs bloqués par le navigateur, sites sur lesquels ils ont été détectés) et flexible (édition d’une liste blanche de sites sur lesquels il n’est pas nécessaire de bloquer les pisteurs).
Toutefois, malgré des efforts en surface, Microsoft Edge, à l’image de Google Chrome, demeure l’un des navigateurs web les plus intrusifs concernant le respect de la vie privée et de l'anonymat en ligne.
Alors, Microsoft Edge ou Google Chrome ?
Le choix est cornélien. Intrinsèquement liés par Chromium, projet Google auquel participe Microsoft, Edge et Chrome partagent de nombreux éléments d’interface et fonctionnalités élémentaires telles que l’Omnibox, le mode de navigation privée, la prise en charge des extensions publiées sur le Chrome Web Store ou la gestion des groupes d’onglets.
Affranchi des contraintes liées au développement des moteurs de rendu et d’exécution, Edge en profite pour travailler au déploiement de fonctions personnalisées (intégration des services Microsoft sur le modèle des services Google sur Chrome, sécurité renforcée SmartScreen) et inédites (mode Enfants, Collections, traduction de portions de texte sélectionnées). Son intégration aux systèmes Windows en fait également le navigateur web le plus rapide et le plus adapté pour l’OS de Microsoft, tandis que Chrome lui passe légèrement devant sur les ordinateurs macOS.
Malgré des modèles économiques différents, on retiendra que Google Chrome et Microsoft Edge appartiennent à deux écosystèmes de services et applications concentrés dans les mains de leurs entreprises respectives. Un paramètre important qui doit alerter sur la collecte, le traitement et la revente de données personnelles, et qui confirme le caractère très intrusif de l’un comme de l’autre au regard de la vie privée et de l'anonymat en ligne.
Pour une meilleure gestion des données personnelles, mieux vaut se tourner vers un navigateur réputé respectueux de la vie privée et de la confidentialité, à l'image de Mozilla Firefox ou Brave.