La fondation Mozilla vient de publier son bilan financier pour l'année 2011. D'un ton rassurant, l'organisation à but non lucratif affirme rester en bonne santé financière, continuer à recruter du personnel, et à ouvrir de nouveaux Mozilla Spaces dans le monde. Sur l'exercice 2011, le chiffre d'affaires a ainsi progressé de 33% pour atteindre 163,5 millions de dollars au 31 décembre 2011, contre 123 millions un an plus tôt.
Renouvelé en décembre de l'année dernière, le partenariat avec Google contribue largement aux résultats de Mozilla. Selon les termes de cet accord, le navigateur Firefox affiche par défaut le moteur de recherche de Mountain View en page de démarrage. En échange, Google reverse à Mozilla une partie des recettes publicitaires générées par son intermédiaire. Ainsi, la fondation tire près de 85% de ses recettes de cette collabortaion, soit 137,6 millions de dollars.
On imagine les dégâts que provoquerait sur les finances de Mozilla une rupture du contrat entre les deux sociétés. Mais pour l'instant, l'heure n'est pas à un tel scénario puisque ce partenariat prendra fin en 2014. De plus, avec une part de marché de 22,4% en octobre 2012, d'après les calculs de StatCounter, Firefox reste un bon vecteur de trafic pour Google.
L'accord conclu avec Google pourrait rapporter un milliard de dollars à Mozilla en trois ans
La firme de Mountain View ne semble donc pas avoir intérêt à y mettre un terme, sauf à vouloir privilégier son poulain, Chrome, en tête des navigateurs avec 34,9% de parts de marché, devant Internet Explorer à 32,2%, toujours selon StatCounter. Enfin, rappelons que Mozilla s'appuie sur d'autres partenaires, comme Microsoft, Yahoo!, Amazon, eBay ou encore le russe Yandex. Au total, les royalties pèsent 99% des recettes de Mozilla.
Ce qui est intéressant de noter, c'est que la somme versée par Google a augmenté chaque année. En 2006, Mozilla percevait 50 millions de dollars, contre 60 millions en 2006, près de 80 millions en 2008, 90 millions en 2009 et 103 millions en 2010. Sous cet angles, les recettes de 2011 apparaissent en forte augmentation. Quid de 2012 ? D'après une information du blog AllThingsD de décembre 2011, les deux sociétés auraient omis de rendre public tous les termes de leur accord. En particulier, le fait que Google paierait désormais la fondation... 300 millions de dollars par an.
Selon la source consultée par notre confrère, en doublant la mise auprès de Mozilla, Google voudrait se renforcer face à la montée de Bing. Le moteur de recherche de Microsoft ne représente que 3,3% des parts de marché mondiales en octobre 2012, contre 91% pour Google. Mais aux États-Unis, l'un des marchés les plus mûrs, Bing a déjà atteint les 10%. Finalement, la bataille pourrait se poursuivre sur un autre terrain, le mobile.
Très absente du mobile, la fondation veut faire valoir un OS pour l'entrée de gamme
Alors que Microsoft vient de lancer son nouvel écosystème pour tablettes et smartphones (lire pour cela Windows Phone 8 : le test), renforçant ses relais mobiles pour son moteur de recherche, Bing, Mozilla poursuit le développement de Firefox OS, disponible en test depuis aujourd'hui, 16 novembre. Même si on imagine que Google n'a pas besoin de la fondation pour être présent sur mobile - Android occupe trois smartphones sur quatre dans le monde en septembre -, ce nouvel OS mobile pourrait, si le partenariat sur la recherche y était étendu, lui être bénéfique.
Sur ce point, l'organisation à but non lucratif confirme être « en mesure de soutenir des projets viables ». Malgré un climat concurrentiel féroce, qui est venu à bout des OS de Nokia et a fortement mis à mal celui de RIM, Mozilla semble ne pas avoir le choix de prendre le virage de la mobilité.
Car sur desktop, Firefox perd du terrain, concurrencé par Chrome, le renouveau d'Internet Explorer, le tout, dans un contexte de dégradation des ventes de PC. Sur mobile, Mozilla n'a jamais vraiment investi le terrain et le portage de Firefox demeure très marginal - il n'est même pas présent sous iOS. Pour tenter de se mettre dans la course en 2013, la fondation espère concrétiser Firefox OS. Sa cible : les smartphones d'entrée de gamme, notamment les modèles du chinois ZTE, justement en très forte croissance.