Design : "Une seule chose a changé"... Rien !
Sans surprise, les designs de Mac ayant tendance à tenir plusieurs années, les nouveaux iMac sont rigoureusement identiques à tous ceux de la dernière révision majeure en date, sortie fin 2012. La coque « unibody », les bords affinés, la bosse au centre, le pied, la connectique au dos... Rien n'a changé, et c'est certes ennuyeux au possible, mais toujours aussi élégant. Comme souvent chez Apple, on aimerait que la balance penche un peu moins du côté de l'esthétique. En conservant une épaisseur à peine plus élevée sur les bords, on aurait pu au moins glisser un port USB et le slot SD, ce qui éviterait d'avoir à retourner son écran à chaque insertion d'une carte ou d'un câble. Heureusement, il est devenu suffisamment léger au fil des ans pour que le geste ne soit pas trop contraignant.L'extensibilité du modèle 21,5 pouces continue à être un problème. Comme il n'y a plus de place pour loger une trappe d'accès à la mémoire vive en dessous - contrairement au modèle 27 pouces qui en dispose -, la quantité de mémoire à l'achat est donc à prendre ou à laisser.
Du nouveau sur le clavier et la souris
Si l'iMac en lui-même n'a pas bougé, il est fourni avec de nouveaux périphériques de saisie, la Magic Mouse 2 et le Magic Keyboard. On ne va pas s'étendre sur la première. La principale différence réside dans la présence d'une batterie interne au lieu de piles. Les patins ont également été revus, et procurent une glisse un peu plus agréable que sur le premier modèle. La prise en main fait toujours débat : plate et agrémentée d'une surface tactile, elle permet de réaliser des gestes peu confortables avec un ou deux doigts.La recharge par batterie aurait pu être une bonne idée si on avait pu l'utiliser en mode filaire, et c'est malheureusement impossible. Plutôt que de revoir sa souris en profondeur, Apple a préféré reprendre son design à la lettre, et le connecteur Lightning permettant la recharge est situé sous la souris.
Le Magic Keyboard est un peu plus intéressant. Beaucoup plus plat que le précédent clavier Bluetooth, dont le design n'avait pas été revu depuis plus de huit ans, il déroute au premier abord par la course un peu plus faible des touches, et l'inclinaison réduite brise les habitudes. Passée cette période de « calibrage », on se fait à la nouvelle orientation, bien que la course, entre le clavier actuel et celui du MacBook 12 pouces, divisera, tout comme certains changements apportés à la disposition.
En achetant l'iMac 4K sur l'Apple Store, il est possible d'opter pour un Magic Trackpad 2 en lieu et place de la Magic Mouse 2. En revanche, l'option est désormais payante. Pour 60 euros de plus, on pense que l'expérience de OS X au trackpad vaut le détour, alors que vous trouverez de toute façon de meilleures souris sans fil que celle d'Apple. On regrette évidemment le surcoût, d'autant plus que le nouveau pavé tactile, intégrant désormais la technologie Force Touch, nous a séduits.
Composants : des progrès qui cachent des choix douteux
La principale nouveauté de l'iMac 4K réside évidemment dans son écran, et comme son grand frère 5K, il est tout simplement bluffant. Quel que soit l'angle, quelle que soit la distance à laquelle on se tient, il est impossible de lui trouver le moindre défaut. Même les reflets du panneau en verre sont contenus grâce au procédé de laminage qui réduit l'espace entre les pixels et le panneau. Du sans faute, géré derrière la vitre par un contrôleur de temporisation personnalisé et quelques petites nouveautés, dont profite également le nouvel iMac 5K, comme le photo-alignement garantissant un meilleur contraste en face de l'écran.Le processeur bénéficie d'un rafraichissement bienvenu. Les iMac étaient encore sur des puces Intel de génération Haswell. L'iMac 4K n'est pas aussi bien loti que les nouveaux modèles 5K : il passe à Broadwell, et non à Skylake. Le modèle de base est équipé d'un processeur Core i5 5675R, une puce quadri-cœurs à 3,1 GHz (3,6 GHz en mode TurboBoost). Une option en Core i7 5775R (3,3/3,8 GHz) est disponible sur l'Apple Store en ligne, pour 240 euros supplémentaires.
Dans tous les cas, il faudra se contenter de la solution intégrée Iris Pro 6200 pour la partie graphique. Pas de carte dédiée au programme sur cette configuration, ce qui n'était pas le cas du modèle que le 4K remplace dans la gamme de prix, équipé alors d'une carte NVIDIA Geforce 750M. La solution retenue semble suffisante pour gérer la définition de 4 096 x 2 304 pixels de l'écran 4K, mais tout juste !
Du côté des iMac 5K, les choix sont plus variés. Trois modèles sont proposés. Les deux premiers embarquent un Core i5 6500 à 3,2/3,6 GHz, et le dernier, un Core i5 6600 à 3,3/3,9 GHz. Sur l'Apple Store en ligne, il est possible de configurer les configurations « Better » et « Best » avec un Core i7 6700K à 4 GHz, le haut du panier dans la micro-architecture Skylake.
Les trois iMac 5K intègrent une carte graphique dédiée AMD Radeon R9 M380, M390 et M395, toutes trois équipées de 2 Go de mémoire vidéo. Comme sur le modèle précédent, il est possible d'opter pour une puce meilleure encore si on passe par l'Apple Store en ligne, qui propose sur le dernier modèle une M395X intégrant 4 Go de mémoire vidéo.
Dans l'ensemble, les gains sur le processeur comme sur les puces graphiques sont appréciables. Ils cachent néanmoins des choix beaucoup plus discutables sur le stockage interne. Qu'il n'y ait pas de SSD en standard dans un ordinateur de bureau commercialisé à partir de 1 699 euros, alors que le moindre MacBook Air intègre du stockage flash en PCI Express, c'est déjà embêtant. Le choix d'un disque dur 5 400 tours/minute, lui, est tout simplement incompréhensible.
Cela se tiendrait sur un Mac Mini, ou sur un vieux MacBook Pro 13 pouces non Retina, mais on est en 2015, sur un produit qu'on peut qualifier, dans son ensemble, de haut de gamme. Et sachant qu'il est impossible de le changer sans s'attaquer à l'écran, on aura vite fait de passer au moins à un Fusion Drive, qui combine SSD et disque dur.
On n'est pas au bout des déconvenues, même dans ce cas. Le premier Fusion Drive, en version 1 To, voit sa partie SSD passer de 128 à 24 Go. Bien qu'on puisse prétexter que c'est suffisant pour exécuter l'OS depuis le stockage flash, on ne comprend pas l'économie, et on se retrouve donc à viser le modèle 2 To (+360 euros) ou se rabattre sur le SSD 256 Go (+240 euros) afin de disposer d'un stockage digne des autres composants. Vraiment pas glorieux !
Pas de changement, ni dans un sens ni dans l'autre sur la mémoire vive : 8 Go de LPDDR3 à 1 867 MHz en standard, avec une option de 16 Go sur le store en ligne, et donc aucun moyen de la changer par soi-même.
La connectique n'a pas bougé non plus, alors qu'on aurait pu imaginer voir un ou deux USB-C. L'iMac intègre toujours quatre ports USB 3.0, deux ports Thunderbolt 2 (qui peuvent faire office de sortie vidéo au format Mini DisplayPort), un port Ethernet Gigabit, un slot SDXC et une sortie casque. Wi-Fi ac et Bluetooth 4.0 sont toujours au programme côté sans fil.
À l'usage : un Mac rapide avec un boulet au pied
L'expérience utilisateur de l'iMac 4K dépendra essentiellement de votre configuration. Nous, on a testé la version avec disque dur 5 400 tours/minute, et sans être atrocement lent, on sent clairement le poids de ce boulet qui traine la patte dans Photoshop, au lancement des applications ou dans toute tâche mobilisant le disque dur. Nos mesures sous Quickbench sont sans appel : il est beaucoup plus lent que le SSD survitaminé qui équipe le MacBook Pro 15 pouces.C'est d'autant plus frustrant que l'usage du Mac, hors stockage lesté, est des plus agréables à utiliser. L'écran Retina apporte une lisibilité sans égal, au point de pouvoir distinguer les textes les plus minuscules des icônes, et alors qu'on aurait pu penser qu'un Iris Pro 6 200 soit sous-dimensionné pour afficher un écran 4K avec fluidité, nos doutes s'avèrent infondés. On n'a constaté, lors de nos tests, aucun des ralentissements qui gâchaient l'utilisation des premiers iMac 5K.
Le silence de fonctionnement, comme souvent sur les iMac, est au top. Même pendant les tâches les plus lourdes, seul un léger souffle est perceptible. Quand on veut qu'il se fasse entendre, en revanche, le tout-en-un a toujours du coffre. Rien de nouveau depuis 2012, néanmoins, on apprécie toujours un son riche dont les aigus pourront, au pire, paraître un peu trop cristallins.
Performances
L'iMac 4K ne réserve aucune surprise quant à ses performances, qui suivent à la lettre ce que suggère la fiche technique. En d'autres termes, sur la configuration de base que nous avons testée, elles sont inégales.Le processeur est quasi irréprochable. Sur Geekbench 3 comme sur Cinebench, on obtient des résultats dépassant l'iMac 5K Core i5 3,3 GHz sorti au début de l'année, et dans la lignée du nouveau 5K.
Les performances graphiques, elles, sont naturellement bridées par l'absence de GPU dédié. Ça n'est même pas la peine de le préciser : le jeu en résolution native (4 096 x 2 304 pixels) est catastrophique dans tous les réglages possibles.
Comme sur l'iMac 5K, le plus sage pour obtenir un bon compromis est d'utiliser une définition deux fois inférieure, qui produit une pixellisation propre, bien que visible de près. Dans ces conditions, on obtient 49 FPS sous Batman Arkham City (niveau de détail moyen, Antialiasing 2X), et 27 FPS dans Tomb Raider (niveau de détail normal, filtrage des textures 2X).
On tire un peu plus en montant jusqu'à 2 560 x 1 440 pixels, la définition sur laquelle les modèles 5K étaient à l'aise. Dans Batman Arkham City, en niveau de détail haut et antialiasing 8X, on peut rester sur 27 FPS, une cadence correcte comparable à une expérience console. Lara Croft, en revanche, traine la patte : 16 FPS en niveau élevé dans cette définition.
Logiquement, l'iMac 5K Core i5 3,2 GHz réalise de bien meilleures performances sur les jeux. On ne note pas d'écart tangible par rapport à la précédente génération, et on peut exécuter Tomb Raider 2013 en 2 560 x 1 440 pixels et niveau de détail haut à 41 FPS, avec un modèle équipé d'une Radeon R9 M380.
Notre avis
Un peu plus d'un an après la sortie du premier iMac Retina, on peut dire qu'Apple a réussi à rendre sa gamme de tout-en-un plus attractive et moins divisée que l'an dernier. L'ajout d'un modèle 4K, et la révision des 5K corrigent, comme souvent, les défauts de jeunesse de la version « 1.0 ». Cette année, on peut le dire : les iMac sont prêts pour le Retina, sans souffrir d'affreuses saccades constatées sur les modèles précédents.On apprécie également la mise à niveau des accessoires, même si elle est plus mitigée. La nouvelle Magic Mouse 2 n'apporte pas grand-chose d'autre que le chargement par batterie, et même celui-ci est compromis par un design rendant totalement impossible l'utilisation en mode filaire pendant la recharge. Le Magic Trackpad 2 et le Magic Keyboard sont plus convaincants, même s'il faudra s'habituer à la course plus réduite de ce dernier. Dommage qu'au passage, le trackpad devienne une option payante. Le nouveau pavé tactile, compatible Force Touch, est une réussite commercialisée au prix fort.
La nouvelle gamme iMac est malheureusement plombée par des options de stockage interne toujours aussi aberrantes, notamment sur l'entrée de gamme. Un disque dur à 5400 tours/minute sur un ordinateur vendu à plus de 1500 euros, ça n'est pas sérieux, alors que le Fusion Drive 1 To voit la capacité de son SSD réduite au strict minimum nécessaire. Au final, la nouvelle gamme 5K est malgré tout beaucoup mieux positionnée que la précédente. L'intérêt du nouvel iMac 4K est cependant réduit par la nécessité d'ajouter à la facture un Fusion Drive ou un SSD, ce qui alourdit considérablement la note.