Mise à jour : découvrez les nouveautés de l'édition 2016 dans notre test du MacBook 2016.
En 2008, Steve Jobs présentait le MacBook Air... En le sortant d'une enveloppe. L'ultraportable d'Apple se distinguait autant par sa finesse que par sa connectique très réduite et son absence de lecteur optique, peu commune à l'époque, à part sur les netbooks. Sept ans plus tard, les portables aussi sveltes sont légion, et le MacBook Air est le Mac grand public le plus vendu par Apple.
Le MacBook, c'est un peu la même histoire. Lancé il y a quelques semaines, en même temps que le nouveau MacBook Pro 13 pouces et une mise à jour des MacBook Air, il semble sonner le glas, à terme, de ces derniers. Il en reprend la finesse en l'accentuant encore, intègre un écran Retina dont les MacBook Air ne disposeront probablement jamais, et mise sur une connectique on ne peut plus minimaliste, puisqu'elle se résume à un seul et unique port.
Design et ergonomie : plus léger que l'Air[/anchor]
Le MacBook est le premier « vrai » nouveau design d'Apple depuis 2012, soit depuis le MacBook Pro Retina. Fondamentalement, il conserve les caractéristiques du MacBook Air, notamment son côté biseauté, moins épais à l'avant qu'à l'arrière. C'est une formule qui marche puisqu'elle donne l'impression d'un portable plus fin qu'il ne l'est vraiment en son centre.La grosse différence se situe au niveau de l'optimisation de l'espace. Si les dimensions de la coque sont comparables à celles du MacBook Air 11 pouces, il est moins large, et un tout petit peu plus profond, en raison d'un ratio d'écran différent : 16/9e sur le 11 pouces, et 16/10e sur le MacBook, avec des bordures autour de l'écran nettement plus réduites.
Mais surtout, l'espace encadrant le clavier est réduit au minimum : aucune bordure des côtés, comme au temps des PowerBook et iBook 12 pouces, et un espace minuscule entre le clavier et le trackpad.
Après des années d'aluminium couleur argent, le MacBook est aussi le premier portable d'Apple à réintroduire différents coloris depuis... le MacBook original, qui était disponible en blanc et en noir. Pas de couleurs flashy en revanche, puisque les tons sont ceux des iPhone et iPad : argent, gris sidéral et or. La version argent que nous avons testée est évidemment très proche de ce qu'on connaît. Les deux autres coloris, pour peu qu'on aime le côté « champagne » ou Dark Vador, permettent de se distinguer un peu.
L'autre caractéristique du MacBook, c'est évidemment sa finesse, et elle induit pas mal de compromis et de différences. La première qu'on remarque immédiatement, c'est bien entendu le clavier. Les touches sont plus fines, plus rapprochées les unes des autres, et, au passage, un peu plus larges que celles d'un MacBook Air, avec une forme concave accentuée. On perd un peu ses repères, d'autant plus que la disposition de certaines touches a changé. Les flèches du curseur gauche et droit passent en pleine taille, ce qui peut poser problème pour les détecter à l'aveuglette.
La finesse de la coque impose une course moins importante pour la frappe, un compromis qui nécessite d'adopter un autre mécanisme, appelé « en papillon », plus fin et aussi plus stable, selon Apple, que le mécanisme en ciseaux habituel.
Le trackpad est le fameux Force Touch, qu'on a déjà vu sur le dernier MacBook Pro (MBP) 13 pouces. Sur celui-ci, c'était un petit plus technologique. Sur un MacBook à la coque aussi fine à l'avant, ça peut devenir, à terme, une nécessité pour conserver un clic « physique ». Le retour haptique, à cette fin, est très convaincant, et comme sur le MBP 13 pouces, on est épaté par la pertinence de la technologie. On sent clairement une pression et un relâchement, purement illusoires, car portable éteint, le trackpad est parfaitement immobile et inerte.
Sur les bords gauche et droit, on découvre la « connectique », qui se limite à un port USB Type C à gauche, utilisé à la fois pour la recharge et la connexion de périphériques, et un mini jack à droite. Y avait-il de la place pour un second USB ou un connecteur MagSafe ? Évidemment que non. Aurait-on pu faire une entorse à la course à la finesse et corriger ce problème ? Ça aurait diminué l'effet du premier contact, sans doute. Car avec sa finesse et ses dimensions, le MacBook fait visiblement tourner les têtes !
En l'absence de place sous le clavier, les haut-parleurs sont situés au-dessus de celui-ci, et ça fait, là aussi, longtemps qu'on n'avait pas vu un Mac portable équipé de haut-parleurs visibles. Enfin, la charnière de l'écran est en aluminium, et la pomme, réfléchissante (comme sur un iPad), et non plus rétroéclairée.
Composants : Intel Core M et écran Retina[/anchor]
Avec un châssis aussi fin, et avec la volonté de sortir un portable dénué de ventilateur, Apple se devait de faire des compromis sur sa fiche technique. Pas question de mettre dans le MacBook un Core i5, ni même celui des MacBook Air, à basse consommation. C'est donc un Intel Core M qu'on trouve à l'intérieur, plus précisément un Core M 5Y31, cadencé à 1,1 GHz, et capable de grimper jusqu'à 2,4 GHz en mode Turbo Boost. Le second modèle opte pour un Core M 5Y51, dont la fréquence monte jusqu'à 2,6 GHz. Une troisième option est disponible, uniquement sur le store en ligne : un 5Y71, cadencé à 1,3 GHz (TurboBoost jusqu'à 2,9 GHz).
Les fréquences les plus élevées semblent à même de mener à bout des tâches relativement lourdes, mais il y a un problème. Le Core M ne peut conserver cette fréquence que pendant une durée limitée. En l'absence de refroidissement, elle redescend dès que la chauffe est trop importante, et ça peut arriver assez vite !
La partie graphique, dans tous les cas, est un circuit Intel HD Graphics 5300, inférieure au HD6000 des MacBook Air 2015, et au Iris 6100 du nouveau MacBook Pro. Et c'est un peu embêtant, car cette puce a tout de même la tâche d'animer un écran Retina d'une définition de 2 304 x 1 440 pixels. Pas grand-chose à signaler sur ce dernier. Il est, comme souvent, d'excellente qualité. Apple a opté pour des pixels laissant passer davantage de lumière, et des LED basse consommation pour le rétroéclairage, ce qui ne paraît pas entrainer la moindre différence dans la colorimétrie ou les angles de vision, toujours impeccables.
Une fois n'est pas coutume, Apple ne propose pas de modèle sous dimensionné en stockage interne sur la version de base : on a le choix entre 256 et 512 Go. Même les MacBook Pro 13 pouces ne démarrent pas à 256 Go ! On aimerait que ça se généralise : 128 Go sur un Mac, surtout avec un écran Retina et les éléments graphiques plus volumineux qui vont avec, ça commence à faire peu ! Comme les derniers MacBook Pro et MacBook Air, le MacBook bénéficie d'un SSD connecté en PCI Express, qui garantit de très bons débits.
On apprécie aussi les 8 Go de mémoire vive en standard, d'autant plus qu'ils sont à prendre ou à laisser.
On arrive à la caractéristique la plus controversée : l'unique port USB-C, qui devra être utilisé pour la recharge et pour la connexion de périphériques... Quand ils existeront, car pour l'instant l'adaptateur est indispensable. Sauf qu'il n'est pas inclus dans la boite, et on a beau connaître la politique d'Apple concernant ces accessoires, il aurait été bon d'y faire une exception.
Le MacBook est compatible USB 3.1 Gen 1, et comme on l'a déjà dit précédemment, cette dénomination est trompeuse. L'USB 3.1 Gen 1 offre en effet des débits identiques à ceux de l'USB 3.0. Donc, aucun gain potentiel à venir, et en l'absence de Thunderbolt, le MacBook est par conséquent le Mac portable le moins bien équipé pour les connexions externes à haut débit.
Reste le composant qui prend finalement le plus de place dans le châssis, par rapport à la minuscule carte mère : la batterie. Utilisant des cellules à la forme spécialement adaptée pour occuper le plus d'espace possible à l'intérieur du portable, elle atteint une capacité totale de 5263 mAh.
À l'usage : Bienvenue dans un monde pas tout à fait sans fil[/anchor]
En l'absence d'un adaptateur dans la boite, on se heurte très vite à la dure réalité du MacBook. Sans ce sésame, on ne peut absolument rien connecter au portable. Une clé USB pour rapatrier des fichiers nécessaires à nos tests ? Négatif ! Un adaptateur Ethernet pour accélérer les téléchargements d'applications ou de mises à jour volumineuses ? Négatif !On est donc réduit à utiliser le MacBook comme un iPad, et c'est un peu sa raison d'être : un MacBook qui se suffit à lui-même. Et ça, il faut admettre qu'il le fait plutôt bien, avec toutefois quelques défauts gênants.
L'usage du trackpad Force Touch est un bonheur au point qu'on aimerait qu'il soit généralisé à l'ensemble des MacBook (et ça en prend le chemin). Même si les usages logiciels sont encore un peu forcés (désolé), Apple reste le champion en titre des trackpads parfaitement réalisés et intégrés au système.
Le clavier, en revanche, appelle à un jugement beaucoup plus réservé. On avait tout lu et son contraire à son sujet, et n'exagérons rien : ceux qui lui reprochaient d'être à peine plus confortable qu'un clavier virtuel étaient à côté de la réalité. Toutefois, si on finit par s'habituer à la course des touches et leur côté très sec, ça n'est jamais aussi agréable qu'un « vrai » clavier, et sur de longs textes - le présent test a été écrit intégralement sur le MacBook - la frappe est légèrement pénible sur la durée.
On s'inquiétait légitimement des performances au quotidien d'un Mac équipé d'un Core M et d'un écran Retina, et il faut bien admettre qu'on avait plutôt raison. En fait, plus que la partie CPU, c'est surtout la partie graphique qui nous paraît sous-dimensionnée pour gérer la résolution de l'affichage.
Et alors qu'on a enfin un MacBook Pro 13 pouces presque parfaitement fluide depuis le passage à Broadwell, le MacBook donne l'impression de faire un saut dans le temps, cette fois-ci dans le passé. L'interface accroche fréquemment, et en particulier lors des animations de Mission Control ou Launchpad.
Est-ce que ça rend l'utilisation du MacBook gênante ? N'allons pas jusque là. Sur un usage standard, proche de celui qu'on aurait d'un iPad, ça se fait sans accrocs. Néanmoins, on a le sentiment qu'on ne peut jamais vraiment le pousser, et quand on passe notamment de Safari à Chrome, on déchante fortement niveau utilisation du CPU.
Performances[/anchor]
En poussant le Core M de la version de base, que nous avons eue à disposition, on s'aperçoit qu'on ne peut pas le pousser bien loin ! On s'y attendait : les performances CPU, que ce soit sous Cinebench ou Geekbench, sont un cran en-dessous de MacBook Pro ou Air récents. Qu'est-ce que ça signifie en pratique ? Que sur des tâches lourdes, mobilisant fortement le CPU, vous devrez attendre quelques secondes de plus.Par exemple, en exécutant le test Photoshop Benchmark V3, qui exécute une suite de filtres sur une image de 7 000 x 5 443 pixels, il fatigue assez rapidement par rapport à un MacBook Air 2013, équipé d'un Core i5 à 1,3 GHz, qui termine le test en 247 secondes, contre 284 sur le MacBook.
Du côté des jeux, ça n'est guère mieux, si vous comptez jouer de manière fluide, même à des titres assez anciens comme Batman Arkham City. En niveau de détail moyen et définition 1 280 x 800, on peine à atteindre 23 FPS, et on bute très vite sur le problème de chauffe du Core M, qui fait descendre la cadence autour de 18 FPS dans les mêmes conditions.
Évidemment, ces tâches ne sont pas représentatives de l'usage standard que l'on pourra avoir de ce portable, qui est fait pour la bureautique, le surf, et les tâches de retouche ou de montage les plus légères, ce sur quoi il s'en tire relativement bien. En revanche, si vous comptiez avoir de la marge - on aime toujours avoir le portable qui permet de faire un peu plus que ce pour quoi il est fait - vous risquez de déchanter. Clairement, le MacBook ne révèle pas de performances insoupçonnées.
On termine tout de même sur un point positif : sans être au niveau du dernier MacBook Pro 13 pouces, le SSD du MacBook atteint de très bons débits en lecture et en écriture, similaires à ceux d'un MacBook Air 2013.
Autonomie[/anchor]
Apple est généralement prévisible dans l'autonomie de ses portables. Comme les MacBook Pro 13 pouces avant la mise à jour de 2015, il offre, selon le constructeur, 9 heures de surf sans fil.Les conditions de notre test d'usage web / iTunes (écran à 80 %, son à 50 %, lecture d'une playlist iTunes au format AAC 256 kbps, surf avec Safari et Flash Player installé) usent la batterie du MacBook en 6 h... Et c'est ce qu'on obtenait sur la version 2013 du MacBook Pro 13. On avait réussi à tirer une bonne heure de plus avec l'édition 2015, ce qui correspondait également aux légers progrès annoncés par le constructeur.
Un résultat satisfaisant, donc, mais clairement en-dessous du MacBook Air 13 pouces qui reste le Mac le plus endurant. Comme quoi, l'ancienne génération n'est pas « obsolète » sur tous les points.
Notre avis[/anchor]
On a beaucoup parlé du MacBook comme « le futur des portables ». Sur certains points, ça peut être vrai : l'USB-C est sans doute le futur de la connectique, et on espère que dans quelques années, on arrivera à obtenir de bonnes performances - durables - avec un processeur qui n'a pas besoin d'être refroidi.
Aujourd'hui, cette affirmation se heurte tout de même à la réalité. Le MacBook n'est pas un prototype ou une vitrine technologique, c'est un produit, disponible en magasin (enfin, censé l'être !), qui souffre de beaucoup trop de compromis pour être vraiment attractif, surtout à son prix européen de 1449 euros, gonflé par le récent réajustement des tarifs d'Apple par rapport au cours de l'euro.
Le petit dernier d'Apple ne manque pas de qualités. Sa finesse, ses dimensions optimisées au maximum, son écran impeccable et son excellent trackpad à retour haptique sont une nouvelle preuve de la maîtrise de la firme de Cupertino. L'autonomie est en dessous des derniers MacBook Pro et Air 13 pouces, mais permet de se passer de chargeur pendant une journée de travail. C'est un ordinateur très séduisant, qui suscite spontanément des « NEED ! » de la part de tous ceux qui l'approchent.
On fait malheureusement très vite connaissance avec ses défauts. La connectique ne permet pas de brancher quoi que ce soit, à l'heure où nous écrivons ces lignes, sans passer par un adaptateur qui n'est pas dans la boite, et l'absence de prise dédiée pour la recharge le condamne à un usage de type iPad : utilisez-le pendant la journée, et rechargez-le pendant la nuit ! Il existe bien une solution avec l'adaptateur USB-C vers HDMI (ou VGA), un petit pavé commercialisé au tarif un peu élevé de 89 euros.
Ce qui manque - ne demandons même pas qu'il soit fourni - c'est un juste milieu. Il existe un adaptateur USB-C vers USB nettement plus abordable... Mais dénué de second connecteur USB C qui permettrait de le recharger tout en utilisant un périphérique externe. En contrepartie, l'USB-C est un standard, et on peut au moins reconnaître un choix pertinent d'Apple, qui n'essaye pas d'imposer son propre connecteur comme elle le fait sur iOS. Si la dynamique prend, rien n'empêchera n'importe quel constructeur de proposer des adaptateurs, voire pourquoi pas des batteries externes faisant également office de hub.
Les performances sont logiquement en retrait par rapport à un MacBook Air, et en l'état ça ne laisse vraiment aucune marge de manoeuvre si on souhaite le pousser dans ses retranchements. Dans une moindre mesure, on reste assez sceptique sur le clavier, qui est une belle performance d'intégration, mais pas une solution idéale pour la saisie de longs textes. De retour sur un MacBook Air, on retrouve avec plaisir la course plus ample de ses touches.
Comme pour le MacBook Air, il est fort probable que dans deux ans, ces défauts ne soient qu'un mauvais souvenir. La première version du Air était tout aussi bridée, lente, et son prix était encore plus élevé. Si on voit clairement le portable que le MacBook peut devenir à terme, il n'est pas encore tout à fait à la hauteur de ses promesses.