Panasonic Lumix LX5
Le LX5 est confronté à la même situation délicate que le S95 de Canon, à savoir qu'il se présente lui aussi pour remplacer un illustre prédécesseur, le LX3, qui fut plébiscité par la quasi-totalité de ceux qui l'ont eu entre les mains. Et bien Panasonic a également opté pour une stratégie de mise à jour tout en douceur plutôt qu'une refonte radicale : on ne change pas une équipe qui gagne. Il y a cependant des nouveautés un peu plus consistantes que chez Canon, notamment au niveau de la pièce maîtresse, l'optique, qui s'allonge et passe ainsi à un 24-90 mm au lieu d'un 24-60 mm, toujours aussi lumineux (f:2,0 - 3,3, avec un f:2,8 à 60 mm comme sur le LX3). On notera aussi l'arrivée d'un grip un peu plus joufflu, d'une prise pour connecter un viseur électronique (le même que sur les GF1 et GF2) et quelques modifications sur les commandes, avec entre autre l'apparition d'une molette de réglage au dos de l'appareil. Des changements discrets mais plutôt positifs au final !
A gauche le LX3, à droite le LX5
Prise en main et ergonomie
Le LX5 offre une prise en main sans faille (pour un compact). Sa petite poignée grippée rend la tenue à une main assez stable, tandis qu'une deuxième main peut venir se saisir du barillet fixe d'objectif, légèrement proéminent. Sur ce dernier sont astucieusement disposées deux commandes servant à sélectionner le mode de mise au point et le ratio d'image. Notez concernant le ratio d'image que Panasonic utilise un capteur dit « multi-aspect », c'est-à-dire un CCD plus grand que nécessaire (11,3 Mpix pour des photos qui feront au maximum 10,1 Mpix) dans lequel chaque format va se découper avec autant de pixels que possible. Ainsi, quel que soit le ratio choisi, la résolution sera toujours optimum, et les formats 3:2, 4:3 et 16:9 conservent la même diagonale, donc le même angle de prise de vue (entre le 4:3 et le 3:2 par exemple, l'image perd en hauteur mais gagne en largeur). La densité de pixels reste à peu près la même puisque le capteur est physiquement un tantinet plus grand. Pas de bague rotative autour de l'objectif en revanche, c'est dommage.Poignée grippée et commandes sur le barillet de l'objectif
Sur l'agencement des commandes, Panasonic ne nous surprend pas. Il y a pas mal de chamboulements par rapport au LX3 mais assez peu comparé à d'autres appareils Panasonic. L'arrivée d'une part de la commande vidéo directe sur le dessus du boîtier et de la molette crantée cliquable pour les réglages photographiques et la disparition d'autre part de l'interrupteur prise de vue / lecture (remplacé par un simple bouton lecture) constituent une réelle progression ergonomique. Cependant, les boutons toujours aussi petits, avec la fonction écrite de la même couleur argentée que le bouton lui-même au niveau du pavé, et la faible zone de contact de la molette et le côté cliquable qui provoque des fausses manipulations viennent un peu freiner les ardeurs. Autre inconvénient : le boîtier plus gros que le Powershot S95 de Canon se glisse moins facilement dans une poche (voire pas du tout, selon la poche...). Et la présence d'un cache objectif amovible n'est pas non plus très bien vue : soit on l'utilise et on perd du temps à l'enlever et à le remettre, soit on le snobe pour aller plus vite mais on prend le risque d'endommager la lentille. Pour ce type d'appareil, à utiliser comme un bloc-note photo de façon furtive, un objectif comme celui du S95 se montre plus commode.
Commandes sur le dessus et à l'arrière de l'appareil
Sur le plan de l'interface, le constructeur reste fidèle à ses habitudes. On retrouve le très pratique Q.Menu, qui donne un accès rapide aux fonctions de base (effets photo, flash, balance des blancs, cadence de prise de vue, mesure d'expo, mode AF...), apparaissant dans un bandeau en haut de l'écran. Mais aussi le bien moins agréable menu principal, découpé en 3 onglets, dont deux renferment 7 pages d'entrées... un peu trop en vrac à notre goût, surtout quand il faut aller rechercher l'Exposition Intelligente en troisième page ou le bracketing en sixième page... Dernier point non négligeable : l'écran LCD est certes aussi bien défini que sur le S95 (460 000 pixels pour 3 pouces), il est en revanche nettement moins fidèle, tant en colorimétrie qu'en exposition, et procure un rendu vidéo déplaisant qui rend à peu près tout ce qu'il affiche moche. C'est embêtant...
Quick Menu et menu pricnipal
Performances : réactivité et objectif
Le LX5 se comporte bien dans l'ensemble. Certes, ça débute plutôt mal avec un allumage en un peu plus de 2 secondes (l'écran s'allume au bout de 1,5 s, l'autofocus devient réactif 6 dixièmes de seconde plus tard). Une mise en branle qui s'avère assez lente par rapport aux exigences d'utilisateurs experts (lapse de temps qui s'ajoute au retrait du cache objectif). Le LX5 met également la même durée à s'éteindre... Mais passés ces délais, il faut noter que l'appareil fait le point très rapidement : 0,4 s au mieux, latence de 0,15 s comprise, au grand angle comme au téléobjectif, en conditions normales (et 0,6 s dans le pire des cas). Par ailleurs, le LX5 enchaîne vue après vue de façon fluide (1,3 s entre deux déclenchements) et présente des temps de recyclage du flash relativement courts. Le point noir en revanche, c'est que la rafale véloce sur le papier (3 im/s), s'arrête à... 3 images ! Le buffer est ridiculement petit. Et notez que sur 3 images, le S95 atteint la cadence de 2,5 im/s, le LX5 n'a donc pas de quoi se vanter ici.L'objectif du LX5 s'est allongé, passant d'un 24-60 mm (soit 2,5 X) à un 24-90 mm (soit 3,75 X). Une excellente nouvelle, d'autant que la luminosité est inchangée. L'optique Leica reste grande-ouverte à f:2,0 à 24 mm et f:2,8 à 60 mm, tandis que la focale de 90 mm maintient une ouverture généreuse de f:3,3. Nous pouvions difficilement espérer mieux ! La stabilisation est bien sûre toujours de la partie, et rudement efficace comme à l'accoutumée. Maintenant la question, c'est de savoir si cet allongement de la plage focale ne s'est pas fait au détriment de la qualité d'image. Et là, il y a quelques petites déceptions. Pas dans l'absolu, où l'objectif demeure bon, mais quand on compare le LX5 au S95 de Canon... Les images sont globalement moins piquées, et en particulier sur les bords aux grandes ouvertures, à toutes les focales. Rien de désastreux mais la différence est flagrante. Le bon point, c'est que les meilleurs résultats sont obtenus au centre à 24 mm à f:2,0. Simplement, la belle netteté alors affichée n'est jamais retrouvée par la suite, c'est dommage. Enfin, sauf aux grandes ouvertures, l'homogénéité est plutôt bonne.
Piqué obtenu au centre à 24 mm à f:2,0, f:5,6 et f:8
Piqué obtenu sur les bords à 24 mm à f:2,0, f:5,6 et f:8
Piqué obtenu au centre à 48 mm à f:2,8, f:5,6 et f:8
Piqué obtenu sur les bords à 48 mm à f:2,8, f:5,6 et f:8
Piqué obtenu au centre à 90 mm à f:3,3, f:5,6 et f:8
Piqué obtenu sur les bords à 90 mm à f:3,3, f:5,6 et f:8
Côté distorsion, le zoom 24-90 mm se comporte exactement comme on l'attendait : il déforme beaucoup à 24 mm, commence à se rattraper à mi-parcours (mais déforme encore pas mal pour la focale) et offre une image assez neutre à 90 mm. Par ailleurs, l'objectif de conception Leica résiste très bien aux aberrations chromatiques. A f:2,0, il n'est pas impossible d'en apercevoir mais elles restent discrètes et disparaissent systématiquement dès qu'on ferme un peu le diaphragme.
Distorsion à 24 mm, 55 mm et 90 mm
Qualité d'image et hautes sensibilités
Comme pour le Powershot S95 de Canon, le LX5 n'a pas intérêt à se planter ici... et en même temps, il y a peu de chances que ça lui arrive, puisqu'il reprend le même capteur que le LX3. On notera toutefois que le processeur de traitement d'image a changé, passant au Venus Engine FHD, dernière puce en date du fabricant. Alors ? Et bien il les résultats du LX5 sont assez semblables à ceux du S95 en termes de qualité, avec une approche toutefois légèrement différente. Là aussi, les images restent très propres jusqu'à 400 ISO, seulement avec un peu moins de détails. Là où Canon laisse passer un peu de bruit de luminance pour préserver de la matière, Panasonic préfère filtrer davantage : l'image est alors plus lisse mais un peu moins fouillée. A 800 ISO, le LX5 commence à gommer les détails fins mais les images restent exploitables. La différence avec le S95 devient plus marquée à 1 600 ISO et 3 200 ISO où le compact de Panasonic s'attaque au bruit de façon plus destructive. De toute façon, il faudra ici se limiter à des utilisations modestes : affichage à l'écran et sortie en-dessous du A4 à 1 600 ISO, et 10 x 15 cm maximum à 3 200 ISO. Quant aux modes 6 400 et 12 800 ISO proposés en 3 Mpix, ils ne sont que des arguments marketing...Extrait 1 à 100 % à 80, 100, 200, 400 et 800 ISO
Extrait 2 à 100 % à 80, 100, 200, 400 et 800 ISO
Extrait 1 à 100 % à 1 600 et 3 200 ISO, puis extrait 2 dans les mêmes conditions
Juste pour rigoler, voilà ce que le LX5 donne à 12 800 ISO
Maintenant, deux précisions s'imposent. Déjà, en-dessous de 400 ISO, l'écart entre LX5 et S95 ne se joue à pas grand-chose (comprenez que la différence n'est visible qu'en scrutant les images au peigne fin). Et ensuite, pour les sensibilités supérieures, le LX5 propose différents degrés de NR (Noise Reduction). Le réglage sur cinq niveaux permet précisément d'agir sur cet équilibre entre préservation des détails et lissage du bruit, une flexibilité appréciable. A 1 600 et 3 200 ISO, il sera particulièrement intéressant de jouer sur le niveau de NR.
Extrait 1 à 100 % à 1 600 ISO avec NR -2, NR 0 et NR +2
Extrait 2 à 100 % à 1 600 ISO avec NR -2, NR 0 et NR +2
A considérer les autres critères d'évaluation de la qualité d'image du LX5, force est de constater que la balance des blancs automatique se montre assez hasardeuse. Sur notre scène de tests éclairée avec une lumière constante, les clichés exhibent une dominante verte évidente. Les portraits sans flash révèlent quant à eux des teintes chair qui tirent sur le magenta. Et la plupart du temps, la balance ressort plus froide que nécessaire. Tout cela peut bien sûr se maîtriser de façon manuelle, pourquoi pas en Kelvin avec affinage sur un double axe Vert/Magenta Ambre/bleu, mais c'est tout de même embêtant puisque la colorimétrie en pâtit. Pour le reste, le LX5 se débrouille parfaitement bien. La mesure d'exposition s'avère tout à fait efficace (on apprécie toujours autant la commande « AE/AF Lock ») et le flash, certes peu puissant, est bien dosé.
Fonctionnalités et vidéo
Dans ce domaine, le LX5 prend l'ascendant sur le S95. Déjà il dispose d'une griffe porte-flash (utilisable aussi pour le viseur électronique optionnel) et accepte les compléments d'optique : l'évolutivité n'en est que meilleure. Ensuite, il offre deux modes C programmables, accessibles directement depuis le sélecteur. Le LX5 rassemble par ailleurs davantage de fonctions, comme le bracketing de balance des blancs et l'exposition multiple, ou encore les traitements «I. Résolution » et «Exposition I.». Le premier est apparu avec le processeur Venus Engine FHD et consiste en un renforcement localisé de la netteté (paramétrable sur 4 niveaux) : le résultat est peut-être plus subtil qu'un simple effet netteté mais il n'y a rien là de mirobolant. Le second déjà bien connu consiste en un algorithme d'extension de la plage dynamique : efficace pour récupérer de la matière mais il faut bien doser (4 niveaux là-aussi) !Photo sans dynamique étendue, puis avec réglée sur moyen et maximum
Extraits de notre scène sans puis avec «I. Résolution» réglée sur élevée
Extraits de notre scène sans puis avec «I. Résolution» réglée sur élevée
Reste bien sûr la vidéo, où le LX5 se montre tout à fait à l'aise. Rien d'étonnant de la part d'un appareil Panasonic, le constructeur mettant clairement l'accent sur la capture d'images animés depuis longtemps. Le LX5 propose ainsi un encodage en AVCHD pour des films à regarder directement sur un téléviseur, ou en Motion Jpeg pour dérusher sur ordinateur. La qualité maximum livre des fichiers en 1 280 x 720 pixels, à 30 im/s et avec un débit d'environ 25 Mbit/s (en M-Jpeg). Ce sont donc des images de très bonne facture (mais un son en mono...), d'autant plus agréables à regarder que l'appareil autorise une utilisation fluide du zoom optique et que l'autofocus et la stabilisation fonctionnent bien. Le S95 n'a qu'à bien se tenir...
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