Le ministre délégué en charge du Numérique a annoncé ce dimanche l'arrivée d'un dispositif de certification qui devrait enfin bloquer l'accès aux sites pornographiques pour les mineurs.
« Ce n'est pas trop tôt », comme dirait l'autre. Après une bataille de deux ans et demi qui a démarré après le vote de la loi du 30 juillet censée obliger les sites pornographiques à mettre en place des procédures pour fermer leur accès aux mineurs, la France va enfin imposer un dispositif de certification de l'âge. L'information a été confirmée par le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, dans les colonnes du Parisien.
Une « attestation numérique » réclamée aux visiteurs de sites porno ?
« En 2023, c'est la fin de l'accès aux sites pornographiques pour nos enfants », explique le ministre. Le message est on ne peut plus clair et préfigure de ce que le gouvernement va annoncer cette semaine, avec un dispositif dont les premiers détails ont été annoncés, mais qui sera plus largement dévoilé.
Ce que l'on sait à ce stade, c'est que la solution de l'attestation numérique a été retenue par le gouvernement. Ses détails techniques ne sont pas encore finalisés, selon le ministre délégué, mais l'intérêt est ici de s'assurer de l'âge de l'internaute tout en préservant son anonymat, que ce soit auprès du supposé tiers de confiance, de la plateforme de contenus pornographiques, mais aussi des FAI.
« Des opérateurs télécoms, qui disposent de l'âge de leurs clients, pourraient par exemple être dans la boucle », lit-on dans Le Parisien. Des explications claires sont notamment attendues sur la question des données personnelles, au vu du nombre d'acteurs potentiellement ajoutés à cette « boucle ».
Le fruit d'une longue bataille
Aujourd'hui, les sites porno n'imposent qu'une très modeste barrière à l'entrée, facilement franchissable, puisqu'elle repose sur un ou deux clics. Ceux-ci consistent souvent à cocher une case ou à appuyer sur un bouton signifiant simplement que l'utilisateur est majeur.
Plusieurs plateformes souvent installées à l'étranger, comme Pornhub, Tukif, Xvideos, YouPorn ou Xnxx, ont déjà été dans le collimateur des autorités françaises. Certaines ont même été mises en demeure par l'ARCOM, qui demande depuis trop longtemps à ces sites de fermer leur accès aux mineurs grâce à des solutions sécurisées, comme la fourniture d'une carte bancaire avec une transaction à zéro euro. Cette option est d'ailleurs suggérée par la CNIL.
En Louisiane, la loi oblige les internautes à présenter une copie de leur carte d'identité pour pouvoir entrer sur des sites pornographiques. Cette solution, en vigueur depuis le 1er janvier dans cet État américain, fut un temps évoquée en France. Cependant, le CSA (depuis avalé par l'ARCOM) avait, à l'époque, retoqué cette possibilité, n'étant pas favorable au partage d'un document d'identité.
Source : Le Parisien