Veolia Engie Suez

Satisfait de la proposition finale de Veolia, le conseil d'administration a fini par accepter sa proposition, lundi soir. Bruno Le Maire pointe du doigt « la précipitation » de l'opération, l'État ayant voté contre.

Les négociations s'étaient poursuivies jusqu'au 5 octobre, et c'est bien lundi soir qu'Engie a livré sa réponse et décidé d'accepter la proposition de Veolia faite initialement le 30 août dernier, de racheter les parts qu'elle détient dans Suez, soit 29,9% du capital de l'ex-Lyonnaise des eaux. Si Veolia s'en félicite, Suez qualifie encore cette opération d' « hostile ». Une position presque partagée par l'État, pas favorable sur la méthode.

Engie, comme attendu, a fini par céder aux avances de Veolia

Suez aura tout tenté, mais comme nous le pressentions, l'entreprise de gestion de l'eau et des déchets n'aura pas pu empêcher l'inéluctable. Lundi, Engie a répondu par l'affirmative à l'offre reçue de Veolia, ayant pris en considération « son engagement inconditionnel de ne pas déposer d'offre publique d'achat hostile à l'issue de l'acquisition de la participation d'Engie dans Suez ».

L'opération rapportera 3,4 milliards d'euros à Engie, qui pourra dégager une plus-value de 1,8 milliard d'euros avant impôts et enregistrer le tout dans ses comptes 2020. Par celle-ci, Engie affirme gagner « en lisibilité » et renforcer « sa capacité d'investissements dans les énergies renouvelables et les infrastructures », le groupe étant orienté vers la transition énergétique.

Pour séduire Engie, Veolia avait revu sa proposition à la hausse financièrement et sur le plan structurel, avec la garantie de sauvegarder la totalité des emplois et des avantages sociaux des salariés de Suez en France, le but de Veolia étant de déposer une offre publique d'acquisition volontaire de Suez pour former le « champion mondial de la transformation écologique ». Pour Antoine Frérot, P.-D.G. de Veolia, « c’est une magnifique opportunité pour les salariés, les clients et les actionnaires des deux groupes, et c’est un projet qui sert la France et qui sert la planète ».

L'État n'a pas pesé

Suez n'en démord pas et n'est toujours pas convaincue par l'approche de Veolia, qu'elle juge toujours inamicale. Le groupe estime que la reprise des parts d'Engie s'est faite « dans des conditions hostiles et irrégulières ». Il annonce, en outre, sa volonté de tout mettre en œuvre pour préserver les intérêts de ses salariés et clients, et ainsi « éviter une prise de contrôle rampante ou un contrôle de fait ».

Le soutien de l'État n'aura donc pas été suffisant pour Suez. À la tête de 23,6% du capital d'Engie, elle a bien tenté de s'opposer à la tentative de Veolia en faisait voter contre son représentant au conseil d'administration.

L'appel au dialogue lancé par Bruno Le Maire il y a quelques jours n'aura pas fait mouche. Aujourd'hui, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance regrette l'issue de l'opération, qui « ne fonctionnera pas » selon lui, visiblement pas convaincu par ce qu'il appelle lui-même un « mariage de force ». En outre, Bruno Le Maire déplore une certaine « intransigeance » chez Suez, qui n'a jamais été ouverte au dialogue, tout en pointant du doigt la « précipitation » de Veolia. Si Suez va essayer d'empêcher le rachat sur le plan juridique, la machine semble pourtant lancée…

Qu'en pense-t-on chez Clubic ?

Comme nous l'avions prédit, il n'y aura pas eu de retournement de situation. Le fait d'avoir envoyé un semblant d'acquiescement à l'offre de Veolia tout en demandant un délai supplémentaire pour se prononcer laissait clairement entendre, la semaine passée, qu'Engie allait céder. Le groupe énergétique fait une opération financière très intéressante avec l'entrée de liquidités. L'État, lui, actionnaire d'Engie, reçoit une gifle en n'ayant pas eu l'influence escomptée auprès des différents acteurs de l'opération. Jean-Pierre Clamadieu, patron d'Engie, avait de toute façon prévenu les députés quelques jours plus tôt. L'offre était trop alléchante.

Source : Engie