Vue d'artiste d'un satellite OneWeb en orbite. Crédits OneWeb
Vue d'artiste d'un satellite OneWeb en orbite. Crédits OneWeb

Les potentiels repreneurs ont jusqu'à demain pour déposer leur dossier. La constellation de connectivité en orbite basse OneWeb, malgré ses 74 satellites en orbite, aura besoin de lourds investissements.

Selon Les Echos, aucun acteur européen n'a pu construire de dossier solide pour reprendre la société, qui a déposé le bilan en mars dernier.

À l'arrêt, en attendant mieux…

Le 27 mars dernier, incapable de débloquer de nouveaux fonds de la part de Softbank pour soutenir la production, la mise en orbite et le déploiement des antennes au sol pour sa nouvelle constellation, OneWeb déclarait faillite. Selon la loi américaine, la firme est placée sous la protection du « chapitre 11 » qui empêche une liquidation pure et simple. Les opérations courantes (comme la surveillance des satellites) peuvent ainsi se tenir normalement, mais toute dépense est passée au crible par le tribunal et les investissements supplémentaires sont interdits.

Les repreneurs qui seraient intéressés par tout ou une partie de OneWeb ont jusqu'au 26 juin pour déposer leur dossier. On pourrait croire qu'avec 74 satellites en orbite, une joint-venture pour l'usine de production avec Airbus en Floride et des attributions de fréquences avantageuses, le dossier de faillite est alléchant… Mais le cas OneWeb est complexe.

S'offrir OneWeb a un coût

D'abord, pour acquérir OneWeb dans son intégralité et tenter de finaliser la constellation, il faudra beaucoup d'argent. Déployer les satellites, installer les antennes, signer des accords de coopération avec les opérateurs au sol… Tout cela coûtera plusieurs milliards de dollars (entre 2 et 3,5 selon les sources).

De fait, les 74 satellites ne sont aujourd'hui pas suffisants pour assurer une couverture, même minimale, pour des services, et pire, 68 d'entre eux sont aujourd'hui « en attente », loin de leur orbite opérationnelle à 1 150 km d'altitude. Il faudrait donc dix décollages de Soyouz et environ 18 mois pour réussir à démarrer le service commercial. Son concurrent, SpaceX envoie pratiquement 120 satellites en orbite chaque mois pour sa constellation Starlink.

Malchance supplémentaire, l'agenda n'est pas favorable à un investissement massif : la crise économique liée au COVID-19 sape la trésorerie des grands opérateurs… D'autant plus que ceux implantés aux Etats-Unis viennent d'investir dans la réorganisation de leurs moyens de communications par satellites en bande C (afin de laisser la place à la 5G).

Deux décollages de "grappes" de satellites OneWeb ont eu lieu depuis le début d'année. Les décollages suivants dépendront de la reprise ou non de l'entreprise. Crédits Roscosmos
Deux décollages de "grappes" de satellites OneWeb ont eu lieu depuis le début d'année. Les décollages suivants dépendront de la reprise ou non de l'entreprise. Crédits Roscosmos

Ni chinois… Ni européens ?

Le sort de OneWeb sera donc scellé dans quelques semaines, et d'après Les Echos il n'y aura aucune offre de rachat venant des géants européens du secteur.

Une occasion manquée ? Peut-être, car les quatre constellations de connectivité « mondiales » annoncées pour l'instant en orbite basse (OneWeb, Starlink de SpaceX, Kuiper d'Amazon et celle de Telesat) sont toutes basées sur le continent américain.

Surtout, les européens avaient déjà un « pied » dans l'aventure OneWeb, avec Airbus et de nombreux sous-traitants comme Sodern côté satellites, mais aussi avec Arianespace, qui devait se charger de la mise en orbite des satellites. Malheureusement ni Airbus, ni Thales ni Eutelsat, un temps intéressé, n'auraient déposé de dossier. Or, dans ce domaine aérospatial, inutile de tenter de s'implanter sur un nouveau marché avec cinq années de retard.

Reste à savoir si le tribunal autorisera un contrôle chinois sur ce type d'entreprise (on peut en douter compte tenu du contexte, et des voix se sont déjà élevées en ce sens), si un acteur américain de l'aérospatiale a fait une offre, ou si OneWeb sera dépecée, au plus offrant. L'achat des fréquences réservées, qui semblent être les éléments les plus lucratifs à cette date, font des envieux…

Source : Les Echos