Pourquoi Red Hat et CentOS font cause commune

Anicet Mbida
Publié le 10 janvier 2014 à 16h30
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Chaque semaine, Anicet Mbida nous livre son avis sur l'actualité numérique.
La nouvelle a de quoi surprendre. Red Hat, éditeur de la distribution Linux éponyme, a décidé de participer activement au développement de... son propre clone : CentOS. Que la licence GPL permette à CentOS de disposer du code source de Red Hat, on comprend. Mais que l'intéressé lui facilite délibérément la tâche. Il y a de quoi s'interroger.

Pour mémoire, CentOS offre l'étendue fonctionnelle de Red Hat Entreprise Linux sans avoir à payer le binaire et le support. Ce n'est pas par hasard qu'il est baptisé le « Red Hat Gratuit ». Ni qu'il est devenu très populaire chez les hébergeurs et tous ceux qui sont plus riches en expertise Linux qu'en capital.

Alors, que manigance Red Hat ? Se prépare-t-il à par faire payer les utilisateurs de CentOS ? Apparemment non ! L'éventualité a vite été balayée dans la FAQ de l'accord. CentOS restera une distribution indépendante, proche de Red Hat Enterprise Linux, mais avec un support communautaire gratuit. Ce point crucial évacué, le partenariat apparait finalement assez logique.

Selon moi, l'objectif est d'ancrer la souche Red Hat dans les esprits pour mieux concurrencer Oracle, Ubuntu et Windows. De gagner en « mindshare » comme disent les anglo-saxons. Cela me rappelle Adobe et Microsoft qui ont longtemps fermé les yeux sur le piratage. De fait, quand quelqu'un utilise votre logiciel, il n'utilise pas celui du concurrent. Alors certes, vous ne gagnez pas d'argent s'il ne paie pas. Mais le concurrent non plus. Sauf qu'à terme, votre produit dope sa notoriété, ses utilisateurs accumulent de l'expérience et finissent par devenir captifs. Donc, si un jour, ils se décident à passer à la caisse, vous serez en première ligne pour tirer les bénéfices.

Imaginez si Oracle avec conclu le même accord

La stratégie est la même pour Red Hat. Beaucoup de passionnés ont fait leurs classes sur CentOS. Quand ils chercheront une certification ou que leur employeur demandera un support technique professionnel. Vers qui vont-ils se tourner ? Probablement pas vers Ubuntu. Passer de CentOS à Red Hat Enterprise Linux ne demande que quelques changements de repository et la mise à jour de packages spécifiques. Pas besoin de réinstaller le système. J'imagine qu'avec cet accord, le processus deviendra encore plus fluide. Imaginez le camouflet pour Red Hat si Oracle avait conclu le même accord.

CentOS a aussi beaucoup à gagner. Un gros chèque pour ses développeurs, bien sûr. Mais aussi une tranquillité d'esprit. Souvenez-vous des multiples retards de la version 6 sur l'édition Red Hat correspondante. En travaillant main dans la main, ce type d'écueil pourra être évité. Peut-être même que les mises à jour de sécurité arriveront désormais rapidement et régulièrement. Une bonne chose pour la communauté.

Enfin, n'oublions pas que les équipes CentOS ont toujours travaillé avec celles de Red Hat. Chaque bug, chaque amélioration étaient remontés. Pas simplement par bonté désintéressée, mais parce qu'il est plus simple de repartir d'une version officielle, à jour de ses modifications, que de devoir appliquer les patchs soi-même. En s'aidant mutuellement sans le savoir, CentOS et Red Hat se sont bonifiés l'un l'autre. C'est cette collaboration qui semble avoir été officialisée par l'accord. Rapprocher les deux communautés pour mieux combattre un ennemi commun.
Anicet Mbida
Par Anicet Mbida

On me présente souvent comme le vétéran de l'informatique et des nouvelles technologies. Ma plus grande fierté ? Avoir gagné le concours des "Deux Lignes" d'Hebdogiciel dans les années 1980 et d’avoir développé des jeux pour UbiSoft quand ils étaient encore installés à Créteil dans le Val de Marne. C’est totalement par hasard que j’ai bifurqué journaliste informatique en 1994, dans un titre de presse professionnelle qui plus est (01 Informatique). Une formidable expérience qui m’a permis de commenter toutes les transformations de ces vingt dernières années et d’interviewer les plus grands : Steve Jobs, Bill Gates, Andy Grove, John Chambers, Larry Ellisson, etc. Ce qui me passionne ? L’impact social des technologies : la façon dont Internet a changé notre façon de draguer, d’acheter, de s’informer ou de se distraire. Ce portable, dernier objet que l'on regarde avant de se coucher, le premier au réveil. C’est probablement pourquoi j’ai créé la chronique Culture Geek sur BFM TV en 2009. Et même si certains ne me connaissent aujourd'hui qu'à travers ce miroir grossissant de la télévision, l’essentiel de mon métier, de mon ADN, a toujours été lié à la presse écrite. Hier comme rédacteur en chef adjoint de 01Net et de 01 Business et Technologies, aujourd'hui comme Rédacteur en Chef de Clubic Pro. N’hésitez pas à me contacter. J’essaie, dans la mesure du possible, de répondre à tout le monde.

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