Le site américain, qui était sous le coup d'une enquête de la DGCCRF, va désormais avoir affaire à la justice française.
Depuis plus d'un an, les enquêteurs de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont enquêté sur les pratiques de la société américaine Contextlogic Inc., basée à San Francisco, qui exploite le site aux millions de visites mensuelles, Wish.com. L'administration française accuse le site de pratiques commerciales trompeuses et le soupçonne de contrefaçon. Elle annonce, ce lundi 30 novembre, avoir transmis ses conclusions au Procureur de la République rattaché au tribunal judiciaire de Paris.
La DGCCRF a constaté de nombreuses tromperies et annonces illicites
Wish, c'est une plateforme de commerce en ligne qui vante le « Acheter en s'amusant », en pratiquant des promotions qui parfois dépassent l'entendement, pouvant aller jusqu'à 90%, et ce tout au long de l'année. Malgré les alertes lancées par certains influenceurs et acteurs du e-commerce depuis plusieurs années, le site revendique détenir une base de plus de 500 millions d'utilisateurs, avec plus de 9 vendeurs sur 10 directement installés en Chine.
Le Service national des Enquêtes de la DGCCRF, qui se penche depuis de longs mois sur les agissements de la place de marché, a constaté plusieurs pratiques commerciales trompeuses, comme le fait de proposer aux utilisateurs des promotions extrêmement attractives, pour ne pas dire alléchantes, mais « dénuées de toute réalité économique », puisque celles-ci sont calculées sur la base de prix de référence trompeurs.
La DGCCRF s'est aussi aperçue que des produits apparaissent sur la marketplace Wish alors même que certains ne sont pas disponibles sur la plateforme. L'administration fait également apparaître dans son procès-verbal une liste de produits mis en valeur par des logos et signes distinctifs appartenant à des marques déposées notoires, marques qui ne sont pas présentes sur la plateforme. C'est le cas, notamment, de marques de sport, ou de parfums prestigieux, comme l'indique la répression des fraudes. L'emploi de l'anglais, quasi-systématique sur la version française de Wish, est aussi pointé du doigt par la DGCCRF.
L'entreprise qui exploite Wish risque des dizaines de millions d'euros d'amende
La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes prévient que de telles pratiques, si elles venaient à être confirmées par le juge judiciaire, seraient tout à fait graves puisqu'elles peuvent, au quotidien, induire les consommateurs en erreur, et se livrer à une concurrence déloyale envers les autres commerçants, notamment ceux faussement représentés sur la marketplace.
Si le juge atteste des faits reprochés par la DGCCRF, l'entreprise Contextlogic, qui exploite le site Wish.com, risque une forte amende, pouvant aller jusqu'à 10% du chiffre d'affaires annuel de l'entreprise, à hauteur, donc, de plusieurs dizaines de millions d'euros, conformément aux dispositions du code de la consommation.
Le site Wish avait déjà été épinglé pendant le premier confinement, comme le rappelle le secrétaire d'État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques Cédric O, pour avoir vendu des masques ne respectant pas les normes. « Les Français(ses) qui utilisent l'application pour y trouver du low-cost doivent savoir qu'ils y trouveront surtout des arnaques », a prévenu le secrétaire d'État sur Twitter.
Source : DGCCRF