Les univers du sport et du numérique s'étaient donné rendez-vous, jeudi 26 juin, au stade Jean Bouin à Paris, pour l'édition 2014 de Sport Numericus. Ce format, mis sur pied par Serge Valentin, ancien entraîneur de l'équipe de France de planche à voile, offre la possibilité à quelques start-up de se faire connaître.
Dans l'allée des exposants, où campaient aussi quelques habitués, une effervescence toute particulière était palpable au stand de la société Vogo. Peut-être parce que la start-up faisait face à la montée des escaliers. Ou bien parce qu'elle semblait répondre à un besoin des amateurs de sport : revoir des phases d'un match ou d'un jeu en vidéo, au ralenti, sur son smartphone et depuis sa chaise au sein d'une enceinte sportive.
Christophe Carniel, son PDG, n'en est pas à son premier coup d'essai. En 1993, il a lancé le logiciel de gestion et de diffusion de contenus audiovisuels Netia, utilisé aujourd'hui par Radio France, la BBC ou Eurosport. Passionné de sport, il explique avoir la « frustration de louper des actions » lorsqu'il se rend dans un stade, concluant finalement que l'expérience est parfois meilleure à la maison, dans son canapé, devant sa TV.
Vogo fonctionne comme une radio
Lors des derniers championnats d'Europe de judo, Vogo a montré qu'il pouvait résoudre ce problème. Comment fait-il ? Dans cet exemple, les quatre caméras chargées de capter l'événement envoient leurs flux respectifs aux spectateurs équipés de l'application Vogo. La transmission s'effectue via Wi-Fi multicast, afin d'éviter les perturbations d'une connexion 3G ou 4G possiblement affectée par le nombre de requêtes.« Pour éviter la saturation, nous diffusons les vidéos à tout le monde, en tâche de fond. Un peu comme en radio. D'ordinaire, l'utilisateur interroge le serveur, qui lui renvoie la vidéo. Mais ce n'est pas économe en bande passante et cela touche à ses limites, passé un certain nombre de requêtes », détaille Christophe Carniel, qui assure que sa diffusion multipoint supporte jusqu'à huit flux vidéo pour 30 000 personnes.
Au bout du compte, l'utilisateur peut voir le match en direct au travers de son smartphone, mais la vraie utilité est de revenir sur une action qui aurait été trop rapide, trop éloignée pour être lisible à l'œil nu, ou trop belle pour ne la voir qu'une fois. Quand on demande à son concepteur si cette technologie suffit à enrichir une expérience sportive, il sourit et concède avoir « plein d'idées en tête ». On pense à l'ajout de fonctions sociales, de données sur les performances des athlètes, sur les statistiques de jeu, et d'autres.
Pour les organisateurs et les marques
Vogo a couvert plusieurs événements sportifs ces derniers mois, comme la finale du championnat de France de water-polo, « avec des caméras sous l'eau » et celle de kitesurf. L'application est disponible gratuitement, « un peu ambitieux », pour le PDG, mais il ne manque pas d'idées de monétisation : vendre ses services à un organisateur de compétition, afficher des publicités dans l'application, proposer sa technologie en marque blanche et, quand il aura atteint la masse critique, revendre les données comportementales des utilisateurs.Christophe Carniel considère avoir prouvé l'efficacité de sa technologie, pour laquelle il a déposé un brevet, et la pertinence de son modèle. Financée sur fonds propres jusqu'à présent, la société montpelliéraine et ses cinq salariés et quatre collaborateurs envisage maintenant de lever des fonds, pour « passer à l'échelle ». Encourageant, Vogo a été distinguée comme « start-up sportive numérique de l'année » à Sport Numericus.
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