UberPOP est dans l'œil du cyclone. Le service permet à des particuliers de rentabiliser leur voiture en se transformant en chauffeur privé - sans qu'il s'agisse toutefois de covoiturage, comme en a décidé la justice à la mi-octobre, condamnant la société Uber à 100 000 euros d'amende. Ce vendredi, le californien a comparu devant le tribunal de commerce de Paris, où il a été assigné par des concurrents pour « pratiques déloyales ».
Mise à jour : Un « sursis » d'une semaine a été accordé à Uber. Guillaume Maigret, le vice-procureur, considère qu'Uber « viole la loi de manière assumée ». Une nouvelle audience se tiendra le 28 novembre.
Miser à jour 2 : La seconde audience devant se dérouler ce vendredi a bien eu lieu. D'après Le Monde, elle était notamment consacrée aux « très nombreuses questions de procédures soulevées par Uber au moyen de plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité ». Mais le tribunal rendra sa décision le 12 décembre.
Alors qu'Uber avait déclenché le courroux des chauffeurs de taxi à son arrivée, il affronte cette fois la fureur d'un de ses propres confrères, LeCab, mais aussi de deux filiales de Transdev, l'un des principaux opérateurs de transport public au monde. Soutenues par des associations et syndicats de taxis (!), elles appellent à la fin des activités d'UberPOP en France, assortie dans le cas contrainte d'une astreinte de 250 000 euros par jour.
Uber lance une pétition
Uber a choisi de répliquer sur le terrain des réseaux sociaux, en partageant et en invitant à faire circuler une pétition qui a reçu plus de 50 000 signatures lors de l'écriture de ces lignes. L'américain rappelle qu'UberPOP est utilisé par 160 000 personnes régulières dans six villes, sur une base totale d'un demi-million d'usagers.« La solution de transport entre particuliers UberPOP, attaque la société de Travis Kalanick, est aujourd'hui menacée par les attaques en justice du groupe Transdev, qui jouit depuis des décennies d'une situation de quasi-monopole sur les transports collectifs français, ainsi que celles de plusieurs syndicats de taxis. » Uber craint que la décision de justice « mette en danger la mobilité partagée et l'innovation dans le transport ».
L'américain profite de cette pétition pour égratigner au passage son ennemi préféré, les taxis, estimant que « ces attaques s'appuient sur une loi votée en urgence cet été, sous la pression de lobbies cherchant à protéger leur rente, et au détriment des consommateurs qui n'ont pas été consultés ». Uber fait ici référence à la loi Thévenoud, définitivement adoptée en octobre, et visant à « mieux encadrer » la profession des VTC.
UberPOP interdit en Belgique
Ce texte avait vocation à préserver les avantages des taxis traditionnels en interdisant aux véhicules de tourisme avec chauffeur d'être repérés par leurs clients avec leur smartphone, ou en leur imposant un retour au siège de l'entreprise entre deux courses. Sauf que depuis, le débat s'est déplacé sur la « concurrence » entre VTC professionnels et les amateurs d'UberPOP. Dans un communiqué, LeCab estime qu'« UberPOP menace directement l'émergence et la pérennité d'offres innovantes alternatives à la voiture individuelle ».En d'autres termes, le plaignant craint que ses offres apparaissent comme moins compétitives sur le plan tarifaire. Comme nous l'expliquions en février, les courses avec UberPOP sont facturées 0,35 euro/min et 0,80 euro/kilomètre avec un minimum de 4 euros, contre respectivement 50 centimes, 1,25 et 12 euros pour une berline haut de gamme avec un chauffeur professionnel. Chez LeCab, le prix « est calculé en fonction des kilomètres parcourus et non du temps passé ». La prise en charge est facturée 8 euros, puis 2 euros/km.
Implanté dans 200 villes et 45 pays, Uber a vu son service de VTC particuliers interdit en Belgique en avril dernier. Pour le tribunal de commerce de Bruxelles, si UberPOP a été jugé illégal, c'est avant tout parce que les conducteurs ne disposent pas d'une licence de taxi. La semaine dernière, c'est l'Etat danois qui a porté plainte contre Uber. Rien qui n'empêche en tout cas la société d'attirer toujours plus de capitaux.
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