LeWeb 2014 : About.me convoite les universités et veut des profils "vérifiés"

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 10 décembre 2014 à 07h52
A l'occasion de la conférence LeWeb, qui a ouvert ses portes aujourd'hui, nous revenons sur le développement de la jeune pousse About.me et ses évolutions depuis l'année dernière.

About.me a pour ambition de créer une page personnelle rassemblant toutes ses données extraites de divers réseaux communautaires avec une description, une image et un CV. Pour la société il s'agit de créer une seule page présentant l'internaute sous toute ses coutures. Initialement rachetée par AOL, About.me est désormais autonome depuis deux ans. Où en est la société ?

La société a récemment levé 11 millions de dollars et lancé son application Intro sur iOS, laquelle propose de supplanter la traditionnelle carte de visite. L'année 2015 sera marquée par une consolidation de ses stratégies financières avec l'introduction de nouveaux modèles économiques.

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De combien d'utilisateurs dispose désormais About.me ?

Tony Conrad : Nous ne communiquons plus sur ce nombre mais nous parlons de plusieurs millions d'utilisateurs. La croissance a été bonne autant sur l'acquisition d'internautes que de l'activité enregistrée sur le service.

En juin vous avez levé 11 millions de dollars. Qu'allez-vous faire de cet argent ?

Tony Conrad : Nous allons l'utiliser pour renforcer notre stratégie financière. Jusqu'à présent nous nous sommes principalement concentrés sur l'ingénierie et le développement.

Au regard de la croissance de notre produit, il nous faut aujourd'hui une bonne stratégie. Il nous faut des comptables par exemple.

Aussi la plupart de l'argent sera utilisé au sein de nos partenariats dans le domaine de l'éducation.

C'est-à-dire ?

Tony Conrad : Nous essayons de comprendre comment il est possible de mieux travailler avec les universités. Après tout, ces dernières sont également des entreprises et l'une des manières dont elles sont notées est le devenir des étudiants après l'obtention de leur diplôme.

Je pense que beaucoup de gens dans le milieu estiment que les outils d'aujourd'hui ne sont pas adaptés. Je ne dis pas qu'il ne faut pas avoir de compte LinkedIn, au contraire, c'est un service très bon. Mais LinkedIn ne capture pas réellement l'esprit des étudiants et ce qu'ils sont vraiment.

Les universités et les administrations ont compris cela, ce n'est pas très difficile de les convaincre.

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About.me a pour vocation de constituer une identité unique en ligne, qu'en est-il de la réputation ?

Tony Conrad : L'une des choses que j'aimerais mettre en place est un outil de vérification d'identité.

Toutes les grandes sociétés qu'il s'agisse de Google, Facebook ou Airbnb... toutes veulent contrôler le profil de l'internaute. Mais en réalité elles n'ont qu'une petite partie de ce dernier.

Nos profils sont bien plus complets et rassemblent aussi bien une photo que les activités sur les réseaux communautaires ou votre CV. Vu la quantité de donnée je pense qu'une couche de vérification peut apporter un certain confort pour l'internaute, par exemple si vous allez accueillir ce dernier chez vous via Airbnb.

Cette vérification pourrait ensuite être couplée avec les systèmes de notation par exemple sur Airbnb ou eBay.

Et de quelle manière effectuer cette vérification ?

Tony Conrad : Oh c'est très simple, il suffit de prendre le numéro de carte de crédit et le nom associé.

Et vous pensez que les gens entreront ce numéro ?

Tony Conrad : Oui parce que je pense que c'est un service que l'on doit payer.

Et quid d'une expansion en Europe ?

Tony Conrad : Nous sommes déjà en Europe, du moins plus de 60% de nos utilisateurs sont en dehors des États-Unis. Par contre nous ne pensons pas encore ouvrir de bureaux en Europe.

Êtes-vous intéressé par les marchés internationaux, voire l'achat de noms de domaine étrangers ?

Tony Conrad : Je pense qu'About.me est un beau nom, nous n'avons pas besoin d'autres domaines. Toutefois je pense qu'il nous est très important de localiser le service mais nous ne l'avons pas encore fait.

Ce que les gens ne comprennent pas toujours bien c'est qu'il ne s'agit pas simplement de changer la langue, cela implique de repenser de fond en comble le processus de développement. C'est très compliqué. Pour chaque produit que vous sortez cela demande trois fois plus de temps.

Aussi il faut donc faire attention, prenons par exemple le support. Aujourd'hui je n'ai qu'une personne dédiée au support à 75 000 dollars par an, si j'en avais 10... ça changerait très fortement la donne et on approche tout de suite du million de dollars... et c'est seulement sur la partie support.

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Justement en terme de stratégie financière, où en êtes-vous ?

Tony Conrad : Nous avons des comptes premium notamment pour le mapping de noms de domaine. En début d'année prochaine, nous allons introduire un nouveau service permettant à chacun de payer une somme pour obtenir de la visibilité.

Par exemple si je vous ajoute à l'un de nos répertoires, en une semaine, vous obtiendrez entre 30 000 et 70 000 pages vues. Cela peut être important pour vous, par exemple si vous êtes un photographe ou si vous souhaitez obtenir davantage d'abonnés sur Twitter ou Instagram.

Vous avez rajouté des interactions sur About.me, pourquoi pas un service de messagerie ?

Tony Conrad : Il s'agit de la première demande de la part de nos utilisateurs. Je pense que nous proposerons cela dans quelques temps. Je sais quelles sont nos priorités dans les années à venir.

Vous avez des applications sur iOS, pourquoi pas Android ?

Tony Conrad : Nous sortirons notre application Intro sur Android dans le courant du premier trimestre 2015. L'autre n'est franchement pas terrible à mon goût.

Intro était l'une des autres fortes demandes émanant de la communauté. Mais vous savez pour une petite société c'est dur de développer deux applications simultanément, c'est comme faire un retour au Moyen Age du mobile. Sur Android, il y a plusieurs opérateurs, plusieurs caractéristiques techniques à prendre en compte, c'est beaucoup de travail, mais cela en vaut la chandelle au regard de la base d'utilisateurs.

Avez-vous signé d'autres partenariats en dehors de Moo.com ?

Tony Conrad : Nous recherchons et il y a plusieurs opportunités qui font sens avec par exemple Twitter ou Wordpress.com.

Avez-vous été affecté d'une manière ou d'une autre par les révélations d'Edward Snowden ?

Tony Conrad : Je pense qu'on a tous été affectés. Si vous être un gros service avec plusieurs millions d'utilisateurs, alors oui vous avez été contacté par la CIA, le gouvernement, et ce, plusieurs fois.

Il y a des gens pas très louables, par exemple des membres d'Al Qaïda qui ont établi des profils sur Google, Facebook ou même sur About.me.

Les agences gouvernementales sont très intéressées par la collecte de données. Nous sommes une petite société, nous les laissons gérer avec Google et les grosses entreprises.

Enfin sera-t-il possible d'utiliser son compte About.me, c'est-à-dire, en théorie, son identité numérique, pour s'identifier au sein de sites tiers ?

Tony Conrad : Oui, je pense qu'il y a une opportunité à long terme d'être une alternative à Facebook Connect. C'est l'une des stratégies les plus brillantes que je connaisse.

Je vous remercie
Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint

Je suis rédacteur en chef adjoint de Clubic, et plus précisément, je suis responsable du développement éditorial sur la partie Logiciels et Services Web.

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