La pression mise sur le dos d'Uber est immense. Rarement les investisseurs auront autant cru en une entreprise Web, au point de l'arroser de millions de dollars et maintenant, de milliards. Après avoir attiré le géant chinois Baidu et 600 millions de dollars dans son champ gravitationnel en décembre 2014, l'application de VTC a reçu en ce début 2015 une généreuse étrenne de 1,6 milliard de dollars de la banque Goldman Sachs.
Ça n'est pas comme si la société de Travis Kalanick était à court de liquidités, elle qui levait quand même 2,4 milliards de dollars lors de deux opérations en juin, avec notamment le concours de Google, et avec celui de l'Etat du Qatar au début décembre. Soutenu par une quarantaine d'investisseurs, y compris le fondateur d'Amazon Jeff Bezos et l'influent fonds BlackRock, Uber aura reçu près de 5 milliards de dollars en 4 ans.
Cette somme gargantuesque est à la hauteur des espérances des investisseurs, acquis au discours de Travis Kalanick, le fondateur de la société - il a eu cette idée en France en 2009 alors qu'il ne parvenait pas à commander un taxi. Quatre ans plus tard et après moult batailles judiciaires en France, Espagne, Inde... son inimitié est consommée. Il donnait le ton en octobre : « Notre adversaire est un connard, qui s'appelle Taxi. »
D'abord les taxis, puis les voitures ?
Au-delà de l'esprit frondeur du PDG, et des scandales de toutes sortes qui ont émaillé son parcours, Uber continue d'étendre son champ d'action. Le service revendique une présence dans 277 villes dans le monde, c'est cinq fois plus qu'il y a un an. Financièrement, la société serait rentable sur ses principaux marchés, et surtout à San Francisco - son berceau -, où ses recettes seraient trois fois supérieures à celles des taxis.Ces derniers, Uber voudrait les remplacer pour au moins deux raisons : il est (parfois) moins onéreux et son appli gérant la commande, son suivi et le paiement, est très pratique. Ce qui émoustille pourtant les actionnaires va plus loin que cette perspective. Pour certains analystes comme Adam Jonas de Morgan Stanley, la voiture personnelle - jugée sous-utilisée, coûteuse, polluante et encombrante - est amenée à reculer au profit d'un modèle où l'on commande une auto en fonction de ses besoins. C'est justement le métier d'Uber.
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