Pour s'installer dans les foyers français, Netflix avait misé sur les box des fournisseurs d'accès Internet. Une stratégie derrière laquelle s'est rapidement rangé Bouygues Telecom, suivi d'Orange (malgré son offre concurrente) et enfin de SFR avec son décodeur Google TV, donc dans une très faible proportion. Free refuse de jouer le jeu, autant que Numericable. Après le battage de l'automne dernier, Netflix a bien fait pschitt.
Dans son dernier pointage, la plateforme de vidéo à la demande sur abonnement (SVOD) dit rassembler 54,5 millions d'adeptes, dont 17 millions hors des Etats-Unis - ce chiffre a doublé en une année, et c'est une bonne nouvelle pour le service qui veut percer à l'international. Mais on ne peut pas dire que la France a beaucoup contribué à ce résultat. D'après l'institut Digital TV Research, Netflix n'aurait recruté que 200 000 abonnés dans l'Hexagone, voire 250 000. Pour y accéder, la moitié utilise un PC. Exit donc les fournisseurs d'accès.
Le quotidien Les Echos a obtenu des données par opérateur. Les chiffres sont modestes. Du côté d'Orange, ce serait quelques dizaines de milliers - sur 10 millions de clients ! Lors de ses vœux pour 2015, le PDG Stéphane Richard accordait ne pas avoir « entendu dire qu'il y avait un enthousiasme extraordinaire sur Netflix ». Chez Bouygues Telecom, on parle de 10 000 abonnés. Les autres « sont un peu déçus par le contenu proposé ».
Netflix va financer une série pour la France
Aux Etats-Unis, l'offre Netflix est très satisfaisante. Malgré un coup de mou au cours de l'année 2014 en raison d'une inflation de 1 à 2 dollars (visant à soutenir la production de séries et de films), la conquête de nouveaux abonnés est repartie à la hausse dans le pays en fin d'année, avec 2 millions de souscriptions. Mais dans sa déclinaison française, il y a une ombre au tableau : le manque de films récents, en raison de la sacro-sainte chronologie des médias. Le service ne peut pas diffuser de films moins de 36 mois après leur sortie en salle.Concernant les séries, Netflix ne délaisse pas la France. Sa coûteuse première saison de Marco Polo (90 millions de dollars) est disponible dans l'Hexagone, où elle aurait reçu « un taux d'engagement élevé ». On n'en saura pas plus. Pour espérer mieux toucher le public français, la plateforme américaine lui adressera au cours de 2015 une série produite par ses soins, tournée dans le sud de la France, et baptisée Marseille.
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