Utilisés dans le cadre de tests ou sujets d'expérimentations commerciales, les objets connectés pourraient représenter une nouvelle manne pour les professionnels. Outre l'attrait que représente la vente de ces appareils, les effets induits pourraient générer plusieurs milliards pour certains secteurs.
Hervé Collignon, responsable en charge des secteurs des Télécoms, et du High Tech au sein du cabinet AT-Kearney nous explique : « les sociétés veulent à tout prix éviter de rater un virage important dans leur domaine. En ce qui concerne l'Internet des objets, l'impact est déjà présent et la technologie a un potentiel fort. Des effets de leviers sont actionnables dès à présent ».
De la simple connaissance de ses propres actifs (par le biais de puces) au contrôle à distance en passant par l'optimisation en temps réel des performances, chaque domaine teste l'intérêt d'inclure ce type d'objet. L'idée finale est de mieux pouvoir connaître la demande des consommateurs (et l'anticiper) mais également d'économiser ses propres ressources.
Pour autant, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne et certains marchés ont déjà entrepris de transformer en partie leur fonctionnement, en incluant à doses diverses des objets connectés. Parmi les bons élèves, on retrouve les secteurs du transport, de la santé, du logement ou encore de l'industrie.
La voiture connectée est en route
Le marché des transports a déjà anticipé l'arrivée des objets connectés. Le secteur devrait ainsi profiter de retombées financières fortes du fait de l'utilisation de technologies relatives à l'Internet des objets. Parmi les enjeux les plus fréquents que ce domaine fait naître, on retrouve la réduction des accidents et des embouteillages, le partage de voitures, le développement des offres de VTC et de taxis ou encore la gestion des flottes automobiles.Selon le cabinet en stratégie AT Kearney, la technologie pourrait rapporter au secteur environ 245 milliards d'euros supplémentaires en Europe d'ici 2025. Pour parvenir à ces projections, le spécialiste se base sur une analyse du PIB généré par ces secteurs et par le volume d'affaires actuellement réalisé.
Les spécialistes parient sur une réduction de l'usage de la voiture personnelle. Des services permettant le partage de véhicules (BlaBlaCar) ou l'utilisation de ressources communes (voitures électriques en libre-service) devraient particulièrement tirer leur épingle du jeu. Toutefois, le marché de l'automobile devra s'adapter à une diminution progressive du parc européen de l'ordre de 8% d'ici les dix prochaines années.
Les objets connectés, des partenaires santé ?
La santé est un poste qui peut coûter cher, que les soins soient prodigués par un système public ou privé. La réduction des coûts est donc un mouvement commun à l'ensemble du secteur. Dans ce cadre, les objets connectés peuvent servir à réduire certains éléments de dépenses pour les remplacer par d'autres.L'apport de l'Internet des objets peut ainsi permettre de favoriser l'hospitalisation à domicile, réduire les erreurs médicales, optimiser la consommation de médicaments ou encore leur prise régulière (via des piluliers connectés) et même encourager la prévention de certaines maladies. Le champ est large et ces avancées pourraient permettre de générer des gains de temps pour les équipes en place.
Là encore le potentiel de croissance est notable. Les spécialistes estiment que le secteur pourrait générer jusqu'à 235 milliards d'euros, à l'horizon 2025. Hervé Collignon précise : « les assureurs vont également avoir un rôle à jouer dans la mesure où ils vont devenir des sortes de partenaires santé auprès de leurs clients pour qu'ils tombent malades le moins souvent. La logique ne sera, bien entendu, pas sans contreparties ».
Le logement se connecte à la sécurité
Economies d'énergie, alarmes anti-incendie connectées, automatisation des tâches ménagères et construction dites « intelligentes » pourraient représenter les prochaines innovations dans le domaine du logement. De nombreux groupes se sont déjà positionnés sur ce segment. Leur nom ne surprendra personne : Nest (Google), Netatmo, Sonos, Technicolor, Samsung ou encore Apple figurent dans cette liste.Chacun tente d'apporter une pierre à l'édifice des objets connectés à domicile. Plusieurs segments porteurs ont ainsi été identifiés parmi lesquels on recense la sécurité, le divertissement, la connectivité, la domotique ou encore l'énergie. Ce dernier secteur pourrait d'ailleurs particulièrement se développer dans les prochains mois.
Pour le cabinet en stratégie, ces entreprises vont rapidement se positionner comme des alliés des personnes qui résident dans leur domicile. « En fournissant des données relatives à la consommation d'énergie aux foyers, ces groupes vont apparaître comme des arguments contre la facture EDF. Pour les fournisseurs d'énergie, la position sera difficile à tenir car ils seront probablement contraints d'accompagner leurs clients dans une baisse de leur facture énergétique », nous précise la direction d'AT Kearney.
L'Industrie se tourne vers l'usine intelligente
Secteur déjà hautement mécanisé, l'industrie pourrait encore rationaliser une partie de ses ressources. Les objets connectés commencent dès à présent à s'instiller dans les chaînes de production. L'objectif pour ce secteur est d'optimiser le transport logistique en particulier les flottes de camions, les conteneurs et autres wagons.Certains éditeurs tels que SAP et Cisco montrent d'ores et déjà comment certaines zones industrielles comme le port d'Hambourg ont pu être équipés en puces et autres objets connectés. L'idée est de mieux anticiper les flux de marchandises afin que l'acheminement soit plus aisé.
Le commerce cherche à éviter la rupture de stock
Certes plus en retrait, le commerce devrait tout de même profiter de la vague IoT. Selon le cabinet en stratégie, les gains générés pourraient atteindre les 60 milliards d'euros en Europe, à l'horizon 2025. Parmi les applications déjà existantes, la réduction des vols, des ruptures de stock, l'automatisation du passage en caisse et la livraison à domicile.Sur ce dernier volet, des groupes tels qu'Amazon ont déjà fait de la rationalisation de leur distribution un véritable crédo. En limitant les étapes entre une commande et sa livraison au client, le service s'assure d'un acheminement rapide. Une prouesse rendue possible notamment grâce à l'apport de la robotique mais surtout de technologies relatives à l'Internet des objets.
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