En créant Uber en 2009 Travis Kalanick voulait un service sans intermédiaire, reliant directement chauffeurs et usagers. C'est, presque, ce qu'il a fait, en recourant à des indépendants, qui n'ont que pour seuls intermédiaires des algorithmes et une application. Mais dans cette affaire, Uber fixe encore les règles, les prix, et prélève lors de chaque course une commission de 20 %. Une désintermédiation partielle que propose de terminer Arcade City.
C'est une nouvelle société, lancée sans tambours ni trompettes à Portsmouth, dans le New Hampshire, par un ancien chauffeur Uber. Christopher David, la trentaine, était frustré que tant de villes s'érigent contre le service de VTC, incapable de se soumettre à leurs exigences. À savoir, vérifier les antécédents judiciaires des chauffeurs et prouver qu'ils possèdent les bonnes assurances. Pour Christopher David, la réponse était dans la Blockchain.
La Blockchain ?
Aujourd'hui, une transaction est validée par l'entreprise (Uber), la banque (pour le paiement), et éventuellement d'autres services tiers (sécurité). Avec Arcade City, le principe est que désormais, chaque transaction est validée par le réseau (Ethereum ici). Ce sont des particuliers ou entreprises (des mineurs), qui avec des calculs, vérifient que les parties disposent des bonnes données pour mener la transaction - par exemple, que le client a les fonds.Si la vision de Christopher David aboutit, y aura-t-il encore besoin d'une société ? - Crédit : Arcade City.
Comment font-ils ? Eh bien ils passent en revue l'ensemble des transactions précédentes (les blocs) consignées dans un grand registre (la chaîne de blocs, ou blockchain). Celui-ci n'est pas entre les mains d'une seule société centrale, mais de chaque membre du réseau. Si la majorité de ses membres valident la transaction, l'opération est finalisée, et à son tour, ajoutée à la chaîne. Le système est vraiment décentralisé, et garantit une traçabilité.
- Uber : pourquoi les milliards lui tombent dessus
- Uber chamboule le travail, l'Urssaf veut l'épingler
La vision de Christopher David est de faire d'Arcade City un service détenu à 100 % par ses utilisateurs, et maintenu par sa communauté. Aux antipodes d'Uber, dont le patron est déjà crédité d'une fortune personnelle de 6 milliards de dollars, alors que la société ne générerait pas encore de profits, et que les chauffeurs voient leurs courses payées au rabais, car la société est engagée dans une conquête de marché dans le monde entier.
Départ difficile
Pour rémunérer les conducteurs, Arcade City propose deux modèles : le vrai pair à pair, où chacun est libre de fixer ses tarifs et définir ses modes de paiement, et une transaction décrite comme « ludique », qui transite par l'application (actuellement non-validée par Apple), et qui offre des bonus pour améliorer le profil conducteur.Dans ce modèle, la commission serait de 10 %, et réinjecterait une dose de centralisme. Encore un peu flou !
Lancé en février, Arcade City aurait attiré environ 3 000 déçus d'Uber et de Lyft, son rival américain. Mais son développement est compliqué. Le principal écueil est que la start-up cherche à lever des fonds en capital risque pour décoller, alors que son PDG dénonce lui-même la logique de ce financement, car il pousse les sociétés à obtenir la meilleure rentabilité... un objectif qu'Arcade City et sa blockchain ne sont pas censés poursuivre.
Blockchain : Technologie d'avenir ou simple effet de mode ? La rédaction de Clubic Pro penche pour la première assertion. C'est pourquoi elle est partenaire du Blockchain Day, le salon regroupant l'ensemble des professionnels du secteur. Pendant une journée, Novaway et la Cuisine du Web à Lyon organisent, en partenariat avec la rédaction, une série de conférences dédiées.
À lire :