Les services d'une société bordelaise ont été certifiés conformes aux plus hauts standards de sécurité au regard des recommandations formulées par la CNIL. Elle pourra proposer ses services à des entreprises ou à des associations et peut-être un jour servir de prestataire pour des scrutins politiques nationaux.
Le vote électronique est un sujet sensible en France mais des entreprises travaillent d'arrache-pied à mettre en place des solutions fiables et sécurisées pour permettre d'organiser des scrutins à domicile.
Une solution transparente et sécurisée
La jeune société bordelaise V8te vient de marquer des points en obtenant, après six mois d'audit, une certification attestant de l'excellente conformité de son système de vote utilisant la technologie blockchain avec les recommandations de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).
« On a un brevet qui nous permet de garantir la sécurité d’un processus de vote, garantir le secret absolu du bulletin de vote, l’intégrité de l’urne », indique à ce propos Guillaume Odriosolo, fondateur de cette start-up, à nos confrères de France Inter. Il se félicite également de cette première à l'échelle européenne.
Connectées à la blockchain Ethereum, les données, évidemment sécurisées et chiffrées, sont stockées en France sur les serveurs d'OVH. « Le cœur de notre solution brevetée depuis 2020 c'est de combiner un vote sécurisé à une urne transparente et digitale. Chacun peut vérifier que son bulletin a bien été pris en compte et n'a pas été modifié », précise le P.-D.G. de V8te.
Contrairement à d'autres acteurs comme Neovote, le prestataire qui a organisé le scrutin des primaires du parti Les Republicains et d'Europe Écologie Les Verts, la solution apportée par la jeune pousse se présente davantage comme une plateforme permettant un vote à plus grande échelle, ou le « Doodle du vote sécurisé », pour reprendre l'expression de son dirigeant.
Le vote électronique cantonné pour le moment aux associations et aux entreprises
Pour le moment, la start-up vise les associations et les entreprises petites et moyennes, qui peuvent utiliser cette solution pour réaliser des scrutins internes. V8te compte également parmi ses clients de bien plus grosses structures comme la RATP ou Orange. Elle ciblera dès septembre 2022 des entreprises de taille intermédiaire mais aussi les multinationales pour augmenter son chiffre d'affaires, qui s'établit aujourd'hui à 500 000 €.
Quid de la mise en place du vote électronique dans la blockchain pour les scrutins politiques ? Sur ce sujet brûlant, Guillaume Odriosolo temporise et indique qu'il faudra encore plusieurs années avant d'entrevoir la possibilité de voter depuis son domicile.
Il faudra notamment que la loi s'adapte à ce nouveau mode de scrutin via un texte adopté par les parlementaires. Le vote électronique pourrait, pour ses défenseurs, être une arme contre l'abstention, notamment chez les plus jeunes qui rechignent aujourd'hui à se présenter dans un bureau de vote. « Je ne vois pas les digital natives, les enfants qui ont 5 ans aujourd’hui, se déplacer dans 20 ans dans des bureaux de vote », ajoute le patron de V8te.
De l'autre côté, les opposants au vote électronique expliquent que le vote d'un individu depuis son domicile peut être manipulé, notamment par la pression d'un ou plusieurs proches, et ne garantit pas la même sécurité que celui réalisé dans un isoloir et déposé dans un bureau de vote surveillé par des assesseurs.
Source : France Inter