Une enquête du Financial Times publiée le 5 décembre a démontré que le président de la République serait en réalité un crypto bro.
Au moins, il n'a pas choisi FTX. Les mondes de la crypto et de la start-up nation, jamais avares d'un scandale, ont cette fois-ci décidé d'unir leurs forces pour proposer des formations au Web 3 à des chômeurs français. Une proposition a priori pertinente, si ces formations n'étaient pas délivrées par une entité membre du groupe Binance, et accusée de se servir de ce canal pour en réalité recruter de nouveaux clients.
Former des chômeurs ou former des clients ?
Si les différents gouvernements d'Emmanuel Macron ont rarement été tendres avec les chômeurs, une enquête du Financial Times a montré que, start-up nation oblige, il leur a donné les moyens de participer au prochain crypto krach. En effet, l'entreprise Simplon, spécialisée en formation professionnelle et travaillant notamment avec Pôle Emploi, a noué en 2022 un partenariat avec Binance Charity. Cet organisme, dont l'objectif avancé est de « former les jeunes au Web 3 », aurait en réalité profité de l'opportunité pour tenter d'étendre sa clientèle en France.
Selon le FT, Binance aurait ainsi enfilé ses plus beaux habits d'organisme charitable à but non lucratif pour ensuite développer des tactiques de recrutement agressif auprès des chômeurs qui auraient le malheur de se laisser tenter. Car pour recevoir leur diplôme - sous forme de NFT, bien entendu -, ces derniers devaient créer un compte sur Binance. La qualité du diplôme elle-même peut aussi être remise en question, puisqu'une demi-journée de formation et un PowerPoint suffisent à le décrocher.
Un mélange des genres, qui ne devrait pas être renouvelé en 2024
Selon le FT, si Binance a utilisé ce moyen détourné pour étendre sa clientèle, c'est avant tout pour contourner la loi sur l'interdiction du démarchage. Mais cela n'aurait probablement pas été possible si l'administration Macron n'avait pas déroulé le tapis rouge dès 2017 à CZ, le patron de Binance. Une invitation renouvelée en 2021, et qui avait conduit ce dernier à promettre d'investir plus de 100 millions d'euros en Europe.
Mais la lune de miel entre les deux touche à sa fin : entre la qualité discutable des formations délivrées, les révélations du FT, et les crises à répétition dans le monde de la crypto, le projet a peu de chances d'être renouvelé. Et la récente démission de CZ, qui a plaidé coupable de blanchiment d'argent aux États-Unis, ne le rend plus vraiment fréquentable.
Heureusement qu'il est toujours possible de traverser la rue.