© Alexandre Boero
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Jacques-Henri Eyraud a choisi le réseau social professionnel pour détailler sa vision concernant le club phocéen. Une stratégie qui étonne les supporters marseillais mais qui est loin d'être anodine et, de surcroît, est de plus en plus courante chez les dirigeants français.

Depuis plus de trois ans et demi et le rachat de l'OM par l'Américain Frank McCourt, Jacques-Henri Eyraud occupe le poste de président du club, non sans être secoué par une fonction ô combien prenante qui ne débouche que rarement sur une histoire d'amour avec les fans de l'institution olympienne. Alors que son club vit une période trouble et incertaine sur le plan économique (moins sur le plan sportif, l'équipe ayant retrouvé la plus prestigieuse des compétitions européennes, la Ligue des champions), l'ancien directeur de la communication du groupe Euro Disney a décidé de livrer sa vision du futur de l'OM, dimanche sur LinkedIn. Et ce n'est pas hasard.

Communication 2.0

Dans son long article publié ce 24 mai sur LinkedIn, Jacques-Henri Eyraud a fourni des éléments sur les deux postes majeurs que le club souhaiterait créer : « head of football » (un directeur général du football) et « head of business » (un directeur en charge du business), les amateurs de la langue de Shakespeare apprécieront. Avec comme objectif pour l'Olympique de Marseille de retrouver, à terme, le top 20 européen du ballon rond.

Mais sans aller plus loin dans les détails, nous laissons ça à nos confrères des médias sportifs, la méthode de communication choisie par le président de l'OM est évidemment intéressante.

Jacques-Henri Eyraud n'a pas voulu donner une interview ou offrir une tribune à un média local ou national, ni s'exprimer à travers un communiqué du club, non. Pour son discours, il a préféré parler via son compte personnel LinkedIn, qui rappelons-le est le réseau social dédié aux professionnels, qu'ils soient salariés ou dirigeants, en recherche d'emploi ou en poste.

Beaucoup ont d'ores et déjà critiqué - via des réseaux sociaux concurrents, ironie du sort - le choix du patron de l'OM de s'exprimer via LinkedIn, propriété de Microsoft. Mais « JHE » ne fait en réalité que suivre une tendance qui anime la classe dirigeante française.

© Alexandre Boero pour Clubic
© Alexandre Boero pour Clubic

Les réseaux sociaux, de plus en plus privilégiés aux médias traditionnels par les grands dirigeants

Outre les élus, qui ont un statut à part, de plus en plus de grands chefs d'entreprises font le choix de s'exprimer sur les réseaux sociaux. Et à l'instar de Twitter, LinkedIn est souvent une option privilégiée. Certes, Jacques-Henri Eyraud n'est pas à classer dans la catégorie des dirigeants de grandes entreprises, la société Olympique de Marseille n'étant qu'une PME (en raison de son nombre de salariés, inférieur à 250) d'un point de vue juridique. Mais la comparaison avec les grands groupes est légitime, tant l'OM concentre les discussions et l'attention des supporters et des observateurs depuis tant d'années en France.

Plusieurs agences de communication et marketing (Angie + 1 ou APCO Worldwide) ont établi ces derniers mois leur classement des patrons de grandes entreprises qui ont le mieux communiqué sur les réseaux sociaux. Le patron d'Orange, Stéphane Richard, ou celui de Danone, Emmanuel Faber, prennent régulièrement le temps d'écrire leurs propres articles sur LinkedIn. Le directeur de Société générale, Frédéric Oudéa, est l'une des personnes les plus suivies en France sur LinkedIn (308 000 abonnés au 25 mai 2020).

L'article du président de l'OM sur LinkedIn peut donc paraître surprenant de prime abord, mais il est au final dans l'air du temps, surtout pour un homme adroit avec les outils du numérique, ayant déjà écrit sur des sociétés comme BlaBlaCar ou Uber et fondé Sporever au début du millénaire avec le journaliste Patrick Chêne, devenu un temps le leader européen de l'information sportive digitale. Que l'on soit issu de la finance, des nouvelles technologies, des télécommunications, de la politique ou du sport, les réseaux sociaux, LinkedIn en tête, font définitivement concurrence aux canaux plus traditionnels.

Source : Capital