Un juge de Washington a suspendu le décret de l'administration Trump, dimanche soir, décret qui devait entrer en vigueur le même jour et qui prévoyait le retrait des boutiques d'applications du réseau social de partage de vidéos courtes.
TikTok vient de décrocher une période de répit sur le terrain judiciaire. Le groupe ByteDance, qui avait déposé un recours devant un tribunal de Washington le mercredi 23 septembre, a en partie obtenu gain de cause en faisant bloquer le décret pris par Donald Trump le 6 août dernier, qui aurait dû conduire à l'interdiction de téléchargement de l'application à compter de ce lundi 28 septembre. La coupe reste pour le moment à moitié pleine, puisque cette suspension n'est que temporaire.
Un sursis pour TikTok, au moins jusqu'au 12 novembre
D'abord prévue pour le 20 septembre, l'interdiction de proposer l'application TikTok au téléchargement sur Google Play et l'App Store avait été décalée au dimanche 27 septembre 23h59, laissant ainsi aux États-Unis le temps de laisser aboutir les négociations entre ByteDance d'un côté et Walmart et Oracle de l'autre, mais offrant par la même occasion au groupe chinois l'opportunité de tenter de faire annuler l'interdiction programmée en justice.
Le juge américain a ainsi fait pencher la balance du côté de TikTok, qui peut officiellement toujours être téléchargée aux USA via les deux boutiques d'applications.
Dimanche, le magistrat Carl Nichols a en effet délivré une injonction permettant la suspension des termes du décret et de l'interdiction de TikTok. Mais celle-ci n'est que temporaire, le juge ayant refusé de suspendre l'interdiction de manière définitive. Autrement dit, TikTok ne devrait théoriquement plus être téléchargeable à partir du jeudi 12 novembre. Sauf si une autre décision est prise d'ici là ou que les négociations arrivent à leur terme.
Du temps pour peaufiner l'accord entre ByteDance et Walmart/Oracle
Dimanche matin durant l'audience, qui aura duré 90 minutes, l'un des avocats de TikTok, John E. Hall, a évoqué l'aspect « irrationnel » de l'interdiction, précisant qu'elle serait « sans précédent ». Soulevant le fait que des négociations étaient en cours pour conduire à la création d'une entité américaine, TikTok Global, contrôlée par des investisseurs de l'Oncle Sam, l'homme de loi a alors pesté contre le décret. « C'est juste une façon brutale de frapper l'entreprise. […] C'est juste punitif », a-t-il dénoncé durant l'audience.
Sans surprise, les représentants de l'administration Trump ont orienté leur défense sur la menace pour la sécurité nationale que l'application aux 100 millions d'utilisateurs outre-Atlantique représenterait. Le département du Commerce américain espérait faire interdire l'application, le temps que l'accord de principe entre ByteDance et le duo Oracle/Walmart soit officiel et définitif, et que celui-ci soit clairement favorable aux États-Unis, l'entreprise ByteDance ayant fait planer le doute sur le pourcentage du capital qu'elle pourrait posséder de la future entité TikTok Global.
La situation reste donc tendue entre Pékin et les USA, qui examinent tous deux l'accord. En Chine, on se pose encore la question de savoir si l'algorithme de recommandation des vidéos de TikTok, élément déterminant de la transaction, doit bien partie de la vente. Du côté de Washington, c'est le Comité pour l'investissement étranger aux États-Unis (le CFIUS, qui avait notamment entériné le rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia en 2015), qui doit examiner l'accord.