Au nom de la lutte contre les fausses informations, la justice russe a condamné, le 1er novembre, la maison mère de Wikipédia à payer une lourde amende.
Deux articles présents dans l'encyclopédie en ligne, accessible en Russie, sont ici mis en cause. Ils traitent de sujets liés à la guerre que mènent les troupes de Moscou en Ukraine. Par la voix de son responsable sur le territoire russe, la fondation a déjà annoncé son intention de contester la décision et de laisser en ligne les articles en question.
L'illustration du contrôle de l'information par les autorités russes
Avant sa guerre contre l'Ukraine, la Russie n'était déjà pas franchement un exemple en matière de liberté de la presse et de droit à l'information. Mais depuis février dernier et le début de l'invasion, le pays a encore dégringolé dans le classement mondial, dans lequel il n'occupe que la 155e place sur 180. Dans son rapport, RSF note que la situation en Russie s'est en effet largement dégradée depuis cette date. Cela s'est notamment matérialisé par la censure des rares médias indépendants, comme la Novaya Gazetta, qui avaient l'audace de critiquer la conduite du conflit.
Mais l'offensive informationnelle russe ne s'est pas arrêtée là. Les campagnes d'influence hors des frontières par les hommes du Kremlin se sont encore intensifiées depuis le début de l'invasion, et déjà, on trouvait Wikipédia parmi leurs cibles favorites. Des chercheurs anglais ont ainsi identifié, en septembre, près de 90 éditeurs différents qui avaient apporté des modifications à l'article de l'encyclopédie en ligne consacré au conflit pour mettre en avant le narratif du Kremlin. Leurs comptes ont depuis été supprimés. Quant à la justice du pays, elle avait déjà condamné le site à deux reprises cette année pour des faits similaires.
Wikimedia n'a pas prévu de se laisser faire
Cette décision de justice n'est donc qu'un nouvel exemple du contrôle encore resserré des médias par les autorités russes, particulièrement envers les sources venues de l'étranger. En application de la loi sur les « fausses informations », c'est-à-dire celles qui contredisent le récit officiel russe, Google a ainsi été condamnée à 360 millions d'euros d'amende pour ne pas avoir supprimé de tels contenus. La plupart des réseaux sociaux occidentaux sont par ailleurs bloqués ou très limités.
Vladimir Medeïko, le dirigeant de la branche russe de la fondation Wikimedia, a déjà critiqué cette décision. Il a expliqué que « personne ne supprimera » les pages visées par la sanction et a annoncé que la maison mère de l'encyclopédie libre avait prévu de contester la décision. Symbolique, cette procédure a cependant peu de chance d'être couronnée de succès au vu de la partialité de plus en plus évidente de la justice dans le pays.