Droit à l'oubli dans les moteurs de recherche : Wikipédia crie à la censure

Audrey Oeillet
Publié le 07 août 2014 à 11h01
L'encyclopédie participative en ligne Wikipédia s'est positionnée mercredi en nette défaveur de l'arrêt européen du 13 mai 2014, qui a débouché sur la procédure de « droit à l'oubli » dans les moteurs de recherche. La plateforme évoque une cinquantaine de ses pages touchée, et n'hésite pas à parler de « censure ».

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Le 13 mai dernier, La Cour de justice de l'Union européenne tranchait en faveur d'un internaute espagnol qui demandait à ce que certains liens vers des sites lui portant préjudice soit désindexé de Google. Une décision qui ne s'est pas limitée à ce seul internaute : à travers un arrêt, la CJUE a contraint les moteurs de recherche de fournir la possibilité a tous les Européens de demander la désindexation de contenus nuisibles les concernant. Malgré certaines restrictions dans les requêtes, ces dernières ne cessent d'affluer : Google en a déjà reçu plus de 91 000, portant sur près de 330 000 liens. La moitié environ ont déjà été désindexés.

Parmi eux, Wikipédia souligne dans une note de blog, écrite par deux juristes de Wikimédia, qu'une cinquantaine concernent des pages de son encyclopédie en ligne. Si la plateforme est au courant, c'est parce que Google l'a informé de la situation. « L'arrêt ne précise pas que les moteurs de recherche doivent révéler les liens censurés. Nous savons que certaines entreprises partagent notre engagement envers la transparence, et rendent ces données publiques. Ces informations sont essentielles pour comprendre les impacts négatifs de l'arrêt sur toutes les connaissances disponibles » explique Wikipédia. L'encyclopédie a mis en ligne une page sur laquelle elle publie les notifications reçues de la part de Google. On constate que la grande majorité des demandes de suppression concerne des pages issues de la version néerlandaise de la plateforme.

Dans un autre billet, intitulé « La décision de la Cour européenne perfore la libre connaissance », la directrice exécutive de la fondation Wikimédia Lila Tretikov estime que la CJUE « a abandonné sa responsabilité de protéger l'un des droits les plus importants et universels : le droit de chercher, de recevoir et de répandre de l'information. Par conséquent, les résultats de recherche précis sont en train de disparaître en Europe, sans aucune explication publique, aucune preuve concrète, sans contrôle judiciaire et sans aucun processus d'appel. Le résultat est un Internet criblé de trous de mémoire où les informations gênantes disparaissent, tout simplement. »

Les représentants de Wikipédia n'ont pas attendu le 6 août pour se positionner face à cette décision européenne. Jimmy Wales, le co-fondateur de l'encyclopédie en ligne, la qualifiait dès le 15 mai de « l'une des plus grandes décisions de censure du Web qu'on ait pu voir ».
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