Dès le mois de septembre, les demandeurs d'emploi en France pourront se former en accédant gratuitement à la plateforme de cours en ligne OpenClassrooms. L'annonce a été faite par le président François Hollande lors de sa visite d'État en Suisse le 15 avril, alors qu'il était accompagné par Pierre Dubuc, l'un des fondateurs de ce portail auparavant connu sous le nom de Site du Zéro, et prisé par la communauté des développeurs.
Selon le Munci, 80 % des offres d'emploi IT ne sont pas à pourvoir de suite et servent à constituer des CV-thèques - Crédit : Fotolia.
Gratuit dans sa version de base, OpenClassrooms a deux offres payantes, qui seront donc offertes aux chômeurs. L'une, « Premium », est facturée 20 euros par mois. Elle propose des certificats de réussite, le téléchargement des cours, un support prioritaire par e-mail et la possibilité de suivre les formations à son rythme. L'autre, « Premium Plus », est affichée à 300 euros mensuels. Pour ce prix, l'apprenant aura un professeur dédié en visioconférence, un emploi du temps personnalisé et un suivi mensuel des objectifs.
Les cours dédiés à l'informatique au sens large sont les plus représentés sur OpenClassrooms, avec 223 formations concernant le Web, 268 touchant à la programmation ou 44 pour les systèmes d'exploitation. Parmi les autres matières, on retrouve le graphisme, l'entrepreneuriat ou les mathématiques. De nouvelles rubriques, comme celle dédiée à l'art et à la culture, figurent sur le site, mais ne proposent aucun cours.
Au-delà des formations, la force d'OpenClassrooms est de reposer sur une communauté de 1 million de membres. La rédaction des cours est ouverte à tous et les exercices sont corrigés par les membres eux-même grâces à un algorithme créé par la start-up. Une session de cours peut réunir jusqu'à 20 000 personnes.
Un vœu pieux de François Hollande ?
Pour le gouvernement, cette opération vise à « (faciliter) l'accès à des formations professionnalisantes et certifiantes » dans le but de « simplifier les reconversions professionnelles et remises à niveau nécessaires pour répondre à la demande en profils qualifiés dans des secteurs comme celui du numérique ». Le portail rappelle dans une note que 825 000 postes seraient à pouvoir en Europe d'ici à 2020 dans le numérique.En France, Pôle emploi dénombrait au mois de février 2015 47 100 demandeurs d'emploi dans les systèmes d'information et de télécommunication. Sur le papier, l'équation est simple : s'il y a beaucoup de chômeurs dans l'IT, il suffit de les former, et ils seront embauchés. Une forme d'optimisme que tempère le Munci.
Pour Régis Granarolo, le président de cette association d'informaticiens, interrogé en décembre 2014 par Rue89, « la pensée unique qui fait de l'informatique un eldorado est un gros mensonge ». S'il reconnaît que les diplômés de niveau bac +3 ou bac +5 « n'ont pas trop de soucis à se faire », « pour les autres, le chômage augmente fortement depuis 2008 ». Et puis les employeurs ne chercheraient pas que des compétences.
Dans les principaux traits recherchés selon l'expert, il y aurait un « état d'esprit, plus de flexibilité, de mobilité » mais aussi un public jeune, car ils « coûtent moins cher ». Pour lui, « l'idée selon laquelle on manquerait de développeurs, et qu'il faudrait susciter des vocations chez nos enfants, est complètement folle », mais « permet (...) d'avoir en permanence un vivier de jeunes candidats bien formés et pas chers ». En d'autres termes, le chômage dans l'informatique serait structurel, lié à un besoin de rotation permanent.
Le Munci pointe du doigt le « sureffectif d'étudiants » formés aux métiers de l'informatique qui malgré tout, ne trouvent pas d'emploi. Alors que pourtant, les sociétés de services peinent à recruter. Mais ce qu'elles ne disent pas, selon l'association, est qu'elles ont « des critères de sélection draconiens ». L'initiative d'offrir OpenClassrooms est donc louable mais ne doit pas être présentée comme un remède anti-chômage.
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