La maison mère de Facebook a été reconnue coupable d'avoir utilisé les technologies brevetées de Voxer sans autorisation.
Les géants du web ont l'habitude de racheter des start-ups pour s'approprier leurs brevets et, quand tout se passe correctement, leurs talents. Malgré les sommes colossales engagées, cette stratégie peut leur permettre de réduire leurs dépenses en recherche et développement, tout en bénéficiant de solutions presque clés en main pour améliorer leurs propres services. C'est ainsi que les choses fonctionnent la plupart du temps. Mais, les grandes entreprises finissent souvent par chercher des astuces pour économiser quelques millions de dollars, quitte à parfois tomber dans l'illégalité.
Des négociations qui ont échoué… dix ans auparavant
Tom Katis, ancien sergent des forces spéciales ayant servi en Afghanistan, s'est attaché à résoudre les problèmes de communication sur le champ de bataille. Il a commencé à travailler sur des brevets pour une nouvelle application en 2006, ce qui a finalement conduit à la création de Voxer. Lancée en 2011, celle-ci permet de communiquer en direct par audio et vidéo. La technologie derrière cela a rapidement attiré l'attention de Facebook, qui a proposé une collaboration avec l'entreprise de l’ancien militaire.
Dès le début des négociations, Voxer a divulgué sa technologie propriétaire à l'entreprise de Mark Zuckerberg. Cependant, les réunions n'ayant pas abouti à un accord, cette dernière a finalement identifié son interlocutrice comme une concurrente, bien que ne disposant pas d'une solution équivalente à cette époque. En conséquence, l'application de talkie-walkie s'est vue retirer l'accès à certaines fonctionnalités clés de la plateforme de réseau social qu'elle utilisait alors en toute légalité, bien avant le début des négociations.
L'univers impitoyable des procès au Texas
Lancé en 2015, Facebook Live aurait incorporé des technologies de Voxer, selon les dires de celle-ci. Tom Katis a pu obtenir une rencontre avec un chef de produit de chez Facebook en février 2016 pour soulever la question de la violation des brevets. Cependant, le géant du web a refusé de conclure un quelconque accord, avant de lancer Instagram Live à l'automne suivant.
Un procès plus tard, et Meta se retrouve face à une amende salée. En septembre 2022, le jury a estimé que la société avait enfreint deux brevets, relatifs à une méthode de diffusion vidéo en continu et à une infrastructure pour un service de messagerie vidéo. Voxer se voit ainsi accordé 174,5 millions de dollars de dommages et intérêts sous forme de redevances.
Puisqu'un feuilleton se déroule en plusieurs épisodes, le géant du web a demandé au tribunal d'annuler le verdict ou d'organiser un nouveau procès. Il invoque plusieurs arguments, notamment l'invalidité des brevets et le fait que l'avocat de Voxer avait fait des « commentaires inappropriés » qui auraient influencé le jury. Ce qu’un juge fédéral d’Austin, au Texas, vient de rejeter, forçant ainsi Meta à payer l’amende.
Si cette affaire a suscité votre intérêt et vous a tenu en haleine, sachez que la société mère de Facebook peut encore faire appel devant une juridiction supérieure. « Meta will return… ».
Source : Reuters