Wirecard

La société allemande a demandé l'ouverture d'une procédure de faillite. Elle pourrait laisser derrière elle 3,5 milliards d'euros de créances, un montant qui ne serait sans doute jamais remboursé.

En l'espace de quelques jours, Wirecard est passée du statut d'idole de la fintech allemande au remarquable potentiel et aux partenaires de renom (Visa, Mastercard, Orange etc.) au statut d'entreprise en faillite. La firme a demandé, jeudi 25 juin, l'ouverture d'une procédure de dépôt de bilan, quelques jours seulement après avoir constaté un gouffre d'environ 2 milliards d'euros dans ses finances.

De nombreux créanciers qui pourraient ne pas voir la couleur de leur argent

Face à la menace de l'insolvabilité et du surendettement, Wirecard a réclamé l'ouverture d'une procédure de faillite alors que l'entreprise d'outre-Rhin est au centre de l'attention depuis l'éclatement du scandale autour du trou de 1,9 milliard d'euros dans ses comptes.

Cette procédure de bilan ne sera pas sans conséquences pour les créanciers de la société spécialisée dans les paiements électroniques, puisque le dépôt de bilan pourrait laisser une ardoise de 3,5 milliards d'euros. Une dette qui ne serait ainsi jamais remboursée. La firme doit notamment 1,75 milliard d'euros à une quinzaine de banques et 500 millions d'euros auprès d'investisseurs obligataires.

Le trou de la discorde

Le 19 juin, le désormais ex-président-directeur général de Wirecard, Markus Braun, avait démissionné de son poste (il a depuis été remis en liberté conditionnelle en l'échange d'une caution rondelette de 5 millions d'euros). Une décision qui a entraîné, seulement deux jours plus tard, la découverte officielle d'un trou de 1,9 milliard d'euros et le refus par le cabinet Ernest & Young de certifier les comptes de l'entreprise pour l'année 2019.

La somme, qui était censée se trouver sur des comptes bancaires aux Philippines, n'a en réalité tout simplement jamais existé. "Cet argent s'est envolé", évoquera un peu plus tard une source proche de l'un des créanciers de la société déchue. "On pourra peut-être récupérer quelques euros dans quelques années, mais on passe la perte dans nos comptes dès maintenant."

Alors que l'entreprise valait plusieurs milliards d'euros il y a quelques jours avec une action en Bourse unitaire supérieure à 100 euros, celle-ci pèserait moins de 300 millions d'euros désormais. Et son cours de Bourse est passé sous la barre des 2 euros l'action au moment où nous écrivons ces lignes, alors que la cotation du titre fut provisoirement suspendue jeudi, après l'annonce du dépôt de bilan.

Alors que Wirecard pourrait faire connaître la même procédure à ses filiales, le procureur de Munich, de son côté, indique avoir procédé récemment à une perquisition du siège de l'entreprise allemande. Il se dit déjà prêt à "examiner tous les recours possibles."

Source : Les Echos