Quelques jours après la suppression pure et simple du réseau social Parler des serveurs d'Amazon Web Services, le site a déposé une plainte contre le géant de Seattle, l'accusant de ne pas mettre tous les services sur un pied d'égalité. Amazon réagit plutôt clairement à ces accusations.
Dans des documents transmis à la justice américaine, Amazon affirme avoir averti des responsables de Parler, près de deux mois avant les violences commises au Capitole, que des propos illégaux, « menaçant la
sécurité publique » étaient diffusés sur le réseau social. Retour sur l'affaire.
Parler.com n'existe plus
Comme un effet boule de neige. La semaine dernière, les manifestations et violences ayant été commises au Capitole ont notamment entraîné la suspension du réseau social Parler, prisé par de nombreux partisans de Donald Trump et des ultra-conservateurs américains.
L'application a été retirée des magasins d'applications iOS et Android avant que Parler.com ne disparaisse simplement et purement d'Internet. La raison ? Dimanche 10 janvier, Amazon, qui met son infrastructure de serveurs à disposition des sociétés en ligne, via sa division Amazon Web Services (AWS), a pris la décision de couper l'accès au réseau. Le site est devenu inaccessible le lendemain, confirmant que Parler n'avait pas été en mesure de trouver un nouvel hébergeur dans les temps.
Dépôt de plainte et bataille politique
Fondé en 2018, Parler a énormément gagné en visibilité et en utilisateurs en 2020, notamment depuis la désactivation du compte Twitter de Donald Trump, devenant pour un temps l'une des applications les plus téléchargées de l'App Store.
Une ascension stoppée en pleine course, donc, poussant le réseau social à s'insurger. Dans la soirée de lundi, les représentants de Parler ont ainsi annoncé avoir déposé plainte contre AWS en demandant à un
tribunal fédéral de forcer l'hébergeur à rouvrir ses serveurs. Dans sa plainte, Parler explique que cette décision lui assène un coup fatal : « Sans AWS, Parler est fini et n'a plus aucun moyen de revenir en ligne ».
Ses créateurs, John Matz et Rebekah Mercer, qui est aussi une importante donatrice du Parti républicain, accusent également Amazon de freiner la liberté d'expression en ligne. « Nous allons tout faire pour trouver un nouveau fournisseur rapidement », a assuré John Matz sur son profil avant la suppression du site, selon Le Monde. Il accuse les géants du Web de mener une « guerre contre la liberté d’expression », soulignant qu'ils « ne
gagneront PAS ! Nous sommes le dernier espoir du monde pour la liberté d’expression et la libre information ».
Amazon aurait prévenu Parler
Dans une lettre envoyé aux représentants du réseau social, dans la soirée de dimanche, Amazon annonçait la suspension de l'accès à ses serveurs
d'hébergement, notamment parce que le réseau social ne modérait pas les « contenus violents ». Un message, obtenu par CNN ce mardi 12 janvier, montrait par ailleurs le contenu des échanges entre Amazon et Amy Peikoff, responsable des politiques du réseau social. Ce dernier contient plusieurs centaines d'exemples de messages extraits de Parler, dans lesquels les membres partagent des propos haineux.
Dans des documents transmis à la cours de justice américaine, Amazon affirme en outre avoir prévenu des responsables de Parler, près de deux mois avant les événements du Capitole, des risques encourus par la
plateforme. « Cette affaire ne concerne pas la liberté d'expression […]. Ce n'est pas une conspiration pour restreindre les échanges. Cette affaire est à propos du refus et de l'incapacité de Parler de supprimer des serveurs Amazon Web Services du contenu qui menace la sécurité publique, comme l'incitation au viol, la torture, l'assassinant de personnalités publiques officielles et de citoyens privés », écrit l'avocat d'Amazon.
Amazon ajoute plusieurs exemples des publications en question. Dans des emails datant de mi-novembre, AWS aurait ainsi demandé à Parler de supprimer des messages à caractère racistes et encourageant au meurtre de Michelle Obama (« Kill 'em All »). Parler aurait alors répondu : « Aussi haineux qu'ils soient, ils ne violent pas nos conditions de services », mettant en avant le Second amendement de la Constitution américaine. Amazon affirme avoir « reporté plus de 100 pièces représentatives du contenu prônant la violence sur Parler ».
L'affaire se règlera donc devant la justice, Parler soutenant qu'il s'agit d'un choix politique de la part d'Amazon et Amazon assurant que Parler bafoue les conditions de service de AWS.
De son côté, le P.-D.G. d'Apple Tim Cook, interrogé par CBS sur de nombreux sujets, a laissé une porte ouverte à un retour de Parler sur l'App Store. « Tout ce que nous demandons, c’est qu’ils respectent les conditions d’utilisation [d'Apple] », a-t-il expliqué.