© Twitter @amisdelaterre
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Les Amis de la Terre, l'ONG qui œuvre à la protection de l'environnement, et la Confédération des Commerçants de France ont mené une action coup de poing, mercredi devant l'Assemblée nationale nationale, pour qu'Amazon soit intégrée au moratoire sur la construction des zones commerciales, dans le cadre de la Loi Climat.

La bataille fait rage entre associations, élus et géants du e-commerce. Alors que le projet de loi portant sur la « lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets », dit « Loi Climat », va être activement discuté ces prochains jours à l'Assemblée nationale, Les Amis de la Terre et la Confédération des Commerçants de France ont livré 577 colis devant les grilles du Palais Bourbon, soit un paquet par député. Le but de l'action est de dénoncer la mainmise d'Amazon et son influence sur la Loi Climat, actuellement en pleine navette parlementaire. Et de pousser les députés à ne pas suivre la volonté du gouvernement sur le sort des entrepôts des acteurs du commerce en ligne.

Les Amis de la Terre saluent un « large front parlementaire » contre le gouvernement et les acteurs du e-commerce

Pour mieux comprendre l'action notamment menée par Les Amis de la Terre, il faut un peu revenir en arrière. Depuis près d'un mois, environ 200 députés multiplient les dépôts d'amendements visant à imposer aux entrepôts e-commerce les mêmes règles qu'aux zones commerciales. En d'autres termes, de nombreux élus souhaitent étendre le moratoire sur la construction de nouvelles zones commerciales aux entrepôts du e-commerce, au nom de la préservation des emplois et de la protection de l'environnement. Le moratoire sur les zones commerciales est pour le moment inscrit à l'article 52 de la Loi Climat.

De nombreux députés se sont réunis, choses rares, malgré leurs divergences politiques profondes. Parmi les dépositaires des amendements, on retrouve ainsi des députés Les Républicains ; Socialistes, France Insoumise, Écologie Démocratie Solidarité, et même 54 élus(es) La République en marche. « Un large front parlementaire » dont les associations et ONG se félicitent, même si cela ne signifie pas que leurs actions parviendront à inverser la tendance.

Car vous l'aurez compris, le gouvernement ne l'entend pas de cette oreille. « Le gouvernement maintient la pression sur sa majorité pour exclure les entrepôts e-commerce du moratoire sur les zones commerciales », dénonce l'ONG Les Amis de la Terre, qui peste contre le fait que les entrepôts des grands acteurs de la vente en ligne n'ont pas à obtenir d'autorisation d'exploitation commerciale pour continuer à s'étendre.

Des associations qui dénoncent les destructions d'emploi, l'impact sur le climat et la fraude à la TVA

Les Amis de la Terre considèrent que la décision du gouvernement « aggrave une inégalité de traitement déjà abyssale et renforce le risque de prise de position d'Amazon en France ». La firme de Jeff Bezos a déjà ouvert 18 projets d'entrepôts, centres de tri ou agences du dernier kilomètre dans l'Hexagone depuis 2017. Et 35 projets seraient évoqués pour les prochaines années, selon l'ONG.

L'association affirme par ailleurs que l'expansion des grands noms du e-commerce a déjà détruit 81 000 emplois nets en France dans le e-commerce non-alimentaire avant même l'éclatement de la crise (entre 2007 et 2018 exactement), selon une étude des économistes Florence Mouradian (OCDE) et Ano Kuhanathan (Ey Parthenon), publiée en décembre dernier. 68 000 emplois supplémentaires seraient aussi menacés d'ici 2028 « si rien n'est fait », rappellent Les Amis de la Terre.

Outre la destruction évoquée d'emplois, la fédération des Amis de la Terre dénonce « l'impact climatique du e-commerce », qui augmente du fait de l'importation de milliards de produits polluants chaque année, des livraisons par avion ou de l'artificialisation. L'association dénonce enfin la fraude à la TVA d'acteurs comme Amazon ou Cdiscount, qui se chiffre en milliards d'euros selon ATTAC.