L’A15 Bionic conserve des cœurs CPU similaires à ceux de l’A14, et un nombre insuffisant d'ingénieurs en serait la raison.
Avant-hier, Apple a dévoilé ses iPhone 13 et iPhone 13 mini, tous équipés du nouveau SoC A15 Bionic, successeur de l’A14. Cependant, pour vanter les performances de sa puce, la marque à la pomme n’a pas utilisé son dernier SoC comme point de référence : elle a surtout ciblé les solutions concurrentes, sans préciser lesquelles, et l’A12 pour ses propres produits. Or, comme son numéro l’indique, celui-ci n’est plus tout jeune. En conséquence, certains estiment que l’A15 ne marque pas le bond en avant auquel la firme de Cupertino nous a habitués entre deux générations. Et ce serait dû à une fuite des cerveaux…
Une partie CPU qui stagne entre l’A14 et l’A15
Commençons par remettre les choses en perspective. Comme l’A14 Bionic, l’A15 Bionic est gravé en 5 nm. Il embarque une partie CPU à 6 cœurs (2 + 4), un GPU à 4 ou 5 cœurs en fonction du produit auquel il se destine et un NPU à 16 cœurs. Sur le papier, mis à part la configuration à 5 cœurs GPU, c’est une copie conforme de l’A14. Bon, l’A15 comptabilise quand même nettement plus de transistors (15 milliards contre 11,8 milliards), ce qui représente une augmentation de 27 %, grâce à une plus grande surface de die.
Comme mentionné plus haut, Apple n’a fait aucune comparaison directe A14/A15. Cependant, il est quand même possible d’estimer les gains.
Un saut générationnel plutôt axé GPU
Pour la version armée d’une puce A15 de l’iPad mini, l’entreprise annonce une hausse des performances CPU de 40 % et GPU de 80 % par rapport au modèle muni d’une puce A12. Or entre l’iPad Air version A14 présenté l’année dernière et l’iPad Air version A12, Apple annonçait à l’époque 40 % d’augmentation des performances CPU et 30 % des performances GPU.
Certes, il est toujours hasardeux d’établir une comparaison directe entre deux gammes de produits. Néanmoins, il semble que pour la partie CPU, les gains soient les mêmes entre le passage de l’A12 à l’A14 et celui de l’A12 à l’A15. En revanche côté GPU, le saut générationnel est de 38,5 %.
En résumé, il semble que la firme de Cupertino a surtout mis le paquet sur la partie GPU et NPU (les 16 cœurs NPU délivrent 15,8 TOPs contre 11 TOPs pour l’A14) ; peut-être au détriment d’avancées notables sur la partie CPU.
Des ingénieurs CPU partis chez Qualcomm et Rivos Inc
Venons-en maintenant au cœur de notre sujet. Selon SemiAnalysis, le fait que le CPU de l’A15 ne profite pas d’un gain substantiel de ses performances comme les GPU et NPU ne serait pas un choix délibéré d’Apple, mais plutôt la conséquence d’un manque de personnel qualifié.
Le rapport stipule : « Il semble qu'Apple n'ait pas beaucoup changé le CPU de cette génération. Nous pensons que les cœurs CPU de prochaine génération ont été reportés à 2022 en raison d’un manque d’ingénieurs CPU ».
Soyez rassurés, les ingénieurs ne se sont pas volatilisés et n’ont pas tous pris leur retraite. Ils ont simplement été débauchés par la concurrence, notamment par Qualcomm pour travailler au sein de la start-up Nuvia, rachetée il y a quelques mois. Qualcomm aurait convaincu plus d’une centaine d’ingénieurs d’Apple de travailler sous la houlette de Gerard Williams, P.-D.G. de NUVIA et anciennement responsable de l'architecture CPU… chez Apple !
Un autre contingent de mutins aurait quant à lui rejoint Rivos Inc, une start-up spécialisée dans l’architecture RISC-V. Ainsi, la roue semble avoir tourné pour Apple : autrefois, la firme à la pomme débauchait allègrement chez Intel par exemple ; désormais, elle devrait à son tour faire face à une fuite des cerveaux.
Source : SemiAnalysis