C'est peu dire que l'Apple Watch s'est faite attendre, les premières rumeurs à propos d'une « iWatch » remontant à 2010. Deux ans après la concurrence, la marque à la pomme espérait pourtant réveiller le marché des montres connectées qui peinait à décoller. Avant son lancement, Tim Cook avait expliqué que l'Apple Watch devait « changer la vie des gens » à l'instar de l'iPhone. Ce devait aussi être la preuve qu'Apple était toujours capable d'innover après la mort de son fondateur Steve Jobs.
Mais avec un prix de base de 399 euros et des éditions spéciales grimpant jusqu'à 11 000 euros, l'Apple Watch a d'abord semblé viser l'univers du luxe et de la mode, avec des publicités évocatrices. Côté applications, Apple avait en revanche pris les devants avec 3 500 applis disponibles avant même le lancement (contre 500 applis au lancement de l'iPhone et 1 000 pour l'iPad).
Un an plus tard, Apple se refuse à livrer des chiffres de vente. Mais selon les estimations d'IDC, 11,6 millions de montres se seraient vendues en 2015 et les ventes devraient atteindre 14 millions d'unités en 2016 et 31 millions en 2020. Apple s'arroge ainsi 49,4% du marché des montres connectées estimé à 72,2 millions de dollars par le cabinet. Beaucoup moins optimiste, Ming-Chi Kuo, analyste chez KGI Securities, voit au contraire les ventes de la montre baisser de 25% cette année à 7,5 millions d'exemplaires.
Ai-je vraiment besoin d'une Apple Watch ?
Car il reste une question qui n'est pas encore très claire pour tout le monde : « Ai-je vraiment besoin d'une Apple Watch ? ». Selon une étude parue fin 2015, 96% des possesseurs de montres connectées s'en servent principalement... pour lire l'heure. Citées en deuxième usage, arrivent les notifications, devant les applications santé. L'Appstore a beau afficher aujourd'hui 19 000 applications disponibles pour l'OS Watch, la plupart sont de simples adaptations de leur version iPhone.Certains développeurs avouent même avoir créé une appli Watch « juste pour garder de bonnes relations avec Apple ». Bref, la montre reste ultra-dépendante de l'iPhone, ce qui bien sûr restreint déjà le marché. Autre grief : la faible autonomie. Apple assure que l'Apple Watch peut être utilisée 18 heures sans recharge, là où la Samsung Gear 2 prétend tenir « 2 à 3 jours ». Non seulement la montre est elle-même gourmande en énergie, mais elle vide aussi la batterie... de l'iPhone.
Face à ces critiques, de nombreux observateurs s'attendaient à des annonces fortes de la part d'Apple lors de sa keynote le 21 mars dernier. La déception a été totale : Apple s'est contenté d'une baisse de prix (ce qui n'est jamais bon signe) et de nouveaux bracelets. Les dernières rumeurs font état d'une « Apple Watch 2 » dévoilée en juin, 20 à 40% plus fine. Une amélioration insuffisante pour relancer les ventes, selon Ming-Chi Kuo, qui mise plutôt sur la version 3 en 2017.
Pas un blockbuster
Quoiqu'il en soit, l'Apple Watch est bien loin d'être un nouveau blockbuster pour Apple, dont l'iPhone reste la vache à lait. La firme à la pomme a encore battu des records de vente au 4e trimestre 2015, avec 74,8 millions d'iPhone vendus, soit 34 000 par heure. En réalité, la montre est encore cantonnée à un public restreint d'aficionados. Selon un sondage de l'agence publicitaire Fluent, 54% des Américains considèrent l'Apple Watch comme un flop. A l'inverse, 77% des possesseurs de la montre assurent que c'est un succès.Il n'en reste pas moins que l'Apple Watch garde un potentiel de croissance sur certaines applications, comme le paiement sans contact via Apple Pay, les serrures connectées (par exemple pour ouvrir sa voiture) ou la santé. C'est d'ailleurs sur ce dernier point que l'entreprise semble vouloir insister. Lors de la keynote du 21 mars, elle a présenté CareKit, un projet open source pour développer des applis permettant de suivre sa maladie... grâce à sa montre connectée. Entre technologie, mode, luxe ou santé, l'Apple Watch est décidément un objet non identifié.
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