La pression judiciaire sur la firme de Mountain View a franchi un nouveau seuil mardi, avec la plainte déposée par le gouvernement et onze procureurs généraux américains.
De l'autre côté de l'Atlantique, le département américain de la Justice et les procureurs généraux de onze États fédérés ont officiellement déposé plainte contre Google, ce mardi 20 octobre 2020, avec comme objectif de mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles et monopolistiques sur les différents marchés de la recherche et de la publicité en ligne.
Le géant a écrasé la concurrence sur les moteurs de recherche et la publicité en ligne
Accusée d'enfreindre les lois antitrust et d'entretenir des monopoles illégaux au travers de ses principales activités, Google doit désormais affronter une plainte déposée par la justice américaine devant un tribunal du district de Colombia, dans ce qui constitue assurément la plus importante procédure antitrust du millénaire ouverte aux États-Unis.
« Aujourd'hui, des millions d'Américains dépendent d'Internet et des plateformes en ligne pour leur vie quotidienne. La concurrence, dans ce secteur, est d'une importance vitale, c'est pourquoi la plainte d'aujourd'hui contre Google, pour violation des lois antitrust, est une affaire monumentale tant pour le ministère de la Justice que pour le peuple américain », a déclaré le procureur général William Barr.
Google, 137 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2019, se voit reprocher d'avoir, au fil des années, mis en place toute une série de barrières et d'obstacles à la concurrence, comme le fait d'imposer son moteur de recherche comme moteur par défaut sur des milliards de smartphones et ordinateurs, en interdisant au passage la préinstallation d'outils concurrents.
Google dans les pas d'AT&T et Microsoft ?
Le département de la Justice considère qu'en ayant limité la recherche web à Google uniquement ou presque, le géant américain a réduit la qualité de la recherche (cela englobe la confidentialité, la protection des données et l'utilisation des données personnelles des consommateurs) et réduit le choix dans la recherche, tout en empêchant l'innovation. Sur le marché de la publication, Google a les capacités de facturer aux annonceurs des montants plus importants que ceux qui devraient théoriquement être facturés, pour la bonne et simple raison que là aussi, l'entreprise a fermé le marché à la concurrence.
Alors qu'un récent rapport parlementaire de la commission de la Chambre des représentants du Congrès américain recommande de procéder au démantèlement des GAFA, la firme de Mountain View a réagi en estimant que la plainte comporte de « graves insuffisances » et que dans tous les cas, les utilisateurs font appel à Google et ses services « parce qu'ils choisissent de le faire, pas parce qu'ils y sont contraints ou parce qu'ils ne trouvent pas d'alternatives ».
Ce qui est en train d'arriver à Google rappelle le dossier que le ministère avait déjà monté contre Microsoft en 1998 avec l'affaire des logiciels non supprimables et de la fermeture des canaux de distribution aux concurrents, ou celui présenté contre l'opérateur AT&T en 1974, qui avait mis fin au monopole téléphonique de l'entreprise.
Source : justice.gov