fitbit_1600.jpg

Dans une lettre adressée à la Commission européenne, l'ONG fait part de ses vives inquiétudes au sujet de l'opération. Elle s'inquiète des risques de violation des droits de l'homme qu'il en découlerait.

Si la Commission européenne a dernièrement obtenu des réponses satisfaisantes de Google sur le rachat de Fitbit, notamment au sujet de l'exploitation des données personnelles collectées par les objets connectés, celle-ci n'a pas encore définitivement donné son aval pour finaliser l'acquisition. Amnesty International en profite pour l'interpeller et réclamer la suspension du rachat, tant que Google n'aura pas prouvé préserver les droits de l'homme.

Amnesty dénonce « l'ingérence sans précédent dans notre vie privée » de Google

Amnesty International a écrit à la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, en charge de la concurrence, Margrethe Vestager, le 27 novembre, pour inviter l'UE à ne pas entériner le rachat de Fitbit par Google, du moins le temps que la firme de Mountain View puisse attester des garanties supplémentaires qui vont au-delà de la simple préservation de la concurrence.

L'organisation non gouvernementale internationale craint que l'opération, estimée à 2,1 milliards de dollars, contribue à étendre encore un peu plus la domination de Google « et de son modèle commercial basé sur la surveillance, dont la nature et l'ampleur représentent déjà une menace systémique pour les droits de l'homme ».

Pour Amnesty International, tout le problème vient du fait que Fitbit génère et détient des données de santé, particulièrement sensibles, données qui vont être acquises par Google. L'ONG veut sensibiliser la Commission européenne en lui rappelant que le modèle de Google est basé sur la récolte, l'analyse et la profitabilité des données des utilisateurs, à grande échelle. Un modèle qui, selon elle, « porte atteinte au droit à la vie privée et menace d'autres droits de l'homme », comme la liberté d'expression, la liberté d'opinion, la liberté de pensée ainsi que le droit à l'égalité et à la non-discrimination, le mouvement allant même jusqu'à parler « d'ingérence sans précédent dans notre vie privée ».

L'ONG demande à l'UE de réclamer des garanties supplémentaires à Google

Si Google avait prévenu la Commission européenne, en juillet dernier, de son intention de ne pas utiliser les données des appareils connectés Fitbit à des fins publicitaires, Amnesty International dégaine un autre argument, reprochant à Google de permettre la communication des données des utilisateurs à travers ses multiples services. Pour l'association, l'acquisition de Fitbit permettrait à la firme de Mountain View « de combiner des données intimes sur notre santé et nos habitudes avec ses ensembles de données existants, afin de renforcer l'ingérence sur les personnes, avec des conséquences dans les domaines de l'assurance, des soins de santé et de l'emploi ».

Les pratiques passées de Google, selon Amnesty International, doivent pousser l'UE à exiger des garanties encore plus strictes que celles avancées par le géant américain, surtout à l'heure où les autorités européennes s'apprêtent à mettre en place une nouvelle réglementation en matière de concurrence.

Amnesty International appelle ainsi la Commission européenne à évaluer les impacts potentiels de la fusion sur les droits de l'homme, et à n'autoriser le rachat que si Google et Fitbit démontrent avoir respecté les droits de l'homme par le prisme de garanties efficaces qui atténueront ces risques sur les droits de l'homme à court, mais aussi à long terme.