Les vélos du Googleplex (© Google)
Les vélos du Googleplex (© Google)

L'Alphabet Workers Union a enregistré plus de 200 signatures. Un début, pour une entreprise qui est en train de découvrir les pratiques syndicales.

La création de l'Alphabet Workers Union (AWU) a été annoncée ce lundi 4 janvier 2021. Pour la première fois de son histoire, le géant américain va devoir composer avec un syndicat. L'Alphabet Workers Union a vocation à rassembler le plus grand nombre de salariés du groupe possible, dont ceux de Google, la filiale star de l'entreprise. Pour l'instant, on compte 227 syndiqués.

Une adhésion ouverte à tous : salariés, intermittents, à temps partiel ou à temps plein

Ouvert aux 120 000 collaborateurs du groupe ainsi qu'à ses sous-traitants, aux salariés à temps plein et aux intermittents, et ce, quels que soient leur rôle ou leur influence, l'Alphabet Workers Union est le fruit de plusieurs années d'organisation et de préparation.

Affilié au Communications Workers of America (CWA), le plus puissant syndicat des télécoms d'Amérique du Nord, il est désormais officiellement constitué et entend défendre les intérêts des salariés du groupe. Le tout dans le cadre du projet CODE, pour Coalition to Organize Digital Employees (campagne pour organiser les employés du numérique).

Dans un communiqué publié en marge du lancement officiel de l'organisation, l'AWU livre déjà ses premières revendications et ses premiers chantiers. Le syndicat promet de défendre les intérêts des collaborateurs, certes. Il promet aussi de protester contre tous les comportements immoraux que la firme de Moutain View pourrait adopter, comme les contrats gouvernementaux contraires à l'éthique, le ciblage militaire des drones ou « les millions de dollars versés aux dirigeants accusés de harcèlement sexuel ». Ici, l'AWU fait référence aux 105 millions de dollars versés au créateur d'Android et à l'ex-numéro 2 du moteur de recherche, qui auraient tous deux été protégés par des actionnaires à l'époque.

Un syndicat qui a du pain sur la planche

L'organisation, premier véritable syndicat au sein d'une grande entreprise technologique, veut faire les choses dans les règles et rapidement se structurer. « Nous élirons des représentants, nous prendrons des décisions de façon démocratique, nous paierons les cotisations et embaucherons des organisateurs qualifiés pour nous assurer que tous les employés de Google savent qu'ils peuvent travailler avec nous s'ils veulent réellement voir leur entreprise refléter leurs valeurs » explique l'Alphabet Workers Union.

Concernant les cotisations syndicales, les 227 premiers employés syndiqués se sont tous engagés à mettre de côté 1 % de leur rémunération annuelle.

Durant les prochains mois, l'AWU mènera un combat d'importance contre la direction du groupe, afin que les intérimaires, fournisseurs et sous-traitants de l'entreprise puissent bénéficier des mêmes avantages et conditions de travail que les employés à temps plein du groupe.

« La seule façon qui permettra aux travailleurs d'être respectés et entendus est l'action collective » rappelle le syndicat, faisant cette fois référence au licenciement sans raison véritable de la chercheuse en intelligence artificielle Timnit Gebru, partisane d'une IA éthique. Ce qui avait provoqué des protestations des travailleurs notamment afro-américains de l'entreprise, qui furent alors victimes d'intimidation, de répression et de licenciements jugés illégaux par l'Alphabet Workers Union.

L'AWU promet d'être « la structure qui garantira que les employés de Google pourront activement faire pression pour de réels changements dans l'entreprise, des contrats à la classification des employés, en passant par les questions de salaire et de rémunération. » Le combat est lancé, mais pour avoir un véritable poids, le syndicat devra gagner en épaisseur et fédérer plusieurs milliers de collaborateurs et/ou sous-traitants.