L'Alliance de la presse d'information générale et Google annoncent leur accord autour de l'épineux sujet de la rémunération de la presse, au titre du droit voisin.
La presse française et Google sont enfin d'accord ! Après plusieurs mois de négociations souvent âpres, des plaintes et des déclarations fracassantes dans les médias, la firme de Moutain View et l'Alliance de la presse d'information générale (APIG), ont annoncé ce jeudi 21 janvier 2021, dans un communiqué de presse commun, avoir signé un accord « relatif à l'utilisation des publications de presse en ligne ». Celui-ci acte de façon définitive la rémunération des éditeurs, sous certaines conditions néanmoins.
Une rémunération sous critères, possiblement conjuguée avec News Showcase
Alors comment cet accord va-t-il se matérialiser ? Dans le détail, il se limite par principe aux membres de l'Alliance de la presse dont les publications sont dites « d'information politique et générale ». Mais la rémunération ne sera évidemment pas la même pour tous les titres qui entrent dans le cadre des accords de licence. Des critères, comme l'audience mensuelle sur le web et le rythme de publication, outre la contribution à l'information politique et générale, aideront à un calcul individuel de la rémunération des éditeurs de presse.
« Après de longs mois de négociations, cet accord est une étape importante, qui marque la reconnaissance effective du droit voisin des éditeurs de presse et le début de leur rémunération par les plateformes numériques pour l’utilisation de leurs publications en ligne », s'est notamment satisfait le patron du groupe Les Échos - Le Parisien et président de l'AGIP, Pierre Louette.
Ces accords de licence couvriront donc les droits voisins, mais pas que ! Souvenez-vous, cet automne, la société au moteur de recherche avait annoncé la création de Google News Showcase. Cet outil mondial, destiné à soutenir financièrement certains médias, doit permettre aux lecteurs d'accéder à un contenu enrichi, sous la forme d'un espace qui met en avant les articles dits « de qualité », dans le but de créer une expérience de presse en ligne nouvelle.
L'AFP et le SEPM, acteurs importants de la presse française, n'ont pas encore obtenu satisfaction
L'APIG, qui compte actuellement 283 membres (parmi lesquels Le Monde, Le Figaro, Ouest France, Les Échos ou La Provence), et Google, avaient déjà annoncé, en octobre dernier, avoir fait des avancées significatives pour l'adoption de ce principe de rémunération des éditeurs posé, rappelons-le, par la directive européenne sur le droit d'auteur. « Nos discussions […] pourraient permettre de valider les principes clés d'un accord basé sur des critères d'audience, de non-discrimination et de contribution à la production d'information politique et générale », déclarait ainsi Google le 7 octobre 2020.
Aujourd'hui, l'entreprise affirme, par le biais de son directeur général France Sébastien Missoffe, que l'accord conclu le 21 janvier « est une étape majeure pour Google ». Le dirigeant ajoute qu'il « ouvre de nouvelles perspectives » pour les partenaires du géant américain, « heureux de contribuer » au développement des éditeurs de presse et de « soutenir le journalisme ».
Née de l'union de quatre syndicats historiques eux-mêmes issus de la pression quotidienne régionale, la fameuse « PQR », l'APIG avait déposé plainte le 7 septembre dernier devant l'Autorité de la concurrence, qui a finalement su déterminer un cadre définitif en ce début d'année 2021.
On notera tout de même que certains organes de presse, comme l'Agence France-Presse (AFP), qui négocie toujours avec Google, ne bénéficieront pour l'instant pas de cet accord, tout comme le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), qui s'était d'ailleurs associé à l'AFP pour déposer plainte devant l'Autorité de la concurrence en septembre dernier.
Source : communiqué de presse