Capture d'écran du New York Times (© Alexandre Boero pour Clubic)
Capture d'écran du New York Times (© Alexandre Boero pour Clubic)

Mark Thompson a surpris son monde en déclarant, jeudi, qu'une réglementation trop restrictive envers les géants du numérique aurait de fâcheuses conséquences sur les éditeurs.

Les représentants de Google et Facebook seront entendus, le 27 juillet, par la Chambre des représentants des États-Unis au même titre que ceux d'Apple et Amazon pour s'expliquer sur les soupçons de pratiques anticoncurrentielles qui les concernent.

Ces auditions devraient permettre au Congrès de faire des propositions législatives de régulation du marché numérique, et donc d'un renforcement de la réglementation encadrant les pratiques des GAFA. Or, cela n'est pas forcément bon signe pour Mark Thompson, le président-directeur général du New York Times, qui a un avis bien tranché sur la question.

Le patron du NYT redoute un conflit entre les éditeurs et les géants du numérique, sur fond de revenus publicitaires

Pour le patron du prestigieux quotidien américain, mettre au point une réglementation qui viserait à résoudre les problèmes de l'industrie de l'information portée sur le Web par Google et Facebook pourrait avoir des conséquences néfastes. Il évoque ainsi une sorte de nécessité à être raisonnable envers les grandes plateformes numériques.

Sans le dire de cette façon, Mark Thompson semble vouloir nous faire comprendre que le mal est fait et qu'il faut désormais se contenter de gérer la situation. Il explique par exemple que si une agence de presse devient trop dépendante de la publicité numérique, elle entre alors en confrontation avec les géants du numérique, qui ont leur propre régie publicitaire, Google Ads pour la firme de Mountain View, Facebook Ads pour celle de Mark Zuckerberg. Celles qui n'ont pas de marques ni de contenus distinctifs auraient alors particulièrement du mal à lutter financièrement contre les géants.

Pour Thompson, une ingérence politique et/ou réglementaire ne peut avoir que des conséquences négatives à plus ou moins long terme

Pensant forcément à l'exemple français, qui a imposé à Google de rémunérer les éditeurs pour leurs contenus, ou au cas de l'Australie, où l'on exige de Facebook un partage des revenus publicitaires avec les médias locaux, le P.-D.G. du New York Times juge « raisonnable » l'examen réglementaire des grandes plateformes par les autorités étatiques. Mais il décèle aussi un risque d'offrir, en conséquence, un pouvoir et un contrôle trop importants des régulateurs sur les médias.

« À mon avis, plus nous pouvons amener les principales plateformes à travailler bilatéralement et volontairement pour aider à soutenir le journalisme à tous les niveaux, mieux ce sera », précise Mark Thompson, qui martèle que l'ingérence politique et/ou réglementaire ne peut être que négative à long terme.

De l'autre côté de l'Atlantique, Facebook paie le New York Times ainsi que d'autres médias pour diffuser des contenus depuis la partie News de l'application. Le mois dernier, le NYT avait tapé du poing sur la table en annonçant mettre fin à son partenariat avec Apple News, au motif que la firme à la pomme ne rémunérait pas suffisamment l'éditeur.