Aux États-Unis, Google fait l'objet d'une nouvelle plainte, cette fois pour avoir vendu les données de ses utilisateurs par le biais du mécanisme des enchères publicitaires.
Google a-t-elle abusé de la confiance et des données de ses nombreux utilisateurs ? C'est ce que prétend le cabinet d'avocats qui a déposé une plainte collective sur le bureau du juge du tribunal de district des États-Unis pour le district nord de la Californie, à San Jose. Les deux plaignants, Benjamin Hewitt et Kimberley Woodruff, sont intimement convaincus que la firme de Mountain View a partagé leurs données personnelles lors des enchères publicitaires en temps réel.
Des enchères profitables en données aux annonceurs, qu'ils les remportent ou non
Ce que les demandeurs à l'affaire incriminent, c'est le système des enchères en temps (Real Time Biding ou RTB), qui permet aux annonceurs de faire leurs offres pour remporter l'affichage de la publicité ensuite affichée dans les sessions de navigation des utilisateurs, souvent avec l'objectif de générer du clic, de l'impression, voire de la conversion, ou des vues s'il s'agit de publicités au format vidéo.
Durant le processus, les entreprises captent certaines données jugées sensibles des utilisateurs, qu'elles remportent les enchères… ou non, et même lorsqu'elles sont engagées en sachant très bien qu'elles ne remporteront pas le positionnement de l'annonce.
Les plaignants indiquent que si leurs deux noms sont rattachés au recours, ils y associent tous les titulaires d'un compte Google basés aux États-Unis, « dont les informations personnelles ont été vendues ou divulguées par Google sans leur autorisation », est-il noté dans la plainte disponible à la lecture en source ci-dessous.
1,3 million d'éditeurs peuvent potentiellement capter les données des utilisateurs, rien qu'aux USA
Pour les demandeurs, Google rompt ses promesses des milliards de fois par jour. Avant de déposer définitivement leurs recours, ils avaient engagé un professeur réputé, issu de l'université Northeastern, Christo Wilson. Ce dernier est parvenu à identifier 1,3 million d'éditeurs ou de courtiers prenant part aux enchères publicitaires de Google. « Chacun de ces éditeurs est un destinataire potentiel des données de Google RTB », indique la plainte. Et cela comprend les informations personnelles que Google promet, pourtant, de ne pas partager.
Ce procès donne un nouvel écho à la missive du sénateur démocrate américain Ron Wyden, adressée en juillet dernier au régulateur de l'Oncle Sam, la Federal Trade Commission. Dans sa lettre, il évoquait les données « siphonnées » par les entreprises, comme celles liées à la localisation ou à la navigation, « ensuite vendues par des courtiers en données à des fonds spéculatifs, des campagnes politiques et même au gouvernement, sans ordonnance du tribunal ».