Suivant les recommandations de plusieurs entreprises européennes de télécommunications, l'Union européenne se penche sur la possibilité de faire contribuer les principaux acteurs américains au financement des infrastructures.
Ce changement de politique constituerait une entorse au principe de neutralité du Net consacré par la justice européenne et qui, sans surprise, est contesté par les entreprises concernées. Google a notamment vivement critiqué cette idée, la jugeant dépassée et estimant qu'elle pourrait avoir un impact réel sur les internautes européens.
6 entreprises utilisent 50 % de la bande passante mondiale
Le lobbying de Deutsche Telekom, Orange ou encore Telefonica, entre autres grands opérateurs européens, a, semble-t-il, fini par payer. Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur a en effet annoncé début septembre que l'UE lancerait à partir de 2023 une consultation visant à déterminer si les géants de la tech américains devaient ou non payer leur part dans l'entretien et le développement des infrastructures de télécommunications. Une idée justifiée par une raison simple : 6 entreprises américaines (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et Netflix) utilisent plus de la moitié de la bande passante du monde.
Les opérateurs souhaitent donc que ces entreprises ne puissent plus profiter gratuitement de leurs infrastructures, surtout que certains des services qu'elles proposent, comme les plateformes de SVoD, les concurrencent directement. C'est là un avantage concurrentiel non négligeable et inacceptable selon l'ETNO, le lobby européen des télécoms.
Une idée obsolète et inefficace selon Google
Bien entendu, les firmes américaines contestent ce possible changement de politique. Google a ainsi expliqué par la voix de Matt Brittin, son président des opérations, qu'un tel revirement mettrait en péril la neutralité du Net européenne, et serait injustifié et dommageable pour les consommateurs. L'idée, selon lui, était déjà évoquée il y a plus de 10 ans, et aucun changement depuis ne justifie qu'elle soit remise au goût du jour.
Injustifié, car Google investit déjà des milliards dans les infrastructures. Simplement, pas dans celles des opérateurs. En effet, en créant des data centers dans plusieurs pays européens, Alphabet (la maison mère de Google) prend, selon elle, déjà en charge 99 % du coût du trafic. Et dommageable, car la proposition de faire payer les acteurs ne concerne que les plus gros d'entre eux. Et sans contrepartie comme une préférence des FAI pour leurs services ou une répercussion du coût sur les consommateurs, il serait difficile de les y contraindre.