© Handelsblatt
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La Russie, qui fait actuellement face à de nombreuses sanctions économiques et commerciales, cherche à développer son marché local. Une entreprise ambitionne ainsi de produire 100 000 smartphones et tablettes, mais le défi aura du mal à être relevé.

Les États-Unis – par l'intermédiaire de Google – et la Chine risquent de grandement entraver les projets d'appareils connectés conçus sur le territoire russe.

100 000 appareils prévus pour le marché local

On ne compte plus le nombre d'entreprises étrangères à avoir cessé ou drastiquement réduit leur activité en Russie suite à l'invasion de l'Ukraine. Isolée, la Russie cherche donc de quoi compenser ces départs, qui se traduisent notamment par l'absence d'appareil à vendre.

C'est avec cet état de fait en tête que la National Computer Corporation (HKK en cyrillique), une entreprise technologique moscovite de quelques milliers de salariés, a annoncé vouloir produire 100 000 smartphones et tablettes à destination du marché russe d'ici la fin de l'année. Alexander Kalinin, fondateur et dirigeant de la HKK, a déclaré que l'entreprise comptait investir 132,9 millions de dollars (10 milliards de roubles) et ainsi acquérir 10 % du marché d'ici 2026.

Les appareils seraient dotés du système d'exploitation Android, qui, en théorie, est distribué en open source sous licence Apache. L'idée est donc de répondre à l'embargo instauré par les États-Unis, qui empêche toute exportation d'appareils électroniques coûtant plus de 300 dollars vers la Russie.

Les chances de réussite sont faibles

Si l'ambition est présente, les chances de voir l'initiative fonctionner sont faibles. L'annonce intervient en effet au moment où Google déploie le blocage des applications Android payantes en Russie, et ce n'est qu'un obstacle supplémentaire. En effet, Google pourrait ne pas l'entendre de cette oreille et ne pas laisser HKK utiliser la licence complète selon Jan Stryjak, directeur associé en analyse chez Counterpoint Research.

De plus, la concurrence venue de Chine est extrêmement rude, avec des appareils peu coûteux, fonctionnels et surtout disponibles. La Russie échange librement avec son voisin, et autant dire qu'en matière d'expertise, d'infrastructures, de partenariats commerciaux mondiaux et de main-d'œuvre, la Chine écrase la Russie.

Difficile alors d'imaginer que HKK puisse décemment rivaliser en lançant une production majoritairement locale, d'autant que la fabrication des composants et mondialisée, et que la Russie est actuellement isolée en raison de divers embargos. Des projets existent et de nombreuses entreprises cherchent à obtenir des subventions, mais le retard technologique est si important qu'il faudrait des années pour que la Russie se mette au niveau et acquière un poids suffisant, selon les analystes.

« Honnêtement, et pour autant que je sache, cela ressemble à un coup de pub », a déclaré Karen Kzaryan, directrice générale et fondatrice de l'Internet Research Institute au micro de Wired.

HKK sera probablement en mesure de fabriquer les smartphones et les tablettes annoncés, mais les observateurs pensent qu'il ne pourra s'agir que d'appareils bas de gamme, dotés de puces chinoises moins performantes que celles qu'on retrouve habituellement dans nos terminaux. En l'état, difficile d'imaginer que les utilisateurs russes se tournent vers ces appareils, dont les prix de vente devraient se situer entre 130 et 400 dollars.

Source : Wired