Kirin 990

En fin de semaine dernière, les États-Unis frappaient un grand coup en contraignant le Taïwanais TSMC à ne plus livrer de SoC pour Huawei et sa filiale Hisilicon, chargée de la conception des puces Kirin. Dans le même temps, on apprend que le Chinois SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corp) a entamé la production en masse de processeurs gravés en 14 nm. Des puces gravées en priorité… pour Huawei.

Face au durcissement attendu des sanctions américaines, et alors que l'administration Trump renforce la pression exercée sur les différents acteurs de l'industrie (dont TSMC), la Chine compte bien s'adapter. Portée par les investissements consentis par Pékin, SMIC pourrait rapidement devenir un fabricant de semi-conducteurs incontournable. Dans l'ombre de TSMC et Samsung, ténors du secteur, le fondeur était pourtant peu connu il y a encore quelques mois.

Des Kirin 710A gravés en masse pour soutenir Huawei à court terme

Comme le note ExtremeTech, SMIC a entamé la production en masse de SoC Kirin 710A pour le compte de Huawei. Ces puces sont basées sur le protocole de gravure en 14 nm FinFET du fabricant chinois. Il s'agit d'un virage important pour Huawei, puisque ce Kirin 710A est le premier SoC à sortir d'une autre usine que celles de TSMC. Gros tournant également pour SMIC, qui se lie ainsi à l'un des plus gros fabricants de smartphones au monde.

Sur le plan technologique, rien d'exceptionnel en revanche : le Kirin 710A s'annonce comme une simple déclinaison du Kirin 710 lancé en milieu d'année 2018, et gravé en 14 nm par TSMC. Il embarque quatre cœurs Cortex A73 et quatre cœurs Cortex A53. Le procédé 14 nm est pour sa part ancien, puisqu'il est utilisé par Intel depuis 2014.

C'est avant tout le passage à une production 100% chinoise qui marque les esprits. Elle devrait servir de béquille à Huawei pour s'adapter au durcissement des sanctions américaines à son égard. Le Kirin 710A pourra en effet être produit en masse et équiper de nombreux smartphones milieu de gamme commercialisés en Chine… un marché sur lequel Huawei est forcée de se replier au moins en partie depuis quelques mois. Pour maintenir sa position de leader, le géant chinois devra toutefois rapidement trouver des alternatives à TSMC pour graver des puces haut de gamme, plus performantes.

SMIC : une progression éclair

Reste que SMIC a de l'ambition. La firme annonçait récemment avoir pour projet de lancer en fin d'année 2020 ses premières puces gravées en 7 nm. Un bond technique considérable pour le groupe, jusqu'alors focalisé sur des techniques de gravure plus anciennes, et fatalement moins compétitives.

En profitant des subventions allouées par les autorités chinoises (que l'on imagine généreuses au regard du contexte politique actuel) et de l’expertise des ingénieurs de son nouveau partenaire Huawei, SMIC pourrait parvenir à rejoindre le rang des fondeurs les plus avancés technologiquement.

Pour l'heure, seules trois firmes sont capables de produire des processeurs en 10 ou 7 nm : Intel, TSMC et Samsung. Les deux dernières vont même plus loin en s'apprêtant à généraliser la gravure en 5 nm. Un palier que SMIC n'est cependant pas prêt à franchir dans l'immédiat.

Source : ExtremeTech