Huawei

Une commission parlementaire aurait en main les éléments prouvant les liens étroits entre la firme de Shenzhen et Pékin, éléments qui justifieraient un retrait du géant de son réseau 5G encore plus tôt que prévu.

Depuis l'éclatement de la crise entre Huawei et les États-Unis en 2019, puis entre Huawei et la plupart des puissances occidentales, beaucoup pointent du doigt le manque de preuves dans les imputations portées à l'encontre de la société chinoise, accusée de s'adonner à de l'espionnage pour le compte du renseignement de l'empire du Milieu. Cette fois, des parlementaires britanniques affirment détenir « des preuves solides » sur le rôle que joue la firme auprès du gouvernement chinois.

Un retrait anticipé au Royaume-Uni ?

La commission parlementaire britannique portant sur la défense a déclaré, jeudi 8 octobre, détenir des preuves claires du travail effectué par Huawei pour le compte de l'État chinois. Fort de ces éléments, le président conservateur de la commission Tobias Ellwood a déclaré que « l'Occident doit s'unir de toute urgence pour faire contrepoids à la domination technologique de la Chine ».

Pour lui, « nous ne devons pas abandonner notre sécurité nationale au nom du développement technologique à court terme ». Un discours maintenu depuis plusieurs mois outre-Manche, où l'on avait déjà décidé du retrait de l'équipementier Huawei des réseaux 5G.

Ce retrait, qui est officiellement prévu pour 2027, pourrait intervenir encore plus tôt. L'évolution de l'affaire et les preuves détenues pourraient justifier d'examiner un retrait pour 2025, dans moins de cinq ans donc.

Les preuves manquent toujours, Huawei dénonce un comportement basé sur une opinion, non sur des faits

La commission britannique se garde bien, du moins pour l'instant, de préciser la nature exacte des liens entre Huawei et le gouvernement chinois, et aucun élément n'a pour le moment été rendu public. Mais les parlementaires de la Reine affirment bien avoir des preuves solides qui attesteraient de l'entente entre la firme de Shenzhen et le régime, qualifiant au passage l'entreprise d' « appareil du Parti communiste chinois ».

Face au comportement britannique et aux affirmations distillées, Huawei nie toute collusion avec le gouvernement chinois. Le fabricant de smartphones affirme que le rapport « se fonde sur une opinion, plutôt que des faits ». Du côté de Huawei, on se dit même « certains que les gens comprendront que ces accusations d'entente sont sans fondement et qu'ils se rappelleront plutôt des investissements de Huawei en Grande-Bretagne durant les vingt dernières années », a réagi un porte-parole de la société, déjà écartée des sites sensibles de défense et de sécurité nationale britanniques.

La commission parlementaire propose, de son côté, de créer une alliance des dix plus grandes démocraties du monde, dans le but de « fournir des alternatives à la technologie chinoise et de lutter contre la domination technologique des États autoritaires ».

Qu'en pense-t-on chez Clubic ?

C'est reparti pour un tour, demandez l'programme ! Voilà que les invectives contre Huawei reprennent, alors que l'on se dirige vers la fin d'une année 2020 qui aura vu le géant des technologies chinois être sévèrement bousculé par un Occident qui a clairement été dépassé par le développement ultra-rapide de l'entreprise et sa « presque » prise de pouvoir (l'expression est moche, oui !) sur le marché des smartphones. Le plus criant dans cette histoire, c'est que malgré toute la bonne volonté des puissances américaines, britanniques ou encore françaises, les preuves des liens entre Pékin et Huawei n'ont toujours pas été dévoilées. Elles seules, si et seulement si elles existent, prouveraient et à la presse, et à l'opinion, que ces invectives sont justifiées. Plus d'un an après l'éclatement de la crise, c'est toujours le flou qui domine.