Les États-Unis commencent à se faire une raison. L'impact technologique de la firme chinoise sur la 5G est tel que les autorités ont daigné relâcher (un peu) la pression.
Nous n'irons pas jusqu'à évoquer un retournement de situation en faveur de Huawei, mais les États-Unis ont consenti à desserrer l'étau autour de l'équipementier, pour le bien du développement de la 5G sur son territoire. Le département américain du Commerce a publié, lundi, un ajustement de sa réglementation interdisant l'usage et l'accès aux équipements Huawei.
Un recul des restrictions intéressé des États-Unis
Précisons d'emblée que l'assouplissement des autorités américaines ne concerne que le travail portant sur les standards technologiques mobiles, la 5G en tête. Huawei reste bien sur la liste noire du pays. « Les États-Unis ne céderont pas le leadership de l'innovation mondiale », préfère prévenir le secrétaire américain au commerce, Wilbur Ross. « Le ministère est déterminé à protéger la sécurité nationale des États-Unis et les intérêts de la politique étrangère en encourageant l'industrie américaine à s'engager pleinement et à plaider pour que les technologies américaines deviennent des normes internationales ».
La concession des USA envers Huawei n'est donc ni diplomatique, ni purement généreuse, mais bien intéressée. Le développement du réseau 5G américain a, en grande partie, été porté par la firme de Shenzhen et ses équipements. Huawei a, ces dernières années, conquis et imposé son statut d'équipementier mondial télécoms numéro 1, ce qui lui offre un poids naturel, avec des opérateurs américains pour beaucoup dépendants de ses technologies.
Jusqu'à maintenant, maintenir l'empêchement des entreprises américaines à travailler avec des technologies Huawei aurait pu constituer un obstacle au développement des futures technologies couvertes par la 5G, comme le véhicule autonome, la santé, la robotique ou l'échange de données à grande vitesse.
Les entreprises américaines pourront faire sans licence d'exportation
Si le boycott continue, ce qui va changer à présent, c'est que les entreprises américaines vont profiter de l'autorisation accordée par les autorités pour partager des informations sur leurs technologies avec Huawei. Elles pourront ainsi développer des normes communes, sans qu'il soit nécessaire d'obtenir une licence d'exportation.
Il y a un mois, Washington avait pris une décision conduisant au blocage de l'approvisionnement en puces à destination de Huawei, provenant d'entreprises américaines, ces dernières ayant justement besoin d'une licence d'exportation pour vendre à la société chinoise. Désormais, elle n'est plus nécessaire.
Exclue des réseaux canadien, australien, néo-zélandais et, peut-être prochainement, des réseaux britannique et français, la firme de l'empire du Milieu ne tourne ainsi pas à pleine régime. Et même en Chine, le leadership de Huawei est contesté. Nokia et Ericsson ont signé plusieurs contrats 5G dans le pays, avec différents opérateurs de télécommunications locaux.
Source : Business Standard